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La duplicité des dirigeants de la Vieille Europe
by Patrick Gillard Thursday March 13, 2003 at 11:06 AM
patrickgillard@skynet.be

Dans le dossier irakien, la duplicité n'est malheureusement pas l'apanage des dirigeants d'un seul pays : elle caractérise en tous cas l'attitude des gouvernants de la "Vieille Europe".

Soucieux de ménager la chèvre et le choux, le président Chirac se déclare tout à fait opposé à une nouvelle résolution de l'ONU qui autoriserait le déclenchement automatique de la guerre en Irak, mais il promet en même temps d'ouvrir l'espace aérien de son pays au passage des bombardiers américains pour le cas, fort probable, où le président Bush déciderait de lancer unilatéralement les États-Unis dans la destruction du régime de Saddam Hussein. Dans le dossier irakien, la duplicité n'est malheureusement pas l'apanage des dirigeants d'un seul pays : elle caractérise en tous cas l'attitude des gouvernants de la "Vieille Europe".

Malgré quelques titres trompeurs, comme « Tous derrière Chirac » (Libération) ou « La gauche applaudit, la droite soutient le chef de l'État » (Le Monde), le double jeu de Jacques Chirac n'a pas échappé aux responsables politiques de la gauche française. Doté d'une plus grande liberté de parole depuis que son parti a rejoint les bancs de l'opposition, « le député Verts Noël Mamère a [par exemple] estimé que le président de la République ferait preuve de duplicité si, comme il l'a affirmé, il ouvr[ait] l'espace aérien de la France au passage des B52 à destination de l'Irak en provenance de l'Angleterre. Le non à la guerre doit être à 100% et ne peut supporter de petits arrangements qui ne feraient que contribuer à légitimer une guerre américaine qui prend le risque de mettre le feu à la planète, a ajouté M. Mamère. Pour lui, il faut que la position du gouvernement [français] soit claire : 100% non, c'est ni matériel, ni hommes, ni espace aérien à l'armée américaine. ». (1) Des propos radicaux tels qu'on aimerait en entendre prononcer davantage par les gouvernants belges - Verts en tête.

En Belgique aussi, certains actes gouvernementaux contredisent le contenu des déclarations pacifiques que les ténors politiques clament haut et fort sur la scène diplomatique internationale. Comment peuvent-ils, par exemple, se déclarer à la fois contre la guerre en Irak et favoriser son inéluctable déclenchement : non seulement lorsqu'ils autorisent le passage sur le territoire national et l'embarquement à Anvers de matériel militaire étasunien en provenance d'Allemagne et à destination du golfe Persique, mais aussi lorsqu'ils demandent l'arrestation préventive de 150 personnes qui souhaitaient manifester pacifiquement en arrêtant les "trains de la guerre" ?

Malgré son pacifisme proclamé, l'Allemagne fait également preuve d'hypocrisie dans ce dossier puisqu'elle a « envoyé des missiles Patriot aux Pays-Bas, à charge pour [les Hollandais] de les disposer en Turquie ». (2)

Mais ne soyons pas naïfs ! Ni l'utilisation du droit de veto, ni l'improbable radicalisation des propos soi-disant "pacifiques" des responsables politiques de la "Vieille Europe" n'arrêteront la machine de guerre américaine que George W. Bush et son équipe de faucons ont déjà mis en route. Tout au plus, permettraient-elles une certaine réduction du fossé qui sépare les discours politiques et les revendications des citoyens.

La présence probable de la plupart des ténors politiques de coalition gouvernementale belge à la manifestation anti-guerre du samedi 15 mars ne doit nous leurrer sur leurs objectifs électoraux à court terme. A deux mois des élections législatives belges, certains chefs de partis y « décoche[ont] des sourires plus vite que d'autres distribue[ront] des tracts » (3), comme ils l'ont déjà fait le mois dernier.

Les manifestations de samedi n'arrêteront certainement pas la guerre d'Irak. Mais si les slogans qui y sont scandés pouvaient ne fut-ce que dénoncer l'insupportable hypocrisie de certains de nos gouvernants de la "Vieille Europe", elles auraient déjà atteint un louable objectif.

Patrick Gillard, historien
Bruxelles, le 13 mars 2003

Notes

(1) Avec AFP et Reuters, La classe politique française soutient Jacques Chirac, dans Le Monde, mardi 11 mars 2003.

(2) Christophe Lamfalussy, Belle bataille politique à l'Otan, dans La Libre Belgique, mardi 18 février 2003, p. 9.

(3) Bénédicte Vaes, Bruxelles, capitale de la vieille Europe, dans Le Soir, lundi 17 février 2003, p. 4.

Que?
by Cécily Thursday March 13, 2003 at 11:47 AM

Que peut faire la France si les Etats-Unis demandent poliment à passer au-dessus de son territoire en B52? Répondre non merci. Et s'ils passent quand même? Se lancer dans des opérations aériennes d'interception sous la menace des ames? Sortir ses plus beaux missiles ?
Dire non à la guerre et laisser faire les USA tout seuls, c'est sans trop de risques, mais commencer à les empêcher, c'est entrer en guerre personnellement. C'est armée contre armée, c'est-à-dire un stade incomparablement plus avancé que l'interception de trains par la société civile selon les méthodes non-violentes.
Donc, faut voir démocratiquement si la majorité des Français acceptent une entrée en guerre.
C'est dans de petits signes qu'on peut reconnaître le degré de sincérité de l'opposition des autorités étatiques européennes à la guerre: par exemple, le degré de zèle des autorités européennes à défendre le passage des trains et le départ des bateaux américains contre les actions d'opposition des groupes de la société civile. Si à ces occasions, les flics pouvaient se faire lents et inefficaces... Ca ne sert à rien de provoquer la surpuissante armée US; c'est plus efficace qu'elle s'enlise dans une résistance molle jusqu'à ce qu'arrive la saison torride dans le désert irakien. Il paraît que c'est à la mi-mars.

Raisonnement bizarre ...
by red kitten Thursday March 13, 2003 at 12:39 PM
redkitten@indymedia.be

L'Autriche a refusé que les troupes US passent sur son territoire.
Pour autant que je sache, les USA n'ont pas encore déclaré la guerre à l'Autriche …

Celà fait des mois que les USA préparent leur agression contre l'Irak, tout en gardant en ligne de mire l'iran, la Corée, la Syrie, etc, alors je les vois mal commencer une guerre contre la France ou l'Allemagne. Ce genre d'idée est juste absurde [ pour le moment ].

La turquie, elle
by R.B. Thursday March 13, 2003 at 12:46 PM

La Turquie, elle, n'était pas d'accord avec le déploiement américain sur son territoire.
Et les américains y sont !
Il y a en effet des problèmes à poser et des solutions à trouver, mais ce n'est pas simple

bombardement de la Libye
by do Friday March 14, 2003 at 03:18 AM

Salut,

Lors du bombardement de la Libye par les chefs des Américains, il y a quelques années, les chefs des Français n'avaient pas autorisé le passage des bombardiers américains sur le sol de fRANCE !

A+
do
http://mai68.org