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"Marre de la Pub"
by N.R.,, G.B., F.B. Tuesday April 08, 2003 at 04:09 PM

Le 10 Mars 2003, 30 000 autocollants (!) "Marre de la pub" furent collés sur les affiches publicitaires du métro parisien... Une initiative "citoyenne" de toute beauté ! Voici un extrait du bulletin électronique de RAP-France concernant cette affaire. + 2 autres articles sur la pub.

Marre de la Pub: Une action remarquable des jeunes en Paris

Parisiens usagers des transports publics, vous avez tous remarqué le 10 mars 2003, la présence massive d'autocollants blancs, formats A4 et A5, clamant en grosses lettres noires "MARRE DE LA PUB", apposés sur toutes les publicités présentes dans le métro parisien.

Nous avons reçu plusieurs appels provenant de journalistes, d'adhérents et même d'étudiants en mal de sujets pour des dossiers scolaires nous demandant le pourquoi de cette action. Aussi étonnée qu'eux, je n'ai pu que leur répondre que je n'en savais strictement rien (je ne prends que le bus), et leur expliquer, encore et encore, que R.A.P. ne mène pas d'actions illégales. Et que bien que quelques-uns de nos adhérents peuvent, en leur nom, mener des actions illégales, d'autres y sont farouchement opposés.

Résistance à l'agression publicitaire n'est pas forcément synonyme d'illégalité ou de clandestinité, que diable ! Après avoir mis les points sur les "i" à mes interlocuteurs, nous avons décidé, avec quelques amis de l'association, de mener notre enquête. Les quelques renseignements que nous avions pu recueillir nous laissèrent penser qu'il s'agissait d'un groupe de jeunes personnes qui pour la plupart, n'avaient aucun lien avec les réseaux antipublicitaires que nous connaissions.

Ces maigres informations auraient pu nous laisser sur notre faim si, lors de notre réunion mensuelle du 11 mars, deux jeunes gens, se présentant comme les instigateurs de cette action, n'étaient venus nous rendre visite.

Jetant notre ordre du jour aux oubliettes, la réunion s'est transformée en un exposé/débat passionnant sur les motivations de ces deux garçons. Ils ont constaté, il y a environ deux ans, que la publicité était le moteur de l'économie, et à ce titre, le meilleur moyen d'attaquer notre système actuel. Elle est partout autour de nous, et très facilement atteignable. Particulièrement omniprésente dans le métro parisien, ils ont imaginé une action destinée à parasiter l'ensemble des messages commerciaux reçus par les usagers du métro.

Un mois et demi seulement leur a été nécessaire pour regrouper une centaine de personnes, produire près de 30 000 autocollants et organiser des groupes de 4 à 5 publiphobes chargés de coller, le 9 mars 2003, "MARRE DE LA PUB" sur toutes les affiches d'un tronçon de ligne.

Quatre individus se sont fait interpeller par des agents de la R.A.T.P et ont reçu de petites amendes. C'est peu comparé aux cent participants, mais le comportement non-violent de celles-ci et le respect du matériel public n'est sans doute pas étranger à cette clémence.

Nombreux sont ceux qui se sentent agressés par la publicité, nous ont-ils expliqué, mais peu franchissent le pas de rejoindre une association telle que R.A.P. La peur de se retrouver face à des extrémistes en rebute plus d'un, paraît-il. Leur message n'était pas signé, c'était un cri de révolte que chacun pouvait s'approprier et il semble que là ait été la raison principale du succès de cette action.

Lors du débat qui a suivi cet exposé, ils ont pu se rendre compte de la diversité des points de vue des adhérents présents et de la liberté de parole accordée à chacun.

J'ose croire que nous les avons convaincus que la liberté existe aussi à R.A.P., et dans les structures associatives en général.

Nelly Ruscassié (Permanente RAP-France)
Site internet: http://www.antipub.net

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* Les chiens comme support publicitaire et demain: vous ?

Dans son édition du 3 novembre 2002 le Sunday Express a fait état de l'utilisation des chiens comme support publicitaire. L'article signé Mark Christy représente un labrador sur lequel est inscrit 'Red Faction II on sale 15th November', une publicité pour la nouvelle Playstation de Sony.

Il s'agit, selon cet article, de la première publicité canine. Le chien en question a donc été promené dans le park de Roundwood au nord-ouest de Londres. On indique, bien entendu, qu'il s'agit d'un chien qui a été sauvé de justesse de l'euthanasie, que son succès est total, que de nombreux promeneurs s'arrêtent pour le caresser et prendre de ses nouvelles. Bien entendu aussi, la teinture utilisée est végétale et se lave sans la moindre difficulté. Le directeur en marketing indique d'autre part que tous les chiens ne peuvent pas être retenus pour ce genre de campagne. Les chiens doivent avoir le poil ras et clair, être en bonne santé et être promenés au moins deux fois par jour. La société n'a pas manqué de faire un don à un refuge pour chien. Elle estime que ce type de support est appelé à toucher principalement les 16-24 ans qui aiment venir se détendre dans les parcs anglais.

Cette logique déplorable ne manquera pas de s'étendre à d'autres supports: les vaches auront du mal à y résister. Si rien n'est fait, compte tenu des difficultés budgétaires de certaines institutions et de la privatisation rampante qui les guettent, nous ne sommes pas à l'abri de la transformation des personnes âgées en support publicitaire, puis des enfants, et de nous tous. On s'étonne d'ailleurs que les forces de police et de gendarmerie et de lutte contre l'incendie ne soient pas déjà sponsorisées par des marques.

Les pompiers seraient sponsorisés par des marques d'eau minérale. Les gendarmes et la police par des marques de lessive.

Gérald Bourbon

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* Chaque fois qu'on appelle un citoyen "consommateur" ...

Chaque fois qu'on appelle un citoyen "consommateur", fût-ce dans les études les plus "objectives", on ne se contente pas de photographier sa réalité sous l'angle de la consommation: on lui rappelle que c'est là sa destination, son essence d'acteur social, sa vocation. Bref, sous le couvert d'une simple dénomination, on l'enferme déjà dans une idéologie. On le conditionne à ne se voir et à ne se vivre lui-même que comme consommateur de la vie, sous toutes ses formes, des plus concrètes aux plus symboliques. Car, nous dit Huxley, "tel est le but de tout conditionnement: faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper".

François Brune
Résistance à l'Agression Publicitaire - Belgique (R.A.P.), http://www.antipub.be

(DIOGENE(S) 47)