À quand l'interdiction du NDPR ? by qd Thursday February 06, 2003 at 05:26 PM |
Un parti d'extrême droite, le NDPR a organisé, il y a quelques jours à Moscou, une manifestation devant les locaux du Congrès juif russe. Trop c'est trop. Les responsables communautaires demandent une nouvelle fois l'interdiction dudit mouvement. Détails.
Pour le directeur exécutif du Congrès juif russe, Valery Engel il n'y a plus de doute. Il faut obtenir l'interdiction du NDPR, parti d'extrême droite, ouvertement antisémite et qui a osé venir manifester devant les fenêtres du CJR. Pendant une heure environ 75 personnes ont brandi des pancartes couvertes de slogans antisémites et ont distribué des brochures du même acabit, dont le célèbre faux tsariste "Les Protocoles des Sages de Sion ". Un des co-présidents du NDPR expliquait à la presse que son parti n'aime pas que " des gens qui n'ont pas la nationalité russe ou ont une double nationalité veuillent apprendre aux Russes à vivre ".
La semaine précédente le NDPR avait déposé une plainte en diffamation contre le Congrès juif russe et l'un des deux grands rabbins de Russie, Berel Lazar. Les responsables communautaires avaient demandé au président Poutine et au procureur général, Vladimir Ustinov de prendre en compte le caractère antisémite et d'extrême droite de ce parti. Le Congrès juif russe ainsi que plusieurs groupes de défense des droits de l'homme s'étaient élevés contre le ministère de la Justice qui avait enregistré
officiellement l'an dernier le
NDPR en tant que parti politique. En effet, plusieurs responsables
de ce parti ont à leur actif des
propos antisémites.
Début janvier l'un des co-présidents du NDPR, Boris Mironov s'est encore distingué en demandant dans une interview publiée par l'hebdomadaire "Moscow Times " qu'on limite les droits des minorités et qu'on retire aux Juifs le droit de vote. " Juifs " qui, pouvait-on lire sont " génétiquement des traîtres ". Les autorités russes avaient alors menacé d'interdire le parti. Ce qui a conduit plusieurs responsables du NDPR à se désolidariser de ces propos sur le site Internet du parti, précisant que rien de tel ne figure dans les statuts. Selon la législation russe un parti peut perdre son statut si personne ne désavoue des propos extrémistes tenus par l'un de ses responsables. Personne ne croit vraiment dans la communauté que les autres responsables du parti aient une opinion bien différente. Leur condamnation paraît purement tactique.
Retirer aux Juifs le droit de vote parce qu'ils sont "génétiquement des traîtres"
Les observateurs de la scène locale font remarquer que les propos antisémites de Mironov ont été très souvent repris dans le journal du parti, le "Front russe " et dans des brochures distribuées par des sections locales du NDPR. Mironov a un long passé de propos antisémites. Se définissant lui-même comme fasciste, il a présidé la commission d'État sur la presse lors du premier mandat de Boris Eltsine mais avait été prié de quitter
cette fonction en 1994 pour cause
de propos douteux.
Le NDPR a fait appel d'un avertissement du ministère de la Justice pour incitation à la haine ethnique véhiculée par le parti. Un tribunal de Moscou doit statuer en février. C'est en automne 2002 que le NDPR a été officiellement reconnu comme parti, ce qui va lui permettre de présenter des candidats cette année pour les élections à la Douma (parlement).