arch/ive/ief (2000 - 2005)

Newroz de guerre au Kurdistan en turquie
by Phoenix Wednesday April 09, 2003 at 05:05 PM

compte rendu de la delegation italienne au kurdistan en turquie

21 mars 2003 : NEWROZ de guerre au Kurdistan.
La guerre dedans et contre : nouvelles et comptes rendus de la délégation des observateurs italiens en Turquie.

-Environ ½ million de personnes à Diyarbakir pour la paix et les droits des Kurdes.

-Autorisée au dernier moment, éloignée de la métropole kurde d'une quinzaine de kms, assiégée par des postes de police où on confisquait tous les drapeaux et les couleurs kurdes même aux enfants, la grande manifestation de Newroz s'est tenue à Diyarbakir. Il y avait assurément au moins 500 000 personnes, peut être plus. Une dizaine d'observateurs italiens et européens ont participé, ouvrant aussi, malgré quelques tensions avec la police turque, une banderole pour la paix. Il faut rappeler que Diyarbakir est aussi l'avant-poste et l'aéroport de guerre des alliés contre l'Irak.
Il y a également eu des débuts de charges policières quand ont été levés devant l'estrade les drapeaux du DEHAP, la coalition politique pourtant légale qui est issue du parti kurde dissous par le gouvernement turc le HADEP ; les gens ont riposté avec des pierres puis la tension est retombée.
Les couleurs kurdes confisquées à l'entrée sont naturellement réapparues de 1000 façons sur la place et à un certain moment la très interdite banderole du KADEK (ex PKK) a été hissée et accompagnée par des slogans pour le président Öcalan emprisonné sur l'île prison d'Imrall. Vers 15h30, la colonne de blindés qui entourait l'énorme place a manœuvré de façon menaçante, mais les gens se sont dispersés dans l'ordre en évitant toute provocation.

-ITALIENS SEQUESTRES ET ARRESTATIONS MASSIVES A BINGOL.

Le lendemain de l'arrestation et de la libération successive de 8 Italiens le 20 mars à Nusabin, ils etaient accusés d'avoir photographié la ligne artificielle qui délimite le Kurdistan Syrien du Turc, 9 observateurs italiens et leur accompagnateur kurde ont été séquestrés dans leur hôtel de Bingol. Le gouverneur a interdit dans la ville toute manifestation pour Newroz. Par ailleurs, il faut signaler 170 arrestations parmi les Kurdes qui ont tout de même voulu fêter publiquement Newroz. Parmi les personnes arrêtées il y a le responsable local du HADEP, Korkail Ata.
Pour protester les Italiens ont commencé une grève de la faim dans leur hôtel.
Arrestations et charges de police sont aussi à signaler dans les villes de Siirt et Beyazit, pendant que dans les autres villes, Newroz a été autorisé et s'est déroulé pacifiquement comme à Sirnak, Adiyaman, Kiziltepe, Nusaybin et dans la métropole d'Adama où il y avait 50 000 réfugiés Kurdes dans la manifestation, ainsi qu'à Batman où se trouve 1'aéroport militaire alloué aux Américains et où la manifestation a réuni 50 000 personnes.


-DIYARBAKIR : RENCONTRE AVEC L'IHD, ASSOCIATION POUR LES DROITS DE L'HOMME.
Les délégations italiennes et espagnoles ont été reçues par le président de l'IHD Diyarbakir, l'avocat Selahattin Demirtas. Le siège de Diyarbakir est le principal dans la région et il coordonne le travail des 10 autres antennes régionales avec lesquelles il se réunit chaque mois à Diyarbakir pour faire le point et les rapports sur la situation des droits de l'homme au Kurdistan.
Ces 4 dernières années, il y a eu quelques changements importants : abolition de la peine de mort, autorisation de l'usage de la langue kurde, abrogation de l'état d'urgence en vigueur depuis 23 ans. Cependant, l'éminence de la guerre est depuis déjà 3 mois mis en avant par le gouvernement turc pour réprimer les droits du peuple kurde. Les Kurdes peuvent utiliser leur langue à la télévision mais ils n'ont pas le droit d'avoir leur propre chaîne. De plus, même si le parlement a voté l'abolition de la peine de mort, le régime d'incarcération et l'isolement d'Ocalan ont été durcis et depuis novembre il ne peut plus voir ni sa famille ni ses avocats.
Dans l'ensemble, on peut constater une réduction des libertés individuelles. Dans la zone occidentale de la Turquie, on peut manifester librement contre la guerre, ici non. A Diyarbakir, aucune manifestation contre la guerre n'a été autorisée. La population a compris cette nouvelle situation et de nombreux rassemblements spontanés contre la guerre et contre le régime d'isolement d'Ocalan ont eu lieu. Ces manifestations ont été réprimées très violemment. Il y a des signaux qui peuvent faire penser à une possible reprise de guerre intérieure : la persistance de l'isolement d'Ocalan, le récent assassinat dans la région d'une douzaine de combattants kurdes, la guerre qui devient un motif pour la Turquie pour attaquer militants et dirigeants du KADEK qui se trouvent dans le Nord Irak.
Durant les 2 derniers mois, 938 personnes ont été arrêtées et parmi elles 74 sont encore emprisonnées. Parmi les personnes arrêtées et relâchées, 98 ont déclaré avoir été torturées. Si on fait une comparaison entre ces derniers faits et ceux des 10 derniers mois, on comprend comment le gouvernement turc est en train d'utiliser la guerre en Irak pour retourner en arrière en matière des droits de l'Homme et plus spécifiquement en matière du droits des Kurdes.
Un droit humain fondamental est celui de pouvoir être accueilli dans un autre pays quand on fuit les persécutions ou la guerre dans son propre pays. Ces derniers jours, 40 000 soldats turcs sont déjà en Irak où ils ont déjà mis en place 15 camps de réfugiés. Dans ces camps, ils ont pour mission d'empêcher les Kurdes d'Irak d'entrer en Turquie pour y trouver asile.
Il est contraire aux lois internationales que ce soit un Etat seul et pas les Nations Unies qui mettent en place et administrent un camp de réfugiés en dehors de leur propre territoire. De plus, ces camps se situent à proximité des lignes de front et la sécurité des personnes ne peut donc y être garantie, ce qui est encore contraire aux lois internationales.
Dans ces camps, les Turcs prévoient d'enfermer 200 000 personnes, anticipant sur les problèmes qui pourraient se profiler dans l'évolution des rapports entre Turcs et Kurdes du nord de l'Irak. En fait, les militaires turcs ont pour mission de contenir à l'intérieur des camps de réfugiés les Kurdes qui s'enfuient, tout en attendant d'attaquer militairement toute tentative autonomiste kurde après la guerre, comme l'état major turc l'a déjà déclaré.
-compte rendu de la délégation italienne suite


DIYARBAKIR : RENCONTRE AVEC LES « MERES POUR LA PAIX ».

La délégation italienne a été reçue par 6 femmes de l'association « Mères pour la paix ». L'antenne de Diyarbakir existe depuis 2 ans et est officiellement constituée par une responsable et 2 assistantes, mais en réalité il y a une vingtaine de femmes qui en font partie. L'existence autonome de l'association à Diyarbakir est considérée illégale et son existence n'est autorisée que comme filiale d'Istanbul. L'association n'a pas de liens avec des groupes ou partis politiques et toute leur activité est auto-financée.
Les « Mères pour la paix » du siège central à Istanbul sont en contact avec les autres associations de femmes et notamment en Italie avec les « Femmes en noir », et participent à des rencontres et des conférences en Europe. Elles publient un journal où sont rapportés les rencontres et contacts entrepris et les activités de dénonciation de l'association. Elles organisent des conférences de presse sur les manquements au respect des droits de l'homme.

La rencontre a un grand impact émotionnel sur notre délégation. Nous avons rencontré des femmes qui ont perdu des enfants, des maris, des gendres et qui ont survécu en voyant des membres de leur famille tués et torturés, des femmes contraintes à s'enfuir de leurs villages d'origine parce qu'ils ont été brûlés par l'armée turque, mais, ces femmes, malgré les drames qu'elles ont vécus, sont déterminées à contribuer à construire un futur de paix. Ainsi, de la même façon que leurs enfants ont dans le passé décidé de se mettre en avant dans la lutte, ces mères sont aujourd'hui déterminées à poursuivre leur projet d'un monde de paix. « Comme personne n'a pu arrêter les nôtres, aujourd'hui, personne ne pourra nous arrêter nous. »

Après 40 ans passés sous la répression, l'état d'urgence n'est plus en vigueur depuis novembre 2002 dans toute la région de Diyarbakir ; malgré cela, les « Femmes pour la paix » dénoncent le fait que dans la réalité rien n'a changé et même la situation est en train d'empirer. Il y a toujours un régime de terreur, des chars d'assaut (que nous avons tous vus)
Partout dans la ville, des disparitions de personnes, des meurtres, des pressions de tout type de la part de la police et l'isolement du président Ocalan.

Le petit foulard blanc qu'elles portent toutes sur la tête et qui dans les traditions du peuple kurde indique qu'on a subi un deuil dans sa famille est l'emblème choisi par les « Mères pour la paix », le blanc symbolisant la pureté de leur engagement. A la fin de la rencontre, ce symbole a été offert à toutes les femmes de la délégation avec une seule demande : parler du combat mené par les « Femmes pour la paix » à Diyarbakir et dénoncer comme elles le font la violence quotidienne d'un Etat turc toujours aussi répressif. Il faut faire connaître au monde la situation au Kurdistan pour rompre leur isolement.

DIYARBAKIR : RENCONTRE AVEC LE DEHAP
( Le DEHAP est une coalition démocratique formée pour les dernières élections entre le parti filokurde le HADEP interdit arbitrairement il y a quelques jours et 2 petits partis de la gauche turque.)
La délégation italienne a été reçue par un membre de l'assemblée générale du parti, l'avocat Firat Anli. Laissant son travail à Ankara, il se trouve à Diyarbakir pour l'organisation de Newroz.
L'entretien a commencé par un exposé panoramique sur la situation des Kurdes en Turquie avec des exposés plus précis sur Diyarbakir et sa province.
Nous avons été informés sur la guerre qui pendant 15 ans a opposé les Kurdes au gouvernement turc et qui a été interrompue unilatéralement par les Kurdes en 1999 avec le cessez-le-feu proclamé par Ocalan. Les 4 années suivantes, un assouplissement législatif et une détente ont vu le jour : l'élimination des lois instaurant l'état d'urgence, l'abolition de la peine de mort et la tolérance de la langue kurde. Le gouvernement kurde a alors perdu une occasion historique de résoudre démocratiquement la question kurde.

La volonté du peuple de résoudre démocratiquement le problème kurde a été confirmée par les résultats des dernières élections. Le nombre de votants a augmenté notablement. A l'échelle nationale, le DEHAP a obtenu 6,2 pour cent des voix, ne dépassant pas le palier imposé des 10 pour cent, mais à Diyarbakir les résultats ont été différents puisque le DEHAP a obtenu 57 pour cent des suffrages.

Un des problèmes auquel le DEHAP doit faire face est l'augmentation disproportionnée de la population due à l'afflux des réfugiés fuyant les villages détruits par l'armée turque. En peu d'années, la population a dépassé le million de personnes, avec beaucoup de problèmes de logement, de pauvreté et un ralentissement général du développement. A cette situation difficile s'ajoutent les quelques obstacles mis en place par le gouvernement central d'Ankara qui réserve à cette région un « traitement spécial ». Par exemple, les fonds destinés au développement sont seulement de 1 pour cent pour la région kurde. On veut construire dans la région un barrage pour produire de l'énergie électrique pour toute la Turquie mais les prix de l'électricité sont plus élevés au Kurdistan que dans le reste du pays. Il en est de même pour les prix de l'essence.
Les activités de base de subsistance du peuple kurde qui habite depuis des siècles la partie la plus riche de la Méditerranée sont attaquées : le gouvernement est en train d'imposer aux paysans d'arrêter la culture du tabac et l'élevage du bétail. Le tourisme également, activité marginale mais tout de même importante, est limité à cause du manque de subventions pour la restauration et la valorisation des sites de la région.

L'avenir du DEHAP dépend de ce qu'il adviendra du Moyen Orient après cette guerre. L'éventualité de la création d'une fédération d'Etats indépendants en Irak pourrait provoquer une dure répression de la population kurde qui vit en Turquie. Avec la sentence de la Cour européenne des droits de l'homme concernant le procès D'Ocalan, la phobie du gouvernement turc est que les Kurdes puissent être soutenus par les gouvernements européens pour la constitution d'un Etat autonome. La volonté d'isoler la zone est une des principales raisons de l'hésitation du gouvernement turc à concéder aux USA le passage des troupes terrestres. L'augmentation des droits pour l'une des communautés kurdes présentes en Iran, Irak, Turquie et Syrie signifierait la répression totale pour les autres.

Les Kurdes sont en contact entre eux à travers leurs associations et partis et aspirent à l'élimination des barrières et à une meilleure liberté de circulation ; c'est dans cette optique qu'on peut comprendre la signification de la fête de Newroz.
Ces 3 dernières années à Diyarbakir, l'autorisation pour les festivités a toujours été concédée mais aujourd'hui les autorités demandent à ce que la fête se déroule à 15 kms de la ville, sur un site différent de celui de l'an dernier. De plus, ces mêmes autorités refusent que les mineurs puissent participer à Newroz et que les couleurs du Kurdistan soient portées par les femmes. Pour les Kurdes il est impensable d'accepter ces conditions, la fête regarde tous les membres de la famille. Si ils en avaient la possibilité, les Kurdes seraient disposés à fêter Newroz chacun dans leur famille. Les permis ont finalement été concédés définitivement le 20 mars dans l'après-midi, la veille de » Newroz.

Les Oustachis kurdes
by Paulette Thursday April 10, 2003 at 12:19 AM

Pechmergas croates = Oustachis kurdes !