La "crise irakienne" n'est ni une crise, ni irakienne ! by Patrick Gillard Thursday March 06, 2003 at 06:09 PM |
patrickgillard@skynet.be |
L'expression "crise irakienne" est omniprésente, mais galvaudée. Ce cliché domine par exemple les pages internationales du journal Le Soir, depuis quelques semaines. Une simple recherche sur ce thème via internet apporte des milliers de réponses. Cette ubiquité ne garantit cependant pas l'exactitude du slogan. Tentative de démonstration.
Qu'est-ce qu'une « crise...
Tous les sens donnés au mot "crise" par Le petit Robert contiennent une notion de brièveté. C'est la troisième acception du terme qui éclaire particulièrement notre propos. Elle définit une crise comme une « "phase grave dans l'évolution des choses, des événements, des idées". C'est un moment d'extrême tension, de paroxysme, de conflit, de changement, intervenant lorsque les régulations et rétroactions des systèmes politiques ou géopolitiques ne suffisent plus ou ne jouent plus. Quelle que soit l'intensité qu'on lui prête ou qu'elle a réellement, une telle crise ne peut se pérenniser, qu'elle soit politique, géopolitique ou économique » (1). Or, le conflit qui oppose aujourd'hui la Maison Blanche et ses alliés au régime de Saddam Hussein a commencé en 1991, avec la guerre du Golfe. Et depuis l'opération Tempête du Désert, les Irakiens et les Irakiennes ne connaissent plus la paix. Cette guerre de 1991 qui « ne s'est jamais terminée » (2) se caractérise par un sévère embargo à peine allégé par l'amendement, en 1998, du programme appelé "Pétrole contre Nourriture". Mais comme toutes les confrontations militaires, elle compte également un grand nombre de bombardements dont la fréquence a augmenté à partir de 1998.
Dans notre exemple irakien, force est de « constater que le mot "crise" est (...) usité - à tort - pour désigner non une rupture, mais une série de phénomènes, un processus » (1). La prétendue "crise irakienne" actuelle ne serait en réalité que le dernier phénomène spectaculaire s'inscrivant dans le processus de la guerre non terminée par George Bush père.
Le déplacement sémantique du mot "crise" n'est certainement pas innocent. C'est en tout cas l'avis de Gérard-François Dumont qui pense que « cette évolution de l'usage du mot provient peut-être du fait que le mot "crise" est sans doute devenu une sorte de mot "joker", qui évite peut-être d'employer un autre terme moins commode parce que plus exigeant pour l'esprit critique » (1). L'examen du cas qui nous occupe confirme cette hypothèse. La réduction de la notion de conflit permanent ou de guerre latente à l'idée d'une simple crise permet en effet de cacher les enjeux réels de la confrontation en question au grand public. Derrière les motivations officielles successives des dirigeants étasuniens (désarmement, remplacement du régime de Saddam Hussein par un système démocratique, remodelage du Proche-Orient au profit du règlement de la question palestinienne, droits de l'homme, etc.) se cachent en effet les véritables enjeux hégémoniques, géostratégiques et pétrolifères de la guerre que l'administration Bush a décidé de porter à tout prix en Irak. Véritables enjeux de la guerre que l'emploi inflationniste de la formule "crise irakienne" pour la désigner ne dévoile pas. Comme « la guerre de 1991 ne s'est jamais terminée » (2), les termes "guerre" ou "conflit" restent par conséquent ceux qui correspondent le mieux à la réalité de la situation sur le terrain.
... irakienne » ?
L'utilisation de l'adjectif "irakienne" n'est pas plus correct que celle du vocable "crise". Parler d'une "crise irakienne" fait indéniablement penser à tort à une crise politique ou économique intérieure, comme par exemple celle qui a frappé l'Argentine. A moins que cette formule ne veuille suggérer que l'Irak soit le seul responsable de la prétendue crise actuelle. Or dans le conflit qui nous retient, deux camps s'opposent et s'affrontent bel et bien depuis 1991 : d'un côté - nous simplifions - l'administration américaine et ses alliés et, de l'autre, le régime de Saddam Hussein. Somme toute, l'appellation "guerre américano-irakienne" serait beaucoup plus proche de la vérité, de la même manière que l'expression "conflit israelo-palestinien" traduit honnêtement ce qui se passe quotidiennement dans cette partie du Proche-Orient.
« Pour que nous puissions vivre et mourir dignement, il faut appeler les choses par leur nom » (3). L'emploi abusif de l'expression "crise irakienne" cache la nature réelle du conflit qui se développe devant nous : la guerre américano-irakienne ! Avec John Berger, « exigeons [donc] qu'on nous rende nos mots ». (3)
Patrick Gillard, historien
Bruxelles, le 6 mars 2003.
NOTES
(1) Recteur Gérard-François DUMONT, Qu'est-ce qu'une crise ?, dans Geostrategiques, avril 2001, n°4 (http://www.strategicsinternational.com/f4dumont.htm)
(2) Michel WÉRY, Irak : la guerre de 1991 ne s'est jamais terminée. Les bombardements anglo-américains(1991-2003), GRIP, 14 février 2003 (http://www.grip.org/bdg/g2041.html).
(3) John BERGER, Où sommes-nous ?, dans Le Monde diplomatique, février 2003, p. 15.
Bien vu. by red kitten Thursday March 06, 2003 at 06:26 PM |
redkitten@indymedia.be |
En effet, ces petites expressions anodines sont bien les petits rouages de la machine de propagande. On les répètes sans cesse, jusqu'à ce qu'elle s'impose et finallement détourne le sens des évenements ... Des frappes "chirugicales", des "dégats collatéraux", etc ...
Quand aux terme à leur préfèrer, je ne suis pas tout à fait d'accord: il ne s'agit pour moi nullement d'une "guerre américano-irakienne" où l'on place sur le même niveau l'agresseur surpuissant et l'agressé beaucoup plus faible. Je parlerais de "l'agression de l'Irak par les USA."
C'est la même chose pour le "conflit israelo-palestinien", on l'on cherche aussi à mettre sur le même plan un état puissement armée et soutenu internationallement [ cf. résolutions de l'ONU ] et une population quasiment totallement désarmée et bien moins organisée. Il s'agit avant tout de territoires occupés, l'état Israëlien occupe militairement un territoire, et pas le contraire.
ya pas de crise irakienne, y a une cise américaine by chapopointu Friday March 07, 2003 at 12:17 AM |
Supposons que
1. les USA soutiennet Sadam, et lui livrent les dernières armes les plus sophistiquées (chimiques et biologiques)
2. qu'après leur avoir rendu le service d'attaquer l'iran
3. qu'après leur avoir donné vicieusement la "permission" de récupérer le koweit comme prévu dans les accords signés par les anglais
4. les américians décident finalement d'attaquer sadam pour s'ppproprier les champs pétroliers irakiens
5. les américains décident de choisir le terrain irakien pour l'esaai à grande échelle de leurs dernières armes (avions furtifs, bombes I)
6. que malgré l'opposition du maximum des peuples de la planète, grâce à des chantages (sur les plus pauvres)et des
pressions ou des corrruptions execées sur d'autres pays)
7. à des promesses faites à des gouvernements ayant des intérêts en Irak (france, Turquie)
suppsons donc, que finalement la guerre éclate d'ici une semaine ..........
dites-moi alors quel est encore le rôle de l'ONU et de l'OTAN avec le pouvoir exhorbitant face aux pays munis du droit de veto, quel rôle l'OTAN à a jouer la-dedans? .......... ET QUI VA ensuite payer la facture politique et économique de rconstruire ce pays sous administration américaine?
Il faut sortir de l'OTAN et dissoudre l'ONU. De toutes façon les USA utilisnt l'ONU pour justifier leurs guerres mais ommettent de payer leurs cotisations pour les branches humanitaires de celle-ci même si ce sont eux qui décident de l'endroit où ils commettront leurs dommges collatéraux.