Irak - Rapport Renseignements Russes

Au matin du 4 avril, la situation sur le front américano-irakien a montré une tendance à se stabiliser. En atteignant Bagdad, les unités avancées de la coalition remplissent leurs ordres principaux donnés par le commandement de la coalition. Au cours des quatre jours de l'avancée, des éléments de la 3ème Division d'Infanterie Mécanisée US ont contourné par l'est les défenses Irakiennes à Karbela et, sans rencontrer de résistance, avancé de près de 140 kilomètres sur l'autoroute Karbela-Bagdad et atteint la capitale Irakienne. Toutefois, les objectifs de cette mission ne seront complètement remplis que lorsque les brigades de Marines US, avançant actuellement le long de la rive gauche du Tigre, parviendront aux faubourgs sud-est de Bagdad.

Tout indique que la percée de la 1ère Brigade de la 3ème Division d'Infanterie Mécanisée US vers l'aéroport international de Bagdad, bien que représentant une poussée significative, n'a pas pris par surprise le commandement Irakien. Les unités US occupant la zone de l'aéroport n'ont pas rencontré de résistance notable (l'aéroport n'était gardé que par au plus 2-3 compagnies Irakiennes, dépourvues d'armes lourdes) et n'ont pas non plus remarqué la moindre indication que les Irakiens prévoyaient même de défendre l'aéroport. A l'exception des tranchées le long du périmètre aéroportuaire, les troupes US n'ont pas trouvé d'autres structures défensives. L'aéroport était vide de tout avion, à l'exception de quelques vieux fuselages et d'un avion de ligne (appartenant peut-être à une compagnie aérienne Jordanienne) qui n'avait pas eu le temps de quitter l'aéroport avant que les restrictions sur les vols aériens ne soient annoncées par la coalition au début de la guerre.

Actuellement, le groupe de forces de la coalition dans la zone de l'aéroport se chiffre à jusqu'à 4.000 hommes, jusqu'à 80 chars et près de 50 systèmes d'artillerie mobile. Il est probable que plusieurs escadrons d'hélicoptères de la 101ème Division Aéroportée y seront déployés au cours des prochaines heures.

D'après la surveillance électronique, le commandement de la coalition au Qatar a ordonné aux forces d'assaut US de s'arrêter à au moins trois occasions. Le commandement a ordonné une reconnaissance supplémentaire dans la zone de l'aéroport, craignant la présence d'unités Irakiennes bien dissimulées et de larges défenses. Le commandement n'a donné l'ordre final de prendre l'aéroport qu'après que les unités de reconnaissance eurent contacté le quartier général directement à partir du terminal de l'aéroport. Les forces Irakiennes protégeant l'aéroport n'ont opposé qu'une faible résistance, et, après quelques échanges de tirs, se sont repliées en direction de la ville. Le contact a été perdu avec l'une des unités de la coalition protégeant les flancs de la colonne en progression. Il n'est pas encore déterminé si cette unité s'est perdue ou est tombée dans une embuscade.

Vers 08h00, les positions US (dans la zone de l'aéroport) ont été attaquées par les forces de la milice, probablement issues de la population locale. La milice a été dispersée par les tirs des chars et des APCs.

La 2ème brigade de la 3ème Division d'Infanterie Mécanisée US a atteint les faubourgs de Bagdad et est actuellement positionnée près du croisement des autoroutes Bagdad-Amman et Bagdad-Karbela.

Les affirmations de la coalition à propos de la "destruction complète" des divisions "Media" ("Al Madina al Manuvvara") et "Hammurali" du 2ème Corps de la Garde Républicaine n'ont pas reçu de confirmation. Au plus 80 véhicules blindés Irakiens détruits ont été aperçus le long de la route sur laquelle a avancé la coalition, ce qui correspond à plus ou moins 20% d'une seule division standard de la Garde Républicaine.

Il a été établi que seulement quelques éléments de la Division "Hammurali" ont pris part au combat, pendant que le reste de la division se repliait vers Bagdad. Une seule brigade de la Division "Medina" a été impliquée dans les combats. La brigade était divisée en deux groupes au cours de la bataille, et s'est repliée vers Bagdad et Karbela pour rejoindre les forces principales de la division ("Medina").

Le nombre d'Irakiens capturés par la coalition est également assez peu impressionnant. En quatre jours de progression, les troupes US n'ont fait prisonnier qu'un peu plus de 1.000 personnes, dont seulement la moitié, d'après les rapports des commandants US sur le terrain, peuvent être considérée comme des troupes de l'armée régulière Irakienne. Il n'y a absolument véhicule Irakien abandonné ou capturé. Tout ceci indique qu'il n'y a pas eu jusqu'à présent de percée pour la coalition; les troupes Irakiennes ne sont pas démoralisées et le commandement Irakien garde toujours le contrôle de ses forces.

Aucun changement significatif ne s'est produit dans les autres zones de résistance irakienne.

Les combats continuent à An-Nasiriya où les troupes US ne sont toujours pas parvenues à s'emparer de la partie de la ville située la rive gauche du fleuve. Malgré l'annonce par le commandement US du "contrôle quasi complet de la ville", des échanges de tirs continuent, et rien que la journée précédente les forces US ont déploré un mort et pas moins de trois blessés. Les troupes US n'essayent plus de prendre d'assaut les zones (d'An-Nasiriya) tenues par les soldats de la 11ème Division d'Infanterie Irakienne, mais emploient plutôt l'artillerie et l'aviation pour détruire méthodiquement ces secteurs.

La coalition n'a également pas réussi à prendre la ville d'An-Najaf. La 101ème Division Aéroportée n'est parvenue à prendre le contrôle que de la périphérie sud de la ville, et a maintenant stoppé son avance, utilisant l'artillerie et l'aviation pour détruire les quartiers de la ville occupés par les défenseurs Irakiens. Les communications radio interceptées indiquent au moins trois tués ou blessés parmi les troupes US.

Les Irakiens gardent le contrôle d'Al-Hillah sur la rive gauche du fleuve. Les échanges de tirs y continuent et la ville est sous un barrage d'artillerie constant.

Presque tous les combats se sont arrêtés près de Karbela, où les forcent US limitent leur action au blocus de la ville et à lancer des attaques d'artillerie contre les faubourgs. Les forces US disponibles dans cette région sont juste suffisantes pour maintenir le blocus de la ville, et pour l'instant aucun renfort n'est prévu. La 4ème Division d'Infanterie, stationnée actuellement au Koweït, ne pourra pas entrer en Irak avant le 6 avril. De plus, la division "la plus récente" et la plus moderne n'est en réalité que partiellement déployée et ne compte que jusqu'à 12.000 soldats - seulement la moitié de la taille de la 3ème Division d'Infanterie combattant déjà en Irak.

La situation demeure tendue près de la ville d'An-Divania. Selon la surveillance radio, les forces de la coalition ont été forcées hors de la ville et repoussées de 3-5 kilomètres après un long combat de trois heures. Les commandants US sur le terrain ont rapporté deux chars et jusqu'à 5 APCs perdus. Environ 7 soldats (de la coalition) ont été tués, 4 sont portés disparus et jusqu'à 20 blessés. Pendant les dernières 24 heures les hélicoptères d'évacuation de la coalition ont effectué plus de dix missions dans ce secteur. Comme mesure d'urgence, un bataillon de la 101ème Division Aéroportée est actuellement en cours de déploiement à An-Divania. La ville est soumise à des attaques de l'artillerie et de l'aviation.

Avec beaucoup de difficultés, les soldats de l'infanterie marine Britannique avancent près de Bassora. Cependant, malgré leurs efforts les Britanniques sont seulement capables d'attaquer le périmètre de défense externe qui s'étend le long du canal Shatt-al-Basra. Ce matin les Britanniques ont été finalement capables de prendre le contrôle du pont sur l'Az-Zubair (Autoroute de Bassora) et d'établir des positions sur la rive opposée de la rivière. Pendant le combat un tank Britannique a été touché, un APC a été détruit et jusqu'à 10 soldats ont été tués ou blessés. A présent, les Britanniques font face à la ligne de défense principale de Bassorah située à 1.5 kilomètre de là.

Les Irakiens contrôlent toujours une portion de la péninsule de Fao. Aujourd'hui l'artillerie Irakienne a attaqué le port de Al-Fao. Aucune information sur les pertes subies n'est disponible.

La surveillance radio révèle que les unités de la résistance Irakienne combattent sur les territoires occupés par les Britanniques. Une source radio Koweïtienne a rendu compte d'un combat la nuit dernière, qui a provoqué un incendie de l'un des puits de pétrole dont le feu précédent venait juste d'être éteint. Les troupes de la coalition déployées à Umm-Qasar ont été prises sous le feu d'armes automatiques au cours de la nuit. La surveillance radio indique que les troupes de la coalition ont mené hier une opération massive dans la ville afin de trouver les membres de la résistance.

Au Nord de l'Irak les unités Kurdes ont arrêté leur avancée après avoir rencontré une résistance des troupes Irakiennes. Le commandant Kurde a déclaré aux officiers US qu'ils ne continueraient pas à moins que les Américains "nettoient le passage" pour eux. Des informations indiquent une certaine motivation financière derrière cette attitude des commandants Kurdes. Le Général de Brigade Américain Osman, qui dirige les troupes US dans cette zone, a dit à l'un des officiers du Pentagone au cours d'une conversation téléphonique : "pour faire avancer [les Kurdes] nous devrions littéralement paver la route de dollars !"

Pendant ce temps les leaders de l'"Union Patriotique du Kurdistan" tentent de prendre leurs distances vis à vis de ces commandants [Kurdes], les appellant "gangs de frontière incontrôlables". Selon les leaders Kurdes le nombre de ces unités incontrôlées ne dépasse pas 3.000 combattants.

Une information en provenance du Qatar indique que le commandement de la coalition est sérieusement inquiété par la possibilité d'une autre tempête de sable. Non seulement cela différerait le blocus de Bagdad, mais cela priverait en outre la coalition de son avantage majeur, l'aviation, sans laquelle la coalition se retrouverait face à face avec un ennemi supérieur en nombre.

arch/ive/ief (2000 - 2005)