[Liège] Cockerill sous les bombes by red kitten Thursday February 06, 2003 at 10:24 PM |
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Une bataille va s'engager à nos portes... A Liège, plus de 10.000 personnes sont menacées par l'Empire Arcelor...
Cockerill Sambre à nouveau sous les feux de l'actualité. La dernière fois, c'était lorsqu'un accident à pris la vie a trois ouvriers [ 22 oct. 02 ]. Deux semaines plus tard [ 06 nov. 02 ] deux ouvriers étaient gravement brûlés, mais la presse était déjà ailleurs.
Le vendredi 24 janvier 2003, Cockerill revient au premier plan. Son avenir se joue à Luxembourg: on s'attend à l'annonce de sa mise à mort, lors d'un conseil d'administration du groupe Arcelor.
» Dans les griffes du monstre
Né de la fusion des groupes Aceralia, Arbed et Usinor, Arcelor, superpuissance de l'acier est présente principallement en Europe, avec des dizaine de site, mais également en Amériques du Sud et du Nord et en Asie [ carte ]. Selon ses propre dire « Le groupe emploie 106 000 personnes sur ses différents sites, réalise un chiffre d'affaires annuel de près de 27 milliards d'Euros, a produit environ 44 millions de tonnes d'acier en 2002 et est organisé en 4 secteurs majeurs de produits. » Je me permet de corriger un petit oubli: « Depuis sa constitution en 2001, 21 ouvriers au moins son mort dans les usines d'Arcelor. »
» Cap sur Luxembourg
Le 24 février, donc, trois bus de la FGTB ont mis le cap sur Luxembourg-Ville pour s'inviter au conseil d'administration: en effet, on avait encore une fois oublié de les invités pour décider de leur avenir. Pourtant cette mobilisation n'était pas une évidence: une fois encore l'initiative a du venir de la base. Sur place l'accueil est glacial et policier, mais l'ambiance est chaude ... [ photos ].
» Derrière les portes closes, on tue à petit feu [ top ^]
Il faut dire que les décisions à l'intérieur sont plutôt violente. Arcelor annonce son projet de se débarrasser de ces sites continentaux. En effet, on classe les sites en deux catégories: continentaux [ ex: Cockerill, à Liège, mais aussi Florange, en France et Breme, en Allemagne ] ou maritimes [ Ex: Sidmar, à Zelzate ]. L'avantage des sites dits maritimes est leur proximité avec la mer, qui diminue les transports de minerais, charbons, etc. Comme le dit très bien Dirk Goemare: «Arcelor ferme ses sièges continentaux, car les frais de transport coûtent 15 euros de plus par tonne d'acier que dans les sièges "maritimes". Pour verser 1,5 euro de bénéfice en plus par kilo à ses actionnaires, Arcelor transforme des régions entières en déserts industriels et sociaux.»
» D'un trait de plume
D'un trait de plume, et pour 'quelques dollars de plus', le conseil d'administration d'Arcelor décide de rayer de la carte 10.000 emplois dans la région Liègeoise, qui compte déjà 22% de chômeurs. Environ 2.000 personnes travaillent à Cockerill même, 8.000 dans les entreprises de sous-traitance autour. Par ailleurs l'activité du port, des chemins de fer dépendent aussi en grande partie de l'activité de Cockerill. Sans parler des conséquence sur les commerces, etc.
D'un trait de plume Arcelor oublie [ une fois encore! ] les engagements qui de Cockerill. Oubliés les 200.000.000.000 de francs investis par l'Etat dans l'outil, revendu en 1998 au privé "plus à même de garantir l'emploi et la productivité" pour bien moins que ça. Il s'agit ni plus ni moins d'un e gigantesque opération de racket. Mais les brigands courent toujours et pour cause. Serge Kubla, ministre wallon de l'Economie, serre la main de Jean Gandois, terroroiste industriel notoire, de sinistre mémoire pour les sidérurgistes et prépare un enterrement de première classe, plutôt que d'essayer de sauver l'entreprise.
» Une seule solution: la nationalisation
Du côté des sidérurgistes, justement, on parle plutôt de (re)nationaliser. Pourquoi fermer un site industriel alors que le Tier-Monde meurt de ne pas avoir assez de métal? Pourquoi laisser partir en mitraille l'usine qu'ils ont contruite de leurs mains, au prix énorme de dizaines de morts et de la santé des survivants? Leurs conditions de travail ont été laminées au prix de morts "pour sauver l'emploi". Cette usine leur appartient, point. Il paraitrait que la nationalistion est passée de mode. Tiens, c'est étrange, quand ça arrange le grand capital, la nationalisation ne pose jamais de problème.
» Un sénario à la Sabena ? [ top ^]
50.000.000.000 d'euros: un chiffre qui revient souvent. Ce serait l'investissement nécessaire que refuse Arcelor. Une grosse somme? Pas tellement une fois mise en regard des 326.000.000.000 rapportés par le plan de restructuration 'Delta' mis en place ces dernières années. Certaines similarités avec la Sabena inquiêtent: Cockerill Sambre 'loue' les services de management de la maison-mère Usinor-Arcelor pour 25.000.000 d'euros chaque année. Ou encore l'achat d'une nouvelle coulée continue pour 100.000.000 d'euros ... l'Airbus de Cockerill ?
» Une épine de plus dans le pied de 'l'arc en ciel'
Autre fait troublant: alors que tous les politicards s'affirment très préoccupés et solidaires [ c'est celà oui ... ] le PDG d'Arcelor déclare au journal français Le Monde: «Je suis assez frappé que tous les interlocuteurs ne remettent pas en cause en privé la fermeture des hauts-fourneaux mais seulement le calendrier. On nous reproche indirectement de ne pas avoir tenu compte des échéances électorales en Belgique. Mais l'horizon temporel d'un chef d'entreprise n'est pas le même que celui d'un homme politique». Cette déclaration [ marquée du label de qualité "relu et amendé par M. Dollé" ] fait disparaitre tout les espoirs que l'on pourrait encore avoir dans leurs déclarations larmoyantes. Déjà que la guerre contre l'Irak ne risquait pas de les réconcillier avec leur électorat qui s'y oppose ... Propagande de magnitude 5 à prévoir sur les écrans de l'ensemble du pays dans les semaines à venir.
» The battle of Cockerill
Mais l'histoire ne s'arrête heureusement pas là. Les métallos ne sont pas des enfants de choeur qui se laisse marcher sur les pieds [ pour ne pas dire autre chose ] pendant longtemps. Bien sûr la direction syndicale va faire des mains et des pieds [ et des tentaculles si il le faut ] pour sauvegarder le 'climat social', mais combien de temps la cocotte va-t-elle tenir la pression. La conciliation sociale et les plans sociaux à la Sabena ou Renault, on commence à connaître. Seule la lutte paye! Et comme le disait des métallos aux flics luxembourgeois: «On reviendra. et avec D'Orazio!» Et des buldozers?