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Le négationniste Roger Garaudy s'expose à l'Université Paris VIII
by Lisa Allali (France) Friday March 28, 2003 at 06:37 PM

Je suis étudiante à l'université Paris VIII où je suis un double cursus : une licence en cinéma, et un deug de MIAS (mathématiques et informatique).

Mardi 25 mars 2003, en sortant de la faculté, dans le hall d'entrée où sont souvent organisées des manifestations culturelles et politiques, il y avait une exposition sur la Palestine. Des textes, des photos et des pages de livres affichées sur les murs.

J'ai d'abord lu une citation du philosophe israélien Leibowitz : « La force du poing juif vient du gant d'acier américain qui le recouvre et des dollars qui le capitonnent ». Je me suis retournée. Derrière moi, une quinzaine de photos format A4, apparemment prises sur internet et mal imprimées. Des photos de cadavres, surmontées d'une pancarte : « Il n'y a pas eu de massacre à Jénine ». Puis d'une seconde pancarte : « Massacre à Jénine, en Palestine ». Et enfin d'une troisième : « Il n'y a pas de peuple palestinien. Ce n'est pas comme si nous étions venus les mettre à la porte et leur prendre leur pays. Signé, Golda Meir ».

Sur un autre panneau, deux photos de bébés ensanglantés, dont l'un enroulé dans un drapeau palestinien. Et une autre photo d'un petit âgé d'un an, à quatre pattes, à côté d'une personne debout dont on ne voit que les deux jambes et l'extrémité d'une mitraillette pointée vers le sol. Vingt pages d'un livre agrémentent ce panneau. Un chapitre entier intitulé « Le lobby aux Etats-Unis ». J'en lis une phrase : « Le premier ministre d'Israël a beaucoup plus d'influence sur la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient que dans son propre pays ».

Plus loin encore, vingt pages d'un autre livre : « Palestine, terre de messages divins ». Le nom de son auteur, Roger Garaudy, ne figure nulle part . Sa haine des juifs, elle, suinte de partout.

Le hall d'entrée de la Faculté est parsemé de citations, écrites en grand, placardées sur les murs. « Il doit être clair qu'il n'y a pas de place pour deux peuples dans ce pays ». « Il faut expliquer à Roosevelt et à tous les chefs d'Etats amis que la terre d'Israël n'est pas trop petite si tous les Arabes s'en vont ». « Pour convaincre qu'avant Israël, la Palestine était un désert, des centaines de villages ont été rasés aux bulldozers, avec leurs maisons, leurs clôtures, leurs cimetières ».

Mercredi 26 mars, j'ai visité une deuxième fois cette exposition, mon téléphone à la main : je « dictais » ce que je voyais à mon répondeur. Puis j'ai rencontré le responsable de l'exposition. Il m'a confirmé que toutes les pages de livres, photocopiées et affichées, étaient extraites de « Palestine, terre de messages divins » de Roger Garaudy. Je lui ai demandé de me répéter ce nom, de l'épeler. Je lui ai aussi demandé qui était à l'initiative de cette exposition. Réponse : « C'est une initiative spontanée d'étudiants à Paris VIII ». Des étudiants qui, à première vu, m'ont semblé avoir dépassé la quarantaine.

Alors, j'ai discuté avec des visiteurs. Ils n'étaient pas choqués, ils ont voulu me convaincre du fait que l'exposition n'était pas choquante. Et Garaudy ? « Son livre est à la bibliothèque, tout le monde peut le lire », m'a-t-il été répondu. Une étudiante de passage s'est alarmée à son tour de l'antisémitisme imprégnant cette exposition. « Leibowitz est juif », s'est-elle entendue rétorquer. Avant d'avoir droit à un long discours sur le thème : ce n'est pas de l'antisémitisme, mais la simple réalité.