arch/ive/ief (2000 - 2005)

Aujourd'hui, à 14h, se tenait une conférence de presse où nous avons pu rencontrer notamment Colette Moulaert, un des médecins belges présent à Bagdad. Issue d'une famille de résistants où l'on ne parlait pas de la guerre, fondamentalement, ce « besoin de savoir » l'a amenée à partir là-bas.
Arrivés trois jours avant les premiers bombardements, elle a pu observer la qualité des services de santé, ceux-là même qu'on dénigre aujourd'hui que les hôpitaux sont à court du matériel le plus élémentaire. Elle souligne d'ailleurs le fait que « les travailleurs de la santé irakiens ont fait un boulot incroyable ».
Les enfants sont les principaux touchés par cette guerre : anémiques faute de viande et de légumes, les membres amputés par les bombes à fragmentation qu'ils prenaient pour des jeux, des familles décimées,… . « Je voudrais qu'on sache qu'il n'y a pas qu'Ali. Des enfants comme lui, il y en a des milliers. Ils ont appris la peur et la haine. »
Elle souligne également l'apathie des G.I.'s, dont la plupart ne connaissent pas les vraies raisons de leur présence là-bas, ou sont trop « shootés » que pour s'en rendre compte. Dans leur bouche, les discours de la propagande américaine « à part les trucs qu'ils devaient sortir, rien ! ». Complices aveugles des pillages, ils laissent le chaos envahir les rues. Alors, la résistance s'organise : les hommes mettent en place des milices de quartier tandis que les femmes s'occupent de cantines, les banques du sang fonctionnent,… « La résistance, on ne la voit pas que dans les hôpitaux, la résistance, elle est partout ! »
De retour ici, après avoir vu tant d'aberrations, elle confie « C'est la première fois que j'ai vécu quelque chose de si dur. Quand je voyais les yeux des enfants, que j'entendais les bombardements, à chaque fois, je me disais que c'était peut-être des armes qui avaient transité par le port d'Anvers, ou qui avaient survolé la Belgique… ». A méditer…