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Y aura-t-il un Disney NOCHES à Bagdad?
by Marie-Françoise VDB Thursday April 17, 2003 at 03:47 PM
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Un petit texte d'inspiration libre sur l'envahissement d'une certaine culture américaine dans la vie de tous les jours.

Italie. Toscane. Certaldo Alto. Le 31 mars 2003.

Des vergers et des vignes à perte de vue. Des plantations d'olivier au regard argenté. Et midi qui sonnait dans l'air silencieux et ensoleillé. Il faisait déjà soif, et bien loin de là, plusieurs jours auparavant, l'innommable s'était produit. J'aurais donné ma vie pour un cruchon de vin toscan, pour une salade de tomates du pays, pour un peu de pain frais. Quand, soudain, mon attention se fixa sur un touriste - un routard, comme nous - attablé, pique-niquant d'un sandwich ou d'une tartine...

Devant lui une bouteille géante de coca-cola.

J'étais dans le pays du vin et de l'aqua minerale frisante, des drapeaux pour la paix, des croissants au chocolat, à la crème, des petits cafés bien serrés. Et j'étais bien décidée à boire et manger italien, moi qui respirais un des airs les plus anciens de ma petite Europe - j'aurais l'occasion, le soir, de visiter une ancienne cité étrusque, oubliée des touristes et délicieusement, adorablement nostalgique - et voilà que devant moi, il y avait cette horreur, détonnant dans un cadre médiéval, une bouteille de plastique rouge, pleine d'un liquide brun... Bouteille dont nous avalons le contenu sans plus réfléchir à ce que nous buvons. Avec ou sans sucre, avec ou sans caféine, cette bouteille, omniprésente, héroïne d'un film cependant adorable, tombée du ciel chez les Bochimans, déversée par millions sur les écrans du monde, honnie et adorée, je ne voyais plus qu'elle...

Toute la journée, nous avons continué notre périple. Nous chercions une station de radio qui nous plaise. L'Italien chantait un peu partout - et je n'y comprenais pas grand-chose; pourtant, comme jamais, la langue italienne m'a paru, ce jour-là, comme un lien merveilleux entre le français et le latin dont nous sommes issus tous deux. Je naviguais sur les ondes, et sur un poste, sur l'autre, sur un troisième, toujours de la musique, et des chansons en anglais... Et peut-être pas du meilleur...

Pour s'entendre et se comprendre, faudrait-il bientôt, en Orient comme ici, recourir à un anglais approximatif et balbutiant? Car faute d'avoir appris l'italien, et comme nous avions épuisé toutes les mimiques d'un vrai discours de sourds-muets, nous tentions enfin de nous entendre mutuellement, les Toscans et nous, en anglais.

M'aura-t-il fallu cette guerre indigeste et indigérable dans le Golfe pour réaliser à quel point nous sommes inondés de produits Outre-Atlantique? Et à quel point nous finissons par faire fi de notre propre passé? De notre propre fierté?
Parce que j'étais dans un pays dont la culture remonte à l'Antiquité? Là-bas, à Bagdad, entre le Tigre et l'Euphrate, l'aventure humaine était encore plus ancienne. Risquerait-on de voir le patrimoine de l'humanité, le contenu des musées et des bibliothèques, brûler, comme à Sarajevo, comme à Louvain, comme à Alexandrie, il y a bien plus longtemps encore? Etait-ce un moindre mal que toutes ces vies humaines, indifféremment fauchées? Ou cet anéantissement d'une culture viendrait-il s'ajouter, en fait d'horreur, au passif de toute guerre?

Pour ceux qui restent, dans ce Croissant dit fertile, le coca-cola coulera-t-il désormais à la place de l'eau fraîche?
Et tout comme nous avons eu notre Euro Disney, leurs mille et une nuits se métamorphoseront-elles en manèges, en parcs de jeux à l'architecture crème-glacière?

Depuis ce jour, je vomis mon trop-plein de culture anglo-américaine inconsciemment ingérée. Saturation! Quand tu nous tiens...

Le coca-cola, la guerre, Disney, c'est trop !
Trop ! Trop ! Trop ! Mille fois trop.
Le dinosaurus qui est en moi crie sa révolte et sa lassitude.
Je vais apprendre l'italien, manger des tomates crues, songer à la Mésopotamie...
Refouler Cruella et ses innombrables soeurs jumelles dans le néant qu'elles n'auraient jamais dû quitter...

Je veux, sans y croire, vivre libre et penser à l'encontre du tout-à-penser, même si l'on attend de moi que je pèse le pour et le contre et que je nuance, pas la couleur, rien que la nuance !

Mickey, Donald et Pikachu
by Luc Friday April 18, 2003 at 01:46 PM

Ils y étaient déjà avant l'invasion des dessins fleuraient les murs mêmes de Saddam City. Nous ça nous pète aux yeux, mais pour les enfants là-bas c'est valide et valable