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[ Festival des Résistances ] Récit de l'après-midi
by Arnaud Sunday February 23, 2003 at 11:02 PM
arnaudleblanc@swing.be

Ce 23 février, de 400 à 600 manifestants ont participé au Festival des Résistances devant le centre fermé pour étrangers de Steenokkerzeel. L'action globalement festive a quand même rencontré des incidents après de nombreux actes de provocation de la police.

[ Festival des Résis...
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Ce 23 février, de 400 à 600 manifestants ont participé au Festival des Résistances devant le centre fermé pour étrangers de Steenokkerzeel. L'action globalement festive a quand même rencontré des incidents après de nombreux actes de provocation de la police. On doit malheureusement signaler l'hospitalisation d'une manifestante due à l'usage par les forces de l'ordre d'une autopompe alors que la manifestation s'éloignait du centre fermé.

Le but proclamé des organisateurs de la manifestation était de « rendre visible ce qu'ils veulent garder invisible ». C'est pourquoi 400 à 600 manifestants se sont rendus cette après-midi à Steenokkerzeel pour qu'on n'oublie pas l'enfermement constant d'étrangers dans notre royaume. En préparation de ce festival, les organisateurs avaient appelé les manifestants à multiplier les moyens d'expression pour rendre vraiment cette action la plus festive possible. Malheureusement, on ne peut que regretter le manque d'enthousiasme pour la cause des sans-papiers. Sans une plus large participation, les autorités belges ne pourront que se complaire dans le silence qui entoure la problématique des centres fermés.

Pour commencer la manifestation en beauté, les forces de l'ordre ont dès le départ fait monter la pression. La rue qui mène au centre fermé était entièrement interdite à la circulation. A leur arrivée, les manifestants devaient passer par des barrages de policiers pour contrôle d'identité (l'identité étant évidemment répertoriée dans des cahiers) et pour fouille des sacs, sans oublier la prise d'une photo de chaque manifestant. Le contrôle était systématique. Cependant, la plupart des manifestants qui avaient pris le train à partir de Bruxelles ont réussi à contourner ensemble les contrôles et certains qui venaient par leur propre moyens ont décidé de rejoindre le point de rendez-vous par les champs. Evidemment, la Legal team présente sur les lieux conteste la légalité de ces pratiques policières et elle annonce le dépôt d'une plainte collective dans le courant de cette semaine (Une réunion aura lieu mercredi soir à l'UPJB au 61, rue de la Victoire à Bruxelles. Les personnes souhaitant rejoindre la liste des futurs plaignants peut prendre contact avec la Legal team au 0476/ 642 233.).

Malgré cette désagréable expérience les manifestants ont commencé à se regrouper vers 14h et à préparer leurs calicots près du terrain de football de Nossegem. Peu après trois heures, le cortège s'est ébranlé pour rejoindre le centre fermé tout proche. L'ambiance était très festive, une camionnette sono diffusait de la musique alors qu'un Samba band rythmait les manifestants ci et là dans la manifestation.

A l'arrivée devant le centre fermé, les manifestants ont diminué la musique pour pouvoir communiquer avec les prisonniers. Dès le début, un dialogue de fortune s'est instauré, la foule étant mise à profit au gré des connaissances linguistiques des uns et des autres. Comme les manifestants le savaient et comme les autorités le nient, des enfants sont bel et bien enfermés à l'intérieur du centre. Et les personnes ont pu le voir de leurs propres yeux. Pendant ce temps, des manifestants sont allés apporter des bouquets de fleurs dans le centre pendant que d'autres en accrochaient sur les clôtures et que d'autres encore écrivaient à la craie de couleur sur le bitume.

Cependant, la tension est rapidement augmentée chez les forces de l'ordre à mesure que certains manifestants abattaient et franchissaient des clôtures pour se rapprocher du centre. En effet, un grillage suivi de ronces entourait les palissades métalliques, elles-mêmes suivie par d'autres palissades avant d'arriver dans une cour du centre fermé. D'abord une rangée de policier avec casques et boucliers s'est rangée entre les clôtures métalliques. Plus tard et à mesure que le bruit des manifestants augmentait et que certains d'entre eux secouaient la palissade, une rangée de policiers suivie d'une autopompe et de combis blindés a commencé à remonter la rue vers les manifestants.

Cette avancée des forces de l'ordre a évidemment créé de la tension parmi les manifestants. Certains d'entre eux ont directement pris le grillage précédemment démonté pour l'étaler d'un bout à l'autre de la rue. La plupart des manifestants ont préféré rester en retrait pour éviter tout affrontement avec la police. Mais d'autres comme le Samba band ont choisi de se placer comme tampon en continuant à jouer de la musique entre les forces de l'ordre et la barricade symbolique.

Après les appels des organisateurs au sang froid et le stationnement des forces de l'ordre à une dizaine de mètres des manifestants, la manifestation a pu se poursuivre dans le calme. La musique a continué, les contacts avec les prisonniers aussi et de plus en plus de fleurs et ballons ont été accrochés à la clôture. Certains manifestants ont commencé à lancer des œufs remplis de peinture à l'intérieur, souvent sur le casque, le bouclier ou l'uniforme de l'un ou l'autre playmobil qui stationnaient de l'autre côté du grillage sans bouger.

Peu après 16h30, comme prévu au programme, les manifestants se sont lancés dans un « bouquant d'enfer » pour terminer leur visite. Après plusieurs minutes de cris, de lancers de peinture, de sirènes et de secouement de grillage, les forces de l'ordre ont commencé à perdre le peu de patience dont elles peuvent disposer. Elles ont dans un premier temps arrosé les manifestants contre le grillage. Malheureusement pour la police, la pression de l'eau n'était pas assez forte et certains manifestants ont même préféré enlever leur T-Shirt et prendre une douche plutôt que de partir.

Et c'est à partir de ce moment-là que la rangée de policiers postée à une dizaine de mètres a commencé à s'ébranler et tous les manifestants ont été obligés, poussé par la troupe, de quitter les lieux. A mesure que les manifestants s'éloignaient du centre fermé, la rangée de policiers suivie par l'autopompe accélérait le rythme et des manifestants ont alors jeté de la peinture et quelques pierres sur leurs assaillants. Cela n'a assurément pas ralenti les policiers qui talonnaient les manifestants et poussaient certains par moment à courir. Quelques manifestants ont alors voulu barrer la route des véhicules en déplaçant une barrière au milieu de la route. C'est à l'arrivée de l'autopompe devant l'obstacle de fortune que cette dernière a décidé de faire usage du canon à eau pour disperser les manifestants. Une manifestante a gravement été touchée à la tête alors qu'elle se trouvait à proximité du canon. Prise en charge par la Médical team, elle a ensuite été emmenée à l'hôpital où elle passera la nuit. Au moment de l'assaut, il y eut un moment de panique. D'autres manifestants ont été surpris par l'attaque soudaine et certains ont été amenés à sortir de la route dans un petit bosquet et amenés ainsi à contourner les forces de l'ordre par les champs pour rejoindre la manifestation. De source de la Legal team, deux accordéonistes au moins ont été arrêtées alors qu'elles voulaient porter secours à un manifestant.

Après ce petit moment de panique et d'agression policière, la situation s'est stabilisée. Le Samba band a continué à jouer et les manifestants ont peu à peu quitté les lieux dans le calme.

127 bis
by Patrick DEZILLE Sunday February 23, 2003 at 11:57 PM
patrickdezille@hotmail.com

Comment peut-on visionner les photos prises cet après-midi 23 février lors du Festival des Résistances devant le 127 bis ?
Merci d'avance