Le monde politique belge et la guerre d'agression en Irak by Patrick Gillard Thursday March 20, 2003 at 05:43 PM |
A l'heure des premiers bombardements illégaux sur l'Irak et à deux mois des élections belges, la publication de certaines déclarations hautes en couleurs, servies dans le feu de l'action au contact d'étudiants, de manifestants anti-guerre ou devant les caméras de la télévision, peut être utile à tout citoyen soucieux de cohérence.
Le désarmement pacifique de l'Irak a constitué l'épine dorsale du discours officiel du gouvernement belge, dont la position calque celle défendue par les tenants de l'axe Paris-Berlin. La concentration de troupes et de matériel militaire anglo-américains dans la région du Golfe a été présentée comme un élément de dissuasion indispensable à la totale réussite de la mission des inspecteurs en désarmement de l'ONU. Cette justification naïve de l'encerclement "mortel" de l'Irak par des forces militaires de plus en plus importantes a surtout autorisé la mise en place des moyens nécessaires à la réalisation des objectifs guerriers que Washington et Londres poursuivent depuis les attentats du 11 septembre.
La vision politique soi-disant "pacifique" de l'exécutif belge semble avoir aveuglé tous les députés de la coalition arc-en-ciel, composée des Libéraux, des Verts et des Socialistes du Nord et du Sud du pays. Par trois votes successifs enregistrés depuis l'émission de la fameuse résolution onusienne 1441 (les 21 novembre 2002, 23 janvier et 27 février 2003), les parlementaires belges ont en effet accordé leur soutien aux préparatifs locaux (transits de convois militaires étasuniens sur le sol belge) d'une guerre préméditée, dont l'illégalité et l'illégitimité étaient pourtant tout à fait manifestes depuis que George W. Bush et ses faucons tiennent Saddam Hussein dans leur ligne de mire.
L'imminence d'une guerre agressive, aujourd'hui déclenchée sans l'accord des Nations Unies, et celle des élections législatives belges du 18 mai ont récemment délié les langues de plusieurs ministres et hommes politiques appartenant à la coalition arc-en-ciel. Les prises de position publiques quittaient tellement la ligne politique officielle gouvernementale que le Premier ministre belge en personne, le libéral flamand, Guy Verhofstadt, a dû mettre fin à cette véritable cacophonie.
A l'heure des premiers bombardements illégaux sur l'Irak et à deux mois des élections belges, la publication de certaines de ces déclarations hautes en couleurs, servies dans le feu de l'action au contact d'étudiants, de manifestants anti-guerre ou devant les caméras de la télévision, peut être utile à tout citoyen soucieux de cohérence.
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« Le gouvernement belge pourrait-il reconsidérer le "feu vert" au transit vers le port d'Anvers de milliers de wagons chargés de matériel militaire américain en cas de "guerre d'agression", d'attaque des États-Unis contre l'Irak sans l'aval de l'ONU ? ». Interrogé le mercredi 12 mars devant plus de mille personnes réunies à l'Université Libre de Bruxelles, le ministre libéral francophone des Affaires Étrangères, Louis Michel, a répondu : « oui, oui, bien sûr. La Belgique sera cohérente ». (1)
Invité dimanche 16 mars sur le plateau de la Radio-Télévision Belge de la Communauté Française, le ministre socialiste francophone de la Défense, André Flahaut, a notamment déclaré que « si les États-Unis devaient déclencher une guerre sans l'approbation de l'ONU, ce serait illégal et nous n'accepterions plus de transits » de convois militaires étasuniens sur le territoire belge. André « Flahaut a précisé que le survol de la Belgique par des avions se dirigeant vers l'Irak ne serait pas non plus autorisé ». (2)
« La Belgique ne sera pas complice du pays qui déclarera unilatéralement la guerre » faisait entendre de son côté le président du Parti Socialiste francophone interviewé le long du parcours de la manifestation pour la paix de samedi dernier. Élio Di Rupo a en outre précisé que « l'agresseur ne pourra pas faire transiter ses troupes et son matériel par notre pays et par le port d'Anvers ». (3)
Le communiqué des Verts flamands (Agalev) signé le 15 mars par le secrétaire politique du parti, Jos Geysels, et intitulé « Bij eenzijde oorlog van VS tegen Irak moeten militaire transporten stoppen » indique clairement qu'en cas de guerre unilatérale menée par les États-Unis en Irak, le passage sur le territoire belge des convois militaires américains devra cesser (4).
La teneur du communiqué de leurs homologues francophones (ECOLO) signé le 18 mars par les trois secrétaires fédéraux rejoints pour la circonstance par le député européen, Pierre Jonkheer, est encore plus radicale. En cas de guerre entreprise « par le Président des États-Unis en dehors de tout mandat de l'ONU, ... ECOLO désapprouve tout nouveau transit de matériel ou de personnel militaires américains ainsi que le survol de l'espace aérien par des aéronefs destinés à participer à la campagne d'Irak ». (5)
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En vertu non seulement d'accords secrets de défense de 1971 et de l'appartenance de la Belgique à l'OTAN mais aussi et surtout par crainte d'éventuelles représailles qui pourraient notamment nuire aux futures relations commerciales belgo-américaines (6), toutes ces belles déclarations et promesses pré-électorales ont été allègrement balayées par une récente communication du Premier ministre. Guy Verhofstadt a en effet déclaré que : « même si Washington déclenchait une guerre contre l'Irak sans l'aval de l'ONU, la Belgique autoriserait finalement les États-Unis à utiliser son territoire [et son espace aérien] pour des transports militaires ». (7)
Dociles, Louis Michel et André Flahaut ont immédiatement retourné leur veste, sans même le reconnaître. Le reniement des deux ministres belges les plus concernés par la guerre en Irak et le rappel à l'ordre de Guy Verhofstadt parviendront-ils à faire rentrer dans les rangs tous les ténors politiques qui ont défrayé la chronique ces derniers jours ? La réponse est affirmative. C'est en tout cas ce qui ressort des débats en cours ce jeudi 20 mars à la Chambre des Représentants.
Patrick Gillard, historien
Bruxelles, le 20 mars 2003.
Notes
(1) Philippe REGNIER, Manoeuvres U.S. à Anvers : schizophrénie ? dans Le Soir, samedi 15 et dimanche 16 mars 2003, p. 9.
(2) Bruxelles refusera l'utilisation de son territoire en cas de guerre en Irak sans accord de l'Onu, Dépêche AP - The Associated Press, dimanche 16 mars 2003 (http://fr.news.yahoo.com/030316/5/33kyf.html).
(3) Martine DUBUISSON et B.V. (avec AFP et AP), Plus de transits par Anvers pour les soldats US si..., dans Le Soir, lundi 17 mars 2003, p. 8.
(4) Jos GEYSELS, Bij eenzijdige oorlog van VS tegen Irak moeten militaire transporten stoppen, Communiqué de presse d'AGALEV, samedi 15 mars 2003 (http://www.agalev.be/code/nl/page.cfm?id_page=2269).
(5) Philippe DEFEYT, Marc HORDIES, Evelyne HUYTEBROEK et Pierre JONKHEER, Irak : pas de soutien direct ou indirect à une guerre illicite, Communiqué de presse d'ECOLO, mardi 18 mars 2003 (http://www.ecolo.be/).
(6) Lire par exemple : Philippe LAWSON (entretien avec Jean-Pierre GRAFÉ), Firmes belges dans le viseur américain, dans La Libre Belgique, mercredi 19 mars 2003, p. 22.
(7) La Belgique laissera finalement Washington utiliser son espace aérien, Dépêche AP - The Associated Press, mardi 18 mars 2003 (http://fr.news.yahoo.com/030318/5/33p7q.html).
P E R S M E D E D E L I N G Agalev by Berndette Friday March 21, 2003 at 12:08 AM |
Brussel, 20 maart 2003
Oorlog in Irak: juridische argumenten kunnen geen politieke discussie vervangen
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Voorbije nacht zijn de VS en het Verenigd Koninkrijk begonnen met de oorlog tegen Irak. De Groenen veroordelen deze daad. Deze oorlog is illegaal en niet-legitiem. Er is geen resolutie en geen VN-instrument dat een oorlog rechtvaardigt. De VS plaatst zich hiermee buiten de VN en de logica van het internationaal recht. Dit is voor ons ontoelaatbaar.
De Belgische regering heeft zich de voorbije weken en maanden duidelijk gepositioneerd in dit debat, en met name op twee punten. Ten eerste heeft België duidelijk gemaakt op geen enkele wijze te willen meewerken aan deze oorlog. Ten tweede heeft België steeds gesteld het VN-kader te willen versterken. De Groenen willen dat België consequent in deze richting verder werkt.
De Groenen blijven erbij dat België de gepaste maatregelen moet nemen om duidelijk te maken aan de VS dat deze oorlog niet kan. Daarom blijven wij erbij dat er geen militaire transporten meer mogen plaatsvinden over het Belgisch grondgebied. Wij staan hiermee niet alleen. Eerder afgelegde verklaringen van partij- en regeringsleden van SP.A, PS en MR bevestigden onze mening. We verschillen van mening met eerste minister Guy Verhofstadt, die de transporten wel wil laten doorgaan. Wij blijven erbij dat geldende verdragen niet zomaar kunnen worden ingeroepen om politieke uitspraken te vermijden. Dit is geen juridische discussie, maar een politieke.
De meerderheid van de bevolking deelt dit standpunt en wil geen oorlog.
AGALEV en ECOLO vragen aan de Belgische regering om bij de Franse en Duitse regering aan te dringen op een zeer sterk Europees alternatief vredessignaal.
Agalev betoogt deze middag mee aan
Jos GEYSELS, politiek secretaris Agalev
Philippe DEFEYT, Secrétariat Fédéral ECOLO
Joos WAUTERS, volksvertegenwoordiger Agalev
Muriël GERKENS, Fractievoorzitster AGALEV-ECOLO Kamer