arch/ive/ief (2000 - 2005)

Ouagadougou – L'avance des chaînes européennes en Afrique occidentale. Les sociétés de télévision africaines ne tiennent pas le coup. Les téléspectateurs africains apprendront encore moins sur leur réalité que maintenant. Un report du Festival de cinéma pan-africain (FESPACO) au Burkina Faso.
"Si les chaînes de télévision ne parlent pas de la réalité des gens, elles ne tiendront jamais debout". Voilà ce que dit le journaliste et critique de cinéma béninois Souleymane Bilha.Concrètement cela signifie que les chaînes doivent produire de (bons!) sit-coms (feuilletons comiques). Le Bénin en a eu une: Aziza, un vrai sérialde culte; lors des émissions d'Aziza, les rues se vidaient.

"Mais les journalistes de la télévsion nationale préfèrent d'émettre les entretiens en studio, ils s'enferment en invoquant la manque de moyens", affirme Bilha. "Ils n'ont qu'à emmner leurs caméras dehors, à enquêter, à montrer le monde du travail".

Aziza a fourni la preuve: quand les gens voient à la télé leur voisins et leurs voisinages, ils réagissent avec un grand enthousiasme. Parce que les chînes nationales dans la plupart des cas ne le font pas, elles perdent du terrain et des spectateurs à n'importe quelles chaînes étrangères.

"Prenons le cas d'LC2", dit Bilha, "cette chaîne privée béninoise existe depuis 3 années, mais elle n'a toujours aucune programme à elle. Elle n'émet que des feuikketons français ou canadiens. Des nouvelles du Bénin ne sont guère montrées. Ben, les spectateurs quittent en masse. Ils regardent l'offre des chaînes par satellite européennes, et s'y abonnent. Puisque non seulement ça leur donne les mêmes feuilletons ou des meilleurs, ils obtiennent également des tas de nouvelles de par-dessus le monde. Ni LC2 ni la chaîne nationale ORTB n'y tiennent le coup".

Bilha observe deux conséquences évidentes: la population du Bénin n'est plus informée sur son propre pays ou le reste de l'Afrique, et l'influence du Rêve Occidentale ne fait qu'augmenter. Bilha: "Cela se voit dans les vêtements, dans les habitudes alimentaires : les africains maigrissent de plus en plus. Traditionnellement, nous aimons des gens ronds, bien nourris. Mais aujourd'hui tout le monde commence à perdre du poids, puisque c'est la mode à la télévision occidentale".

Par contre, Souleyman Bilha ne croit pas que les Africains reprennent aussi par ce moyen la façon européenne de penser. "Il s'agit plutôt du contraire, cela ouvre des espaces libres. Prenons ‘Ca Va Se Savoir' de la RTL: cette émission nous choque très souvent: elle est grossière, vulgaire, complètement inappropriée aux enfants. Par contre, ils discutent sans retenue les tabous et rendent beaucoup de thèmes suceptibles à la discussion pour nous".