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Comment combattre l'extrême droite ?
by Hugues Le Paige Wednesday March 12, 2003 at 06:50 PM
mediadoc.diva@skynet.be

Comment combattre le plus efficacement l'extrême droite ? Par la voie juridique ? Par l'action politique ? Par le combat des idées ? Par le tout à la fois ? Faut-il faire silence ou au contraire dénoncer haut et fort ?

Le débat est aussi vieux que l'existence de l'extrême droite elle-même et il rebondit à chaque occasion. En France, les partis démocratiques de droite ou de gauche se posent toujours à la question constatant non seulement qu'ils ne sont pas arrivés à réduire l'influence du Front National mais que celui-ci est arrivé au sommet de sa popularité lors des dernières élections présidentielles.

Sans doute, n'y a-t-il pas une seule bonne réponse à ces questions. Sans soute faut-il mêler et adapter les stratégies démocratiques en fonction de différents paramètres.

Chez nous les dernières décisions judiciaires en la matière ont relancé le débat. La semaine dernière la Cour d'Appel de Bruxelles s'était déclarée incompétente pour juger des écrits racistes du Vlaams Blok, estimant qu'il s'agit-là d'un délit politique relevant de la Cour d'Assises. C'était la deuxième fois qu'un tribunal allait ainsi à l'encontre de la volonté du législateur qui en 1999 avait précisément décidé de correctionnaliser le délit de presse à caractère raciste. Le Centre pour l'Egalité des Chances, institution fédérale et la Ligue -néerlandophone- des droits de l'homme ont décidé de se pourvoir en cassation de cette décision. Ce qui est à la fois une manière de poursuivre leur combat sur le fond mais aussi de refuser une sorte de vide juridique.

La curieuse décision de la Cour d'Appel qui a donné un sens extrêmement large - et douteux- à la notion de délit politique avait évidemment provoqué des réactions très contrastées. Le Vlaams Blok a évidemment crié victoire, interprétant cette décision comme un succès contre ce qu'il appelle le "régime belge". A l'exception d'Agalev, les partis démocratiques flamands ont réaffirmé que le combat contre Le Vlaams Blok devait être politique et non juridique dans la mesure où celui offre une tribune à l'extrême droite qui, en outre, peut occuper la posture du martyr.

Tandis que les francophones veulent poursuivre les deux stratégies, juridique et politique. Cela dit personne n'a trouvé la solution miracle et la situation des uns et des autres est trop différente pour se permettre des leçons réciproques.

Une seule certitude, tout de même: au Nord comme au Sud, les partis démocratiques ne peuvent être convaincants qu'en défendant leurs valeurs d'une manière offensive et en les appliquant dans leur propre politique.

Hugues Le Paige, 6/03

(DIOGENE(S) n° 43 - mediadoc.diva@skynet.be)