"La face cachée du Monde"

Selon Bernard Delattre dans La Libre Belgique (26/02) "l'ouvrage, très inégal, s'en prend notamment, et nommément, au triumvirat dirigeant le journal": Jean-Marie Colombani (directeur), Alain Minc (président du conseil de surveillance et de la société des lecteurs) et - le plus attaqué des trois dirigéants - Edwy Plenel (directeur de la rédaction). "Enqûete ou délire ?", Delattre se demandait. "La justice tranchera": Le Monde a annoncé des poursuites judiciaires.

Joëlle Meskens nous donne (dans Le Soir de 26/02) un survol des "dix clés d'un brûlot à sens unique". 1) "Le Monde n'est plus ce qu'il était; 2. Le Monde dénigre la France, 3. Le Monde fait et défait les politiques, 4. Le Monde sert les nationalistes Corses, 5. Le Monde carbure à la haîne, 6. Le Monde est un 'tribunal révolutionnaire', 7. Le Monde est entaché par un passé sulfureux, 8. Le Monde s'en prend pour un justicier, 9. Le Monde pratique le publi-reportage et 10. Le Monde maquille ses comptes.

Le Soir a aussi fait attention au point de vue d'un des deux écrivains du livre (Pierre Péan) et aux réactions du Monde ("C'est un roman d'espionage").

Côté néerlandophone, De Morgen et De Standaard ont publié le 25 février des articles sur le nouveau livre: "Nieuw boek neemt 'Le Monde' onder vuur" (De Morgen) et "Le Monde verraadt haar stichter" (De Standaard). Le plus remarquable était le "Focus" de Mia Doornaert dans De Standaard (27/02): "Boek over 'Le Monde' staat bol van haat". Doornaert a défendu Le Monde contre le livre de Péan et Cohen: "het lijkt meer op een emotionele aanval op Plenel en Colombani, dan op een lucide doorlichting van Frankrijks invloedrijkste krant."

La rédaction du Monde écrivait le mercredi 26 février dans l'éditorial: "Premier quotidien francophone de la planète, ce journal, qui fêtera en décembre 2004 ses 60 ans, a évidemment de l'influence et du pouvoir. Il ne saurait s'en excuser ni le regretter: l'ambition de tout journal digne de ce nom est d'être lu, commenté, entendu, apprécié. Mais il peut lui arriver d'utiliser cette influence à mauvais escient, comme il peut être tenté d'abuser de son pouvoir. Il peut se tromper, commettre des erreurs, faire du mal, blesser etc. Les journalistes du Monde le savent d'expérience ..." "A priori Le Monde ne devrait donc que se féliciter de la parution d'un livre qui est d'abord un hommage au succès collectif de tous celles et ceux qui ont amélioré ce journal" ... Mais il y a de la haîne dans ce livre. Et l'éditorial finit: "La haine, la plus triste des passions. Une haine qui, hélas, habite le livre qui nous est consacré."

Le page 18 de Le Monde de 26 février était presque complètement consacré à la défense d'Edwy Plenel contre le livre. Dans un deuxième article, la conclusion était: "Le journal est la cible d'attaques croisées des extrêmes dans des livres pamphlétaires et des libelles depuis les années 1950."

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