arch/ive/ief (2000 - 2005)

On privatise la Passerelle à Liège !

Les menaces guerrières ne doivent pas faire oublier tout le reste et surtout pas le rouleau compresseur de l'OMC qui s'avance inexorablement vers la marchandisation totale de la planète.

L'A.G.C.S., Accord sur le Commerce des Services, lancé dès les accords de Marrakech de 1994 fondant l'OMC, dont les négociations continuent à se mener dans le secret et dans une grande indifférence médiatique et, hélas, politique, menace sérieusement ce qui survit de notre "Social Welfare" et de nos services publics.

La coordination "D'autres Mondes" rassemblant associations citoyennes et syndicats liégeois a voulu sensibiliser le public de la Cité Ardente en organisant une mise en scène festive et humoristique de la privatisation de divers secteurs essentiels de nos vies sur cette Passerelle, passage piéton qui relie les deux rives de la Meuse, très fréquentée le dimanche puisque beaucoup l'empruntent pour se rendre au fameux marché de la Batte.

Sous un chaud soleil, une habile propagandiste (Femmes Prévoyantes Socialistes) vante les "qualités" d'un hôpital suisse privé opérant une sélection sévère des patients puisque où l'on peut y trouver des soins de qualité supérieure mais... très payants. Un peu plus loin, "Goupil Moquette" propose au chaland médusé des abonnements payants pour le passage sur la Passerelle privatisée et recouverte de Moquette, le calcul du prix de l'abonnement passe par une évaluation burlesque de paramètres divers tels la longueur du pas et la pointure du candidat à la traversée.
"L'égalité entre les hommes est le principe qui comporte le plus d'exceptions" proclame un des slogans de "l'école privée" dont le "manager" joue admirablement son rôle (à tel point que certains passants un peu pressés sont proprement scandalisés ne comprenant pas spontanément qu'il s'agit d'une satire.)
Plus loin encore, Les pompiers de la société anonyme du même nom expliquent sans rire les différents niveaux d'abonnement possibles à ce service désormais privatisé.

Beaucoup d'imagination de la part des militants dans toutes ces représentations d'un avenir commercialisé à outrance.

Mais le passant pressé ramenant ses poireaux et son kilo d'oranges du marché a-t-il bien saisi ?

Cette matière est compliquée, la privatisation rampante de divers secteurs des services publics est déjà à l'oeuvre, le public a des choses à dire sur les services publics actuels, pas nécessairement en bien, la plupart des gens n'ont pas vraiment les idées claires sur le sujet et il nécessite un sérieux effort d'information (et d'une information austère et vaste).

Sous le soleil exactement, on privatisait à tout-va la Passerelle à Liège aujourd'hui. Puisse tous les talents exprimés ne pas se perdre et continuer à s'exprimer en d'autres lieux pour alerter les citoyens des dangers qui les menacent.

L'AGCS nuit gravement à la santé, à l'éducation, aux transports en commun, à l'accès à l'eau, ...

Colette Pieraert.