arch/ive/ief (2000 - 2005)

Des Euro-missiles à l'Irak, un monde avide de paix
by Pab Saturday February 15, 2003 at 09:27 PM

Un petit compte-rendu personnel


On s'attendait à une marée humaine mondiale, à une déferlante, à une motivation populaire universelle aussi réchauffante que lors des plus grandes manifestations pacifistes, et nous n'avons pas été déçu. Certes, Bruxelles n'a pas atteint ses 300.000 manifestants de la Marche Blanche, ni les 200.000 des Euro-Missiles, mais les organisateurs se sont certainement réjouis de remarquer qu'on a largement dépassé les objectifs de 20.000 personnes puisque même la Police Fédérale dénombre 40.000, et jusqu'à 100.000 selon les sources Indymedia Belgique ! Pas mal du tout pour un petit pays de 10 millions d'habitants.

Dès mon arrivée à la Gare du Nord, on pouvait remarquer l'ambiance était familiale et que les participants ne se limitaient pas aux simples militants, mais que les particuliers tous simples, sans prétention d'engagement quotidien, étaient présents. Et c'est bien cela qui est important. Il faut dire que les nombreuses affiches, l'actualité de ces 10 derniers jours et le fait que çà soit LE sujet numéro un de discussion entre personnes ont beaucoup aidé.
Bref, je me devais de chercher quelques camarades aux drapeaux rouges et noirs, et après 1/4h de repérage, les voilà présents, peu nombreux au début, mais ce chiffre n'allait que grossir.

Vers 14h10, le cortège s'ébranle lentement, mais les gens continuent d'arriver de la Gare du Nord, signe d'une grande affluence. Très vite, le Boulevard Albert II qui nous mène à la petite ceinture est rapidement rempli, sur les 4 bandes séparées par l'espace vert. A hauteur de l'Office des Etrangers, nous nous arrêtons pendant un bon 3/4h, restant de marbre dans cette marée humaine chaleureuse ; et ce n'est pas de refus, car la température avoisine les 0 degré et le vent est légèrement désagréable. C'est à ce moment-là que les premières estimations s'élèvent au milieu de la foule compacte et on se rendra rapidement compte que l'espoir d'avoir 20.000 participants sera comblé. Très vite, on se rend compte qu'on est au moins 50.000 personnes. Le cortège s'ébranle, quelques mètres, et puis s'arrête de nouveau au niveau de la petite ceinture. Il est déjà 15h30 et les jambes ont froid, mais quand on milite on ne connaît pas la souffrance. Notre groupe s'agrandit au fur et à mesure que des camarades nous rejoignent. On plaisante, on analyse, on parle des derniers discours bellicistes … Le cortège s'ébranle à nouveau, entre dans le boulevard intérieur, et la fête peut vraiment commencer : des jeunes ont investi un bâtiment en réfection, de manière tout à fait pacifiste, notre groupe rouge-noir se mélange à un drum-band, un agréable vacarme remplit le boulevard : la manifestation est pacifique, bon enfant, tous les gens ont le sourire aux lèvres en voyant cette mobilisation très bon esprit.

Vers 16h00, nous abordons De Brouckère. L'hélicoptère balaye toute la manifestation qui s'étend déjà de la gare du Midi jusqu'au delà de la petite ceinture, ce qui nous permet de faire une estimation très heureuse : certainement 50.000, peut-être 75.000, et qui sait 100.000 ! Notre groupe continue à s'amplifier et les Néérlandophones nous rejoignent. Nous alternons sitting et course de 20m pour mettre l'ambiance. Les jeunes immigrés se joignent à nos danses, les Néérlandophones scandent en français, les Francophones scandent en Néérlandais. C'est une journée pacifiste, où les frontières n'existent plus, où on est conscient de faire qu'un, contre la Guerre, contre les Forces du Mal qui veulent voler la Dignité aux Etres Humains. La fin de la manifestation continue sur ce rythme-là, dans une ambiance de fête, et nous atteignons rapidement la Porte d'Anderlecht, au bout du Boulevard Lemonnier. Nous n'avons plus froid, toute cette foule en délire nous a réchauffé avant tout le cœur, mais le cœur tout entier.

Ce fut une journée mémorable. Dans le Monde entier, on a crié « No war (blood) for Oil ». Les slogans écornaient souvent Georges Bush et Tony Blair, mais on a eu droit à tout, absolument tout. Les peuples du monde peuvent être fiers de ce qu'ils ont fait : c'est lors d'une journée pareille qu'on peut encore croire à l'Avenir de l'Humanité, au destin de l'Homme, un destin peint en blanc, le blanc de la paix, mais aussi le rouge de la solidarité, et le noir de la liberté. Après une journée plein d'amour le 14 février, nous avons eu droit à un 16 février solidaire et pacifique. Faisons en sorte que les 363 autres jours de l'Année soient toujours ainsi. Nous le pouvons. C'est dans notre intérêt. C'est notre destinée. C'est notre devoir. C'est notre droit de vivre dans la paix.