Tentations

Tu te souviendras probablement de moi ... Voici pourquoi je t'écris : j'ai quelques petits soucis – comme d'hab'– et je n'arrive pas à trouver réponse à une question bien précise que je me pose (À quelle sauce vais-je être mangé ?) et puisque toi, du moins je le crois, devrais pouvoir m'éclairer, je me tourne donc vers ta lumière... Voilà : Sibelgaz est venu me couper le 19/03 dernier —je leur devais décidément trop de sous—, bon, au début ça allait, c'était le printemps, mais la semaine passée c'était de 3 à 8° en journée et jusque moins huit la nuit, chez moi il faisait cinq degré ; j'ai craqué, suis descendu à la cave, j'ai fait sauter leur scellé et j'ai rebranché le bazar (j'ai pris à cette occasion, la meilleure douche de toute ma vie !) que va-t-il m'arriver ? Prison ? — non quand même pas...— Une amende alors ? (et vers quelle somme tu crois ?)...

Deuxièmement : Lorsque je serai convoqué au tribunal, consentiras-tu à jeter un œil sur mes conclusions afin de me conseiller (J'ai 700€/mois au chômage et il paraît que je suis trop riche pour avoir droit au prodéo... —ben merde alors !)

—À par le fric— je me porte à merveille... J'espère qu'il en va de même pour toi.

Amicalement,
Pierrot

J'ai bien reçu ton mail, comme tu vois… Juste au moment où je le lisais, je lisais aussi un article du Knack.

Pour le plus grand succès du Vlaams Blok aux prochaines élections, ce qu'il a vraiment l'air d'avoir pour but, l'hebdomadaire Knack raconte les différentes manières dont le commissaire en chef de la police et quelques échevins de la bonne ville d'Anvers, tous issus des "partis traditionnels", se sont offerts de petits cadeaux avec des cartes visa de la ville d'Anvers, et d'agréables compléments de salaire de l'ordre des 620 euros par mois provenant d'ASBL obscures subsidiées par la ville d'Anvers. Pour la petite histoire, l'enquête note que deux d'entreles dignes cinquantenaires inculpés ont fait sur leur carte visa de la ville d'Anvers, l'achat d'une petite robe de marque, dans le style de celles qu'on voit chez Ariel pour Giulia à Liège, et pas la taille 46 comme pour leur collègue Leona Detiège. Etant donné que plus c'est petit, plus c'est cher, ça peut aller chercher dans les 500 euros en création originale. Ceci dit, il faut quand même préciser, pour être juste, que les cartes visa de la ville d'Anvers ont aussi servi à financer des excursions plus familiales dans de charmants hôtels tranquilles. Pourtant, conclut le Knack, avec un salaire brut de quelques 120 000 euros par an, augmenté d'indemnités et de toutes sortes de primes, on n'est pas précisément dans le besoin. Voyons voir. 120 000 euros, c'est 4 840 788 francs belges. Mettons qu'une fois que le fisc vorace est passé, il en reste la moitié, y compris les indemnités et les primes. Au fond, c'est vrai: à ce niveau-là, on n'est pas cent pour cent obligé de faire offrir les petites robes Dona Karan New York par la ville d'Anvers.

Ce lisant, je propose que, pour le plus grand bien des finances de nos villes et communes, et pour améliorer sensiblement la qualité de la vie de tous les habitants, on n'admette plus comme éligibles ou nommables aux hautes fonctions, que le modèle de la personne démunie en bonne voie de réintégration, tel que nous l'esquissent, nous le répètent et nous l'assènent aussi bien le CPAS, l'ONEM, le FOREM, les ASBL de réintégration sociale, les ASBL de médiation de dettes que les avocats pro-deo. A savoir, un chômeur complet indemnisé de longue durée à 700 euros par mois qui sait rester par 5°C à contempler un scellé sur sa source d'eau chaude et qui n'y touche pas avant qu'il n'ait remboursé par tranches de 50 euros mensuels les 500 euros qu'il doit à la société de gaz. Remarque: c'est marrant, ça fait tout juste une petite robe DKNY.

arch/ive/ief (2000 - 2005)