arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les dessous d'Al-Jazeera: interview avec Labib Sami, correspondant en Belgique
by SiBeL Tuesday February 18, 2003 at 03:56 PM
yesilgozlu20@hotmail.com

Suite à l'avènement d'une guerre proche en Irak, Al-Jazeera sera de nouveau en avant-plan! Labib Sami, correspondant à Bruxelles, a répondu à nos quelques questions.

"Pendant la guerre en Irak nous montrerons tout. C'est déjà peut-être une position, montrer tout ce qui se passe."
 

SiBeL : Vous avez un siège à Bruxelles qui est composé de combien de personne ?

Labib Sami : Deux journalistes permanents et deux assistantes en plus.

S : Vous ne vous occupez que des informations, des nouvelles qui se passent
en Belgique ?

L. S. : Le bureau de Bruxelles à la spécificité d'être un bureau Européen, c'est-à-dire
qu'il s'occupe en plus de tout ce qui se passe en Belgique national et
international, comme les institutions de l'Union Européenne, l'Otan,… mais il
s'occupe aussi de ce qui se passe en dehors de la Belgique pour d'autres
pays faisant partis de l'Europe sauf la France, l'Allemagne et l'Angleterre.
Donc, c'est un bureau Européen.

S. : Qu'est-ce qui frappe vraiment au niveau des reportages chez Al-Jazeera ?

L. S. : Tout les sujets, de la politique jusqu'à des faits divers. C'est-à-dire que nous
sommes une chaîne d'information généraliste. Bien sûr nous donnons plus de
priorité à ce qui est d'actualité, à savoir la politique, mais nous couvrons aussi
les faits divers. Mais il faut aussi savoir que nous avons deux axes : la
politique et l'immigration. Nous avons notamment fait des émissions sur
Indymedia, sur les Resto du Cœur. En gros, tout rentre dans le cadre de Al-
Jazeera.

S. : Est-ce que vous avez actuellement des journalistes à Bagdad ?

L. S. : Oui, nous avons un bureau à Bagdad, c'est même d'ailleurs l'un des plus
grands bureaux de Al-Jazeera.

S. : Et si la guerre éclate, vont-ils y rester ?

L. S. : Oui bien sûr. D'abord la guerre continue, et elle éclatera d'une manière ou
d'une autre. Les frappes britano-américaine continuent depuis 1991, et notre
bureau est là depuis la création de la chaîne (1996), et nous continueront à
travailler normalement.

S. : Comment voyez-vous cette guerre ?

L. S. : Nous sommes une chaîne d'information, nous couvrons l'information du mieux
que nous pouvons pour la spécificité de nos spectateurs, c'est-à-dire que
nous nous adressons à des arabes musulmans, donc nous allons montrer
tout ce qui se passera en Irak au niveau de la guerre.

S. : Est-ce que Al-Jazeera prend parti, se met-il d'un côté ou d'un autre ?

L. S. : Je ne crois pas qu'il y a une position, nous montrons tout. C'est déjà peut-être
une position, montrer tout ce qui se passe. Puisqu'en 1991 nous n'avons pas
eut accès à toutes les images à cause de la censure militaire américaine; puis
on suivit les censures françaises, en ce qui concerne les chaînes
françaises,… Nous, nous montrons tout ce qui se passe, par exemple, en
Afghanistan, toutes les images ont été montrées.

S. : Donc, vous restez le plus objectif possible ?

L. S. : Si objectivité il y a. Si cela s'appelle de l'objectivité, oui. Ca ressemble plus à
du journalisme honnête.

S. : Pendant la guerre du Golfe, le journaliste Peter Arnett nous a montré
principalement qu'une seule chose : un fond noir avec des étoiles vertes.
D'où nous ne pouvions pas voir la souffrance du peuple et l'impact de ces
bombes. Si vous y étiez, quelles auraient été les images rapportées par Al-
Jazeera ?

L. S. : Le fait que Al-Jazeera existe là-bas a beaucoup changé la donne. Depuis son
installation là-bas, les gens voient ce qui se passe là-bas d'une autre
manière. Nous ne montrons pas que des feux verts, etc. Pour les américains,
tout est un jeu, et nous, nous ne montrons pas que ça. Depuis son existence
à Bagdad, Al-Jazeera est devenu une référence, car elle a montrée beaucoup
plus d'image, que ce soit en Irak, en Somalie, en Afghanistan et en Palestine.

S. : Est-ce qu'il y a déjà des pressions de la part des Etats-Unis ?

L. S. : En tant que bureau bruxellois, on ne ressent pas de pression, nous n'avons
jamais été censuré ni quoi que ce soit. Ce qui se passe à Qatar, je ne peux
pas vous informer, et je ne vois pas de pression car nous sommes une chaîne
qui fait son travail.

S. : Y a-t-il d'autres pressions à part celles des Etats-Unis ? Ca pourrait être
issu du monde arabe ou d'un mouvement quelconque, ou autre chose
encore ?

L. S. : Il n'y a pas de pressions, il y a beaucoup de contestations, nous n'avons pas
pu filmer à la Mecque, or nous sommes des musulmans, et nous aurions dû
aller filmer le rituel. Mais on nous l'a interdit. Et ce sont les autorités
Saoudiennes qui nous l'ont interdit.

S. : Votre bureau a été attaqué juste avant que l'alliance ait marché à Kaboul le
12 novembre, pensez-vous qu'il serait probable qu'Al-Jazeera risque d'être
attaqué à nouveau ?

L. S. : Attaquer, c'est possible, dans le sens où, toutes déclarations émanent d'un
membre d'Al Qaeda passant par Al-Jazeera va être interpréter comme si nous
lui donnons la parole. C'est pas vrai. Nous sommes pour "l'avis et le contre-
avis" qui est l'un de nos slogans. Nous donnons les avis de tout le monde et
c'est perçu parfois comme si nous prenions position, or nous ne prenons pas
de position. On ne fait que de donner l'avis d'une personne qui joue un rôle
dans ce monde là, et c'est parfois pris par certains pour nous attaquer.

S.: Comment qualifierez-vous l'assurance qui vous diffère de CNN et de BBC?

L. S. : D'abord, je pense que Al-Jazeera a pris beaucoup du terrain. Et dans le
monde arabe, c'est un phénomène, car il n'y avait pas de liberté du tout!
Quand vous regardez une chaîne marocaine, algérienne, etc., on ne passe
que les activités du président ou du chef de l'état. Quand Al-Jazeera est
arrivée, elle a crée une révolution de l'information dans le monde arabe, ça a
crée quelque chose de nouveaux! Même actuellement, il y a beaucoup de
chaîne qui se sont crée depuis pour concurrencer Al-Jazeera, mais ils
n'arrivent pas à la hauteur d'Al-Jazeera parce qu'Al-Jazeera a ouvert une
brèche qui est d'informer sur tous les sujets sans tabous. C'est sur Al-Jazeera
que l'on a parlé pour la première fois des droits de la femme dans le monde
arabe, c'est dans Al-Jazeera qui a parlé pour la première fois des droits de
l'homme dans le monde arabe, c'est sur Al-Jazeera que l'on a donnée la
parole aux opposants des differents régimes du monde arabe, et c'est ça qui a
fait que les gens la regarde beaucoup, parce qu'ils s'informent pour la
première fois! Ils ont une information dans leur langue.

S.: Beaucoup d'auteurs, de journalistes et de citoyens orientaux ont argué du
fait qu'Al-Jazeera a révolutionnée la TV dans la région! Convenez-vous
avec ces dires?

L. S.: Oui, elle a révolutionnée car elle fait entrer une autre manière de voir et un
autre style! La nouvelle manière c'est qu'elle a ouvert une brèche qui s'appelle
la liberté! Pour le moment c'est la chaîne libre du monde arabe, c'est la chaîne
qui diffuse le maximum d'information! Quand il y a un discourt aux U.S.A. ou
en Grande-Bretagne, vous l'entendrez en arabe sur Al-Jazeera! Donc elle déjà
révolutionné l'information, on l'a reçoit dans notre langue, et ce n'est pas que
de l'information régionale. Et puis elle a même révolutionné la manière de voir
les choses, elle a fait une révolution sociale, on parle maintenant des tabous,
or avant cela ne se faisait pas.


S. : Quelques critiques aux USA et à l'Ouest ont argué du fait qu'Al-Jazeera
favorise les vues des fondamentalistes islamiques et aide donc le
mouvement a gagner des convertis. Pensez-vous que c'est vrai?

L. S.: Ca c'est très facile à vérifier, c'est de l'hypocrisie d'abord. Il faudrait prendre sur
une journée, sur un mois les diffusions de la chaîne et faire l'addition du temps
à louer aux différentes positions. Prenons l'exemple du 11 septembre, le temps
consacré aux anti-Al Qaeda et ceux qui sont pro en quelques sortes, vous
allez le voir, d'abord il y a Powell, puis Blair, puis Bush,... Ils interviennent
pendant des minutes et des minutes, et quand il y a quelqu'un qui intervient au
nom de Ben Laden ou d'Al Qaeda, ce n'est que quelques minutes voir même
quelques secondes! C'est donner la parole à tout le monde, c'est notre
politique, mais donner la paroles à l'un plus que l'autre, ça non! Nous ne
donnons pas plus la parole aux islamistes qu'aux autres! Vous n'avez qu'à
faire le calcul et vous verrez que ceux qui s'expriment aux noms des islamistes
sont très minoritaires, mais ça ne veux pas dire que l'ont les censure!

S.: Al-Jazeera va bientôt diffuser des émissions en anglais! Ce sera en anglais
ou sous-titré en français?

L. S.: Ce sera sous-titré en anglais mais nous ne savons pas encore quand!

S.: Est-ce que vous pensez faire de même en français?

L. S.: Je ne pense pas que ce sera dans l'immédiat, parce que l'anglais, c'est d'abord
pour concurrencer d'autres chaînes anglophones. Il y a beaucoup plus de
gens qui regardent en anglais qu'en français!

S.: Je suppose que vous êtes au courant de la manifestation qui se déroulera
ce samedi 15 février à Bruxelles contre la guerre en Irak? Y serez vous?

L. S.: Nous y serons, car nous couvrons toutes les activités qui concernent
l'international et parfois le national ici en Belgique, donc nous y serons comme
nous étions dans toutes les manifestations qui se sont déroulées en Belgique.

S.: Quand vous montrez les images des manifestations qui ont lieu en
Belgique, est-ce que ça provoque un effet sur la population de communauté
arabe?

L. S.: Déjà dans la manifestation même vous voyez la réaction des gens. Quand
vous arrivez avec le micro de Al-Jazeera, les gens sont très très accueillant.
Donc vous voyez déjà une réaction avant même de passer le reportage! Et
après la diffusion, je n'ai jamais eu de critique sur ce qui a été dit ou sur ce qui
n'a pas été dit! L'image que donne les chaînes de télévision telles que la VRT,
la RTBF ou RTL, des manifestations, du monde arabe, de l'Islam en général,
c'est une image parfois négative, et c'est ce qui pousse les gens à réagir !

S.: Est-ce qu'Al-Jazeera a consacré une place pour le meurtre de Mohamed
Achrak à Anvers?

L. S.: C'est moi qui ai couvert personnellement le meurtre d'Achrak. Puis j'ai couvert
l'enterrement de Mohamed Achrak; donc nous avons fait une couverture de cet
événement. Et nous étions là-bas pendant 3 jours de suites pour couvrir tout
ce qui s'y est passé! Mohamed Achrak est comme moi un berber, et donc,
j'aurais pu avoir accès à la famille directement, mais ça m'a posé un problème de
conscience. Et j'ai préferé laisser ces gens se reposer au lieu de leur poser des
questions comme l'on fait les journalistes. J'ai traîté ce sujet de manière distencier.
J'ai laissé la famille d'un côté et j'ai couvert l'événement.

Tuyeau
by Ylicèc Tuesday February 18, 2003 at 07:09 PM

Pour avoir de l'INFO et pas seulement de la pub ou de la propagande, allez voir l'article sur Al Jazira qui se trouve dans le Nouvel Obs de maintenant à la couverture blanche avec "Non à la guerre" en grand sur la couverture. Vous m'en direz des nouvelles!

REtuyeau
by SiBeL Wednesday February 19, 2003 at 01:31 PM
yesilgozlu20@hotmail.com

Tout d'abord mon but n'était pas de faire de la pub ou de la propagande comme tu l'as dit dans ta critique.
Tu aurais du comprendre mon objectif juste en lisant (avec un petit temps de réflexion) la petite introduction se trouvant au dessus du logo d'Al-Jazeera qui était celle-ci : « Suite à l'avènement d'une guerre proche en Irak, Al-Jazeera sera de nouveau en avant-plan!
Labib Sami, correspondant à Bruxelles, a répondu à nos quelques questions. »
Moi, je n'ai fait qu'écrire mes constatations. Mais maintenant, à chacun sa manière d'interpréter la chose (respect total)…
Mais saches que, l'article auquel tu me réfères, lui prend déjà parti, or ce n'en était pas le cas pour moi ! Car dans ta critique, tu dis : « Pour avoir de l'INFO et pas seulement de la pub ou de la propagande… » Or l'information ne devrait pas être objective, comme tu le prétend ?

Commençons par le titre : Al-Jazira la voix des Arabes, ce qui montre déjà bien la position du ‘Nouvel Obs' par rapport au sujet traité. Or un peu plus bas dans l'article, il y a confirmation du contraire par Fayçal Al-Qassem, le présentateur vedette d'Al-Jazeera et le journaliste le plus célèbre du monde arabe. Ce dernier dit ceci :'' Je pensais que ce serait une chaîne arabe comme les autres. Vous savez: qui Sa Majesté va voir, qui elle a vu, qui elle verra… Logique, puisque la chaîne appartient à l'émir du Qatar. Alors j'ai fait un test: ma première émission critiquait la politique des pays du Golfe. Violemment. Je m'apprêtais à faire mes bagages… mais ils m'ont félicité. Depuis, je fais ce que je veux."
Si Al-Jazeera était la voix des arabes, jamais il ne laisserait ouvrir généreusement son antenne aux opposants au régime de Riyad. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
L'article dit ceci encore : « L'histoire d'Al-Jazira, au fond, c'est l'histoire d'une petite monarchie opulente qui s'est offert une chaîne «libre» afin d'apparaître comme le bon élève de la mondialisation. » Or les arabes sont totalement contre la mondialisation, ce qui prouve encore une fois de plus la vonlontée de donner l'information voulue et non celle objective.
Je m'arrêterai ici pour ta réponse à la critique faite, car les exemple sont multiples et il ne te suffit que de lire l'article une seconde fois.