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Révérend Jackson, laissez-moi parler
by R.B. Monday February 24, 2003 at 09:14 PM

Révérend Jackson, laissez-moi parler

"Pourrais-je avoir le micro une minute pour dire aux gens comment je vis ?", a demandé la grand-mère irakienne.

J'ai passé une partie de la journée de samedi dernier avec ceux qu'on appelle les manifestants "anti-guerre", à Londres, en compagnie de quelques amis irakiens. Notre but était de persuader les organisateurs de permettre à au moins une voix irakienne de se faire entendre. Très vite, pourtant, il apparut clairement que les organisateurs étaient soucieux d'étouffer la voix des Irakiens en exil qui voulaient dire comment Saddam Hussein se comporte en Irak.

Les Irakiens étaient venus avec des plaquettes où l'on pouvait lire : "Liberté pour l'Irak !" et "Un pouvoir américain, c'est cent mille fois préférable à la tyrannie de Takriti!"

Mais les gros durs qui surveillaient la marche n'étaient pas d'accord avec ça. Seules étaient autorisées des affichettes officielles, fabriquées par milliers et distribuées aux manifestants "volontaires". On pouvait y lire : "Bush et Blair, tueurs de bébés!" "Pas en mon nom !" "Liberté pour la Palestine !" et "Inculpez Bush et Sharon !"

Aucune affichette n'exigeait que Saddam désarme pour éviter la guerre.

Ces voyous stipendiés ont également confisqué des photographies montrant la tragédie de Halabja, la ville kurde, où les forces de Saddam gazèrent à mort 5.000 personnes, en 1988.

Nous avons réussi à aborder quelques vedettes de la manifestation, et, parmi eux, le Révérend Jesse Jackson, champion autoproclamé des droits civiques américains. Une personne de notre groupe, Salima Kazim, une grand-mère irakienne parvint à attirer l'attention du révérend et lui raconta comment Saddam Hussein avait assassiné ses trois fils, parce qu'ils étaient des dissidents du parti Ba'ath; et comment l'un de ses petits-fils était mort dans la guerre que Saddam avait menée contre le Koweit, en 1990.

"Pourrais-je avoir le micro une minute, pour dire aux gens comment je vis?" demanda la vieille Salima, âgée de 78 ans.

Cela n'a pas plu au révérend.

"Aujourd'hui, il ne s'agit pas de Saddam Hussein", s'irrite-t-il. "Aujourd'hui, il s'agit de Bush et de Blair, et du massacre qu'ils projettent de perpétrer en Irak". Salima a dû battre une retraite, et nous à sa suite, tandis que les 'gorilles' du révérend s'approchaient pour protéger Sa Sainteté.

Après cela, nous avons repéré l'ancienne vedette de cinéma, Glenda Jackson, qui, à ce qu'il semble, tenait un stand où des personnalités "pacifistes" pouvaient s'engager à devenir "boucliers humains", afin de protéger les installations militaires de Saddam contre des attaques aériennes américaines.

"Ces gens sont dingues", dit Awad Nasser, un des poètes modernes les plus célèbres d'Irak. "En réalité, ils s'engagent à sacrifier leur vie pour protéger l'arsenal de mort du tyran."

L'ancienne vedette de film, aujourd'hui députée et membre du parti travailliste, n'avait pas de temps à consacrer aux "problèmes secondaires" tels que les 1,2 millions d'Irakiens, d'Iraniens et de Koweitiens, morts à cause des différentes guerres de Saddam.

Nous nous sommes dit que nous aurions peut-être plus de chance avec Charles Kennedy, un rouquin écossais à l'allure juvénile, qui dirige le (mal nommé) Parti Libéral Démocrate. Mais, lui non plus, n'avait pas de temps pour les "questions complexes" qui ne pouvaient être abordées dans un rassemblement de masse.

"Notre rôle, ici, c'est de dire aux gouvernements américain et britannique que nous sommes contre la guerre", proclame-t-il pompeusement. "Il y aura largement assez de temps pour les autres problèmes".

Mais n'était-il pas étonnant qu'il puisse y avoir une manifestation concernant l'Irak, sans la moindre mention de ce que Saddam et son régime avaient fait durant près de trois décennies? Juste une petite suggestion : peut-être Saddam continuait-il d'assassiner des gens dans sa prison de Qasr al-Nayhayah (Palais de la Fin), et, tandis que les Occidentaux défilaient, peut-être des Irakiens continuaient-ils à mourir…

Aucun risque [qu'on nous écoute].

Nous avons alors rencontré Tony Benn, un septuagénaire gauchiste recyclé en journaliste de télévision pour interviewer Saddam à Bagdad.

Mais nous avons appris qu'il ne valait pas la peine de lui parler. Le soir précédent, il était apparu à la télévision pour dire aux Anglais que son ami Saddam défendait la cause des "petites gens" contre "l'Amérique hégémonique".

"Ces gens sont-ils des ignorants, ou sont-ils aveuglés par leur haine des Etats-Unis?" a demandé Nasser, le poète.

Les Irakiens auraient beaucoup à dire aux manifestants "pacifistes", s'ils avaient la chance de pouvoir parler. Fadel Sultani, président de l'association nationale des auteurs irakiens, aurait dit aux manifestants que leur action encouragerait Saddam à intensifier sa répression.

"J'avais quelques questions pour les manifestants", dit Sultani. "N'ont-ils pas pris conscience que l'oppression, la torture et le massacre de civils innocents sont également des formes de guerre? Les manifestants pacifistes sont-ils seulement contre une guerre qui libérerait l'Irak, ou s'opposent-ils également à la guerre que Saddam a menée contre notre peuple durant une génération?"
Sultani aurait pu dire aux pacifistes comment les partisans de Saddam ont tué les poètes et les écrivains dissidents, en leur enfonçant dans la gorge, une par une, des pages de livres interdits, jusqu'à ce qu'ils meurent étouffés.

Hashem al-Iqabi, l'un des auteurs et intellectuels éminents d'Irak, espérait que les manifestants mentionneraient le fait que Saddam avait chassé de leurs maisons près de quatre millions d'Irakiens et rasé jusqu'au sol plus de 6.000 villages.

"Les morts et les destructions causées par Saddam dans notre pays sont les pires depuis Nebuchadnezzar", dit-il. "Ces Européens prospères, paisibles et bien nourris manifestent pour soutenir le mal incarné". Et de confier qu'en observant la manifestation, il avait senti que le nazisme était "bel et bien vivant, et qu'il se faisait les muscles à Hyde Park".

Abdel-Majid Khoi, fils du défunt Grand Ayatollah Khoi, le plus éminent dignitaire religieux d'Irak depuis près de 40 ans, a parlé de "la douleur morale profonde" qu'il ressent en entendant le prétendu discours "pacifiste".

"La nation irakienne est comme un homme maintenu en captivité et torturé par une bande de gangsters", dit Khoi. "L'attitude morale appropriée est de voler au secours de cet homme et de l'aider à se libérer et à mettre en fuite les tortionnaires. Mais ce dont nous sommes témoins, en Occident, c'est du contraire: on soutient les tortionnaires et l'on méprise totalement la victime."

Et Khoi d'assurer qu'il dirait "wasahlan ahlan" (bienvenue) à quiconque libérerait l'Irak.

"Quand vous avez été torturés à mort, vous ne faites pas le fin bec à propos de celui qui vous sauve", dit-il.

Ismail Qaderi, ancien dignitaire du Ba'ath, et aujourd'hui dissident, aurait voulu expliquer aux manifestants comment Saddam a systématiquement détruit même son propre parti, en commençant par l'assassinat de 15 sur 16 de ses dirigeants historiques.

"Ceux qui voient Saddam comme un symbole de socialisme, de progrès et de laïcité dans le monde arabe doivent être fous", dit-il.

Et Khalid Kishtaini, l'auteur satirique le plus célèbre d'Irak, d'ajouter sa récrimination à celles des autres :

"Ces participants à la marche [contre la guerre] ignorent-ils que la seule marche possible, en Irak, sous Saddam Hussein, est celle qui mène de la prison au peloton d'exécution?"

Et de conclure : "Les manifestants occidentaux se comportent comme si les Etats-Unis voulaient envahir la Suisse, et non l'Irak de Saddam Hussein."

Toutes les portes nous ayant été claquées au nez, nous avons décidé d'abandonner la manifestation et d'observer la zoologie politique de la marche depuis les marges…

Qui étaient ces gens qui ressentent une telle haine envers leurs gouvernements démocratiques et une haine de soi aussi intense ?

C'étaient les coupables bien connus: les restes de la gauche, depuis les Staliniens et les Trotskistes jusqu'aux socialistes-caviar. Il y avait les pro-avortement, la foule des anti-OGM, les opposants à la peine capitale, les gourous des droits des Noir, les antisémites, le lobby du "brûlez Israël !", les fanatiques du "Bush-n'a-pas-gagné-en-Floride", les partisans du désarmement unilatéral, les marchands de l'"exception culturelle" anti-Hollywood, les postmodernes à cheval sur leur culpabilité, et les philosophes du "tout équivaut à n'importe quoi d'autre".

Mais la majeure partie de la foule consistait en compagnons de voyage, citoyens innocents qui, mus par un idéal ou par l'ennui, sont toujours prêts à jouer le rôle d'"idiots utiles", comme Lénine avait coutume de les nommer.

Ils ignorent que les peuples d'Irak sont unanimes dans leurs prières pour que la guerre de libération se produise aussi rapidement que possible.

Le nombre des manifestants n'a pas impressionné Salima, la grand-mère.

"Ce qui est faux ne devient pas juste parce que beaucoup de gens l'affirment", dit-elle, en nous faisant ses adieux, tandis que les manifestants criaient : "Pas en mon nom!"

Espérons que quand l'Irak sera libéré, comme il le sera bientôt, le monde se rappellera que cela ne s'est pas fait au nom du Révérend Jackson, de Charles Kennedy, de Glenda Jackson, de Tony Benn ni de leurs compagnons de cette manifestation de la honte.

Amir Taheri *


* Ecrivain et journaliste iranien, Amir Taheri est rédacteur en chef de Politique Internationale, média ayant son siège à Paris.

Un vrai texte de propagande US
by fran Monday February 24, 2003 at 10:30 PM
fran@AlterMundus.net

Taheri écrit : "Ceux qui voient Saddam comme un symbole de socialisme, de progrès et de laïcité dans le monde arabe doivent être fous"

--> Je ne connais pas beaucoup d'opposants à l'agression US de l'Irak qui considèrent Saddam comme un symbole de socialisme. Et s'ils existent, ils sont certainement très minoritaires. La plupart des gens savent très bien que Saddam est un dictateur. Le procédé de Taheri est malhonnête et pas très subtil.

Taheri écrit : "Ils ignorent que les peuples d'Irak sont unanimes dans leurs prières pour que la guerre de libération se produise aussi rapidement que possible."

--> Sans doute, mais cela ne veut pas dire que les peuples d'Irak veulent être "libérés" par la junte Bush, ils préfèrent que cela soit fait par les Nations Unies, comme l'expriment clairement les communistes irakiens.

Source :
http://userlists.all2all.org/pipermail/altermundus/2003-January/000014.html

Taheri montre une désagréable tendance à faire de malhonnêtes procès d'intention. D'autre part, il n'est pas difficile de trouver des irakiens favorables à une intervention US unilatérale, notamment ceux qui espèrent que la junte Bush les placera au "pouvoir" le jour où la junte Bush annexerait l'Irak.

Mais qui est Amir Taheri ?

Taheri est, entre autre, commentateur à CNN, et au cours des dernières années il a surtout publié dans le New York Times et le Wall Street Journal, qui sont les journaux de la droite religieuse US. Taheri est également un des "experts" de Benador Associates, un "think tank" de la droite radicale US, où il côtoie James Woolsey, un ancien directeur de la CIA, et surtout Richard Perle, le chef de l'US Defence Policy Board qui conseille Donald Rumsfeld au Pentagone. Perle est aussi rédacteur en chef du Jerusalem Post et membre de l'American Enterprise Institute for Public Policy Research, cet autre "think tank" dont on dit qu'il est le véritable centre de décision de la maison blanche.

Source :
http://www.benadorassociates.com/taheri.php

Voilà. Ca permet de mieux replacer les choses dans leur contexte, lorsqu'on connaît un peu mieux le « background » d'un auteur.

Fran
http://www.AlterMundus.net

et moi je connais un réfigien irakien quii ...
by chapopointu Tuesday February 25, 2003 at 06:44 AM

Et moi aussi Monsieur le propagandiste de la guerre je connais des réfugiés irakiens. Réfugié au Maroc à cause du régime de Sadam où petit à petit il essaie de faire venir sa famille, celui-ci fait du théâtre avec sa petite troupe au Maroc. Sa pièce, ses allocutions parlent des atrocités commises par la 1ère coalition contre l'Irak, surtout le viol et le meurtre à mains nues de grand-mères commises par les soldats US, de l'oxyde d'uranium puissant produit toxique que les bombes américaines ont disséminé dans le pays. Comme si les malheurs commis par le régime de Sadam (mis en place par les USA) ne suffisaient pas ils ont du endurer et devraient endurer de nouveau les sales bombes américaines? Et bien non! Cet opposant à Sadam ne se réjouit pas de voir son peuple "libéré" par ceux qui ont placé, armé et maintenu un dictateur à la tête de leur pays. Et chacune de ses poignantes allocutions mon ami les termine par ces mots tragiques: le malheur du peuple irakien c'est sa richesse, le pétrole.
36 % des vétérans de la 1ère guerre du golf ont portés plainte contre l'état US pour les maladies qu'ils contractées là-bas à cause des méfaits de l'uranium appauvri. L'état US explique ces maladies par des retombées radio-actives provenant des cibles nucléaires visées par la coalition. MENSONGE! Qu'on se le dise! les bombes à uranium appauvri c'est de L'ARMEMENT CHIMIQUE en plus d'être de puissants explosifs perforrants. A cause de la toxicité chimique des oxydes libérés après l'impact c'est un air vicié qui continue à produire en Irak de graves maladies et malformations parmi les nouveaux-nés.Les armes de destruction aveugle et massive c'est aux USA qu'elles se trouvent, ou plutôt sur leurs navires qui croisent dans le golf.
Il fait être un Irakien isolé de son peuple pour oser affirmer que les américains sont attendus dans la liesse, ou grassement payé et corrompu par l'agence de propagande américaine pour oser affirmer ça!