Gérard De Sélys: L'Europe à la pointe des privatisations by Gérard De Sélys Wednesday February 05, 2003 at 03:55 PM |
Les syndicats et ONG manifestent ce 9 février contre l'AGCS, l'Accord Général sur le Commerce des Services. Via l'AGCS, l'Organisation Mondiale du Commerce veut privatiser une série de services publics. Un entretien avec l'auteur et spécialiste Gérard de Sélys. Syndicats et ONG manifesteront le 9 février contre l'Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS), lancé par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et qui prépare la privatisation de nombreux services. Gérard De Sélys répond à nos questions.
En quoi consiste l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS)?
G De Sélys. L'AGCS, l'Accord Général sur le Commerce des Services (les services se sont les secteurs bancaires, du tourisme, de l'assurance, de la santé, des pensions, des transports, des communications et aussi de l'éducation, l'OMC a recensé 160 secteurs de services) a été signé par 46 pays, dont la Belgique, dès son lancement en 1994. D'ici la fin mars 2003, tous les pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce (la plupart des pays du monde, dont les 15 pays membres de l'Union européenne... et la Chine) doivent remettre une liste des services qu'ils veulent voir libéralisés, c'est-à-dire privatisés, chez les autres pays membres de l'OMC. Les pays qui refuseraient de libéraliser leurs services pourraient faire l'objet de mesures de rétorsion commerciales. La Thaïlande, par exemple, a déjà été l'objet d'une menace d'interdiction d'exporter son soja vers les Etats-Unis, ce qui l'aurait privée de l'essentiel de ses rentrées en devises fortes.
Beaucoup d'antimondialistes identifient le néo-libéralisme aux Etats-Unis. L'Europe est-elle un facteur qui «freine» la libéralisation, notamment dans le dossier de l'AGCS?
G. De Sélys. Les négociateurs américains n'ont pas caché leur étonnement de voir que l'Union européenne prépare une liste bien plus importante que celles qu'eux-mêmes élaborent en matière de services à «libéraliser». Pascal Lamy, le commissaire européen chargé des négociations de l'AGCS pour les 15 Etats membres de l'Union européenne n'a jamais caché son intention d'exiger la libéralisation d'un maximum de services chez tous les pays membres de l'OMC. Non seulement l'Europe ne freine nullement le mouvement, mais elle s'est mise à sa tête.
En Belgique, les deux syndicats se prononcent depuis toujours contre la libéralisation et les privatisations. Vous qui avez étudié en détail le processus de libéralisation dans la téléphonie, quel est votre avis sur leur opposition actuelle à l'AGCS?
G. De Sélys. Les directions syndicales prennent seulement conscience aujourd'hui des risques que fait peser l'AGCS sur les services publics et les dizaines de millions de personnes qui travaillent dans ces secteurs. Mais ils mobilisent peu et s'informent mal de ce qui se passe dans les couloirs de l'OMC. Cela me rappelle l'attitude des syndicats belges lors de l'adoption de la loi du 21 mars 1991 instaurant les entreprises publiques autonomes, loi qui préparait ouvertement la privatisation de la RTT, de la Poste et de la SNCB. Ils n'ont rien fait pour s'y opposer. Je constate que partout en Europe, les bases syndicales sont inquiètes, cherchent à s'informer le plus possible et à faire pression sur leurs directions respectives, mais celles-ci, à l'instar de la CES (Confédération européenne des syndicats) font en général la sourde oreille.
L'Union européenne impose l'harmonisation du transport ferroviaire entre les pays et organise «l'ouverture du ciel européen». Il s'agit de mesures nécessaires pour arriver à de grandes compagnies aériennes ou ferroviaires européennes, capables de résister à la concurrence. Un progressiste doit-il défendre les compagnies d'Etat nationales ou revendiquer des entreprises d'Etat «européennes», démocratiques?
G. De Sélys. Logiquement, il faudrait une meilleure harmonisation des transports en Europe et dans le monde. Mais tout dépend des raisons pour lesquelles on harmonise ces transports. Si c'est pour réduire la pollution, offrir de meilleurs services aux usagers et de meilleures conditions de travail aux travailleurs de ces secteurs et mieux planifier l'économie, c'est très bien. Si c'est pour faire des «économies d'échelle», mieux résister à la concurrence internationale et gonfler au maximum les profits des entreprises, bref développer encore plus le système capitaliste au détriment des usagers et des travailleurs, c'est non.
Je tiens à rappeler qu'avant les grandes dérégulations des années 80, les compagnies aériennes, de chemin de fer et postales organisaient leurs relations sur base d'accords bilatéraux et internationaux qui faisaient qu'elles étaient déjà «mondialisées» (un timbre belge d'une lettre envoyée à Pékin payait le facteur belge, la collecte, le transport et le facteur chinois; la facturation d'un appel téléphonique à New-York depuis la Belgique payait l'entretien du réseau belge, du câble transatlantique ou des satellites et l'entretien du réseau américain; un billlet d'avion de Paris à Los Angeles payait les travailleurs de l'aéroport parisien et de l'aéroport américain).
La dénonciation de ces accords par les Etats, initiée par l'administration Carter, n'a fait que remplacer la coopération internationale par la concurrence internationale. Avec la suppression de millions d'emplois... et la multiplication par trois des dividendes annuels versés aux propriétaires capitalistes. Les actuelles dérégulations prévues par l'AGCS ne font qu'amplifier ce mouvement capitaliste. Elles doivent être rejetées et dénoncées par tout progressiste.
Le 14 janvier dernier, le Parlement européen a voté une motion pour accélérer la libéralisation des chemins de fer (marchanises, voyageurs et lignes internationales pour 2006 et voyageurs, lignes intérieures pour 2008). Les Socialistes et les Verts belges ont voté contre. Ont-il un rôle positif?
G. De Sélys. Le Parlement européen ne représente rien. Si ce n'est une grosse machine de propagande permettant à certains groupes politiques de faire croire qu'ils prennent telle ou telle décision alors que, quand ils sont au pouvoir, ils font exactement le contraire.
Le Premier ministre socialiste français a été salué par le monde patronal français comme le privatiseur le plus efficace de l'après-guerre... Ce n‘est pas le Parlement européen qui fait la loi européenne. Le seul pouvoir législatif européen, se sont les 15 ministres (du transport, des communications, des finances, de n'importe quoi), réunis en «Conseil» et à huis clos (en secret). Quelle est la position d'un ministre socialiste ou écologiste dans ce «Conseil»? On peut le deviner puisque leurs délibérations et positions sont secrètes...
Beaucoup de décisions de libéralisation ont été prises lorsque les socialistes étaient au pouvoir dans 13 des 15 Etats de l'Union europpéenne et occupaient des position clé dans la Commission européenne. L'accélération de la libéralisation de la poste s'est faite sous la présidence belge en 2001. Et le gouvernement belge actuel exécute, comme les précédents, les directives européennes dans les domaines des chemins de fer, poste, électricité et gaz, ...
Voyez-vous un lien entre les politiques de privatisation des services publics et la tendance toujours plus prononcée du système capitaliste à faire la guerre, comme on le voit en Irak? Peut-on vraiment dire qu'il y a moins d'argent pour les services publics et plus pour la guerre aux Etats-Unis? Et en Europe?
G. De Sélys. Il y a un lien évident. Les Etats capitalistes ont entamé la grande vague de privatisations dans les années 8O pour permettre aux grandes entreprises multinationales (multinationales en terme de marché mais toujours nationales en terme d'appartenance) d'accroître considérablement leurs chiffres d'affaires et leurs bénéfices pour mieux se défendre dans la grande guerre concurrentielle qui a éclaté au milieu des années 70.
Après avoir élargi leurs «parts de marché» (c'est à dire raflé la clientèle de leurs concurrents plus faibles) plus ou moins pacifiquement, elles en sont arrivées aujourd'hui à choisir la guerre ouverte pour élargir ces parts de marché... ou empêcher leurs concurrents de le faire. La mainmise que tentent d'opérer les Etats-Unis par les armes sur les réserves pétrolières du monde est moins destinée à alimenter le marché américain qu'à ériger un gigantesque moyen de pression (et de chantage) sur le reste du monde.
Processus éloquent auquel on assiste aujourd'hui: les grands fabricants d'armes tel l'américain General Electric sont parvenus à convaincre leurs gouvernements de ne plus acheter d'armes (des avions ou des chars, par exemple) mais de les leur louer. Ce seront donc les fabricants d'armes qui feront bientôt la guerre.
Initiateur de l'Appel pour la défense des services publics européens, que pensez-vous qu'il faut faire aujourd'hui comme actions et informations?
G. De Sélys. Résister. Résister. Résister. Descendre dans la rue en masse. Informer. Dénoncer. Pratiquer la désobéissance civile. Mobiliser les dockers pour qu'ils refusent de débarquer ou embarquer des armes, les cheminots pour qu'ils refusent de les transporter. Les soldats pour qu'ils refusent de se battre sous le commandement de General Electric. Créer, rapidement, de grandes alliances ou coalitions européennes ou internationales de syndicats et d'opposants à la guerre et, surtout, au capitalisme. Expliquer, sans relâche, que le capitalisme c'est la guerre.
Mais, on le voit, de plus en plus nombreux sont ceux qui en prennent conscience. C'est la raison pour laquelle les capitalistes se sont lancés dans une course de vitesse. Ils ont peur de la résistance qui croît sans cesse dans le monde entier. Ils essayent, par la guerre, de mettre le monde entier devant le fait accompli. Et par des lois fascistes, d'empêcher la résistance.
Pour en savoir plus sur l'AGCS, procurez-vous le livre d'Agnès Bertrand et de Laurence Kalafatides: OMC, le pouvoir invisible, publié chez Fayard en 2002.
Guerre et libéralisation. by Dominique Thursday February 06, 2003 at 09:52 AM |
dominique_pifpaf@hotmail.com |
Le capitalisme, c'est la guerre. Ce n'est pas nouveau mais combien vrai. C'est aussi une affaire de mentalité. Comme le disait à peu prés Orson Wells, le jour où les gens auront fini de considérer la guerre comme quelque chose de valorisant, mais au contraire la considéreront comme dégradante, nous pourrons nous en affranchir.
Je ne suis pas étonné d'apprendre que les européens veulent privatiser encore plus de service public que les USA. Les ricains disent la vieille europe. Tout cela me rapelle un incidents de mon enfance. J'avais 10 ans environ quand un jour, pendant la récré, un autre gars s'approche de moi, me dit: "Toi tu as le nez trop droit pour porter un nom de famille aussi insignifiant que le tien!" Et pan! il me flanque un crochet sur le nez. Et pan! je lui ai aussi tordu le nez.
Incident qui peu paraître insignifiant pour certain mais qui montre bien le problême. Certains ici sont prés à tout pour redevenir les saigneurs qu'ils étaient avant les révolutions européennes. Et leurs parents leurs apprennent cela dés la naissance. Un enfant qui est raciste ne l'est que parce qu'il reflète ce que ses parents lui ont montré.
Mais ce sont des adultes qui sont en train d'essayer de continuer le pillage. Ils le font donc en toutes connaissance de cause et ce sont donc bien les pires des salauds.
Pétrole by Dominque Thursday February 06, 2003 at 10:10 AM |
dominique_pifpaf@hotmail.com |
Dire que les ricains veulent contrôler le pétrole pour l'utiliser comme moyen de pression contre d'autres pays me semblent en dessous de la réalité.
Les ressources mondiales de pétrole sont comptées et dans 30 à 40 ans, les puits seront vides. Même CNN en a récemment parlé. Le 11 septembre n'est rien d'autre que le parachévement d'un coup des élites US de la "défense", du pétrole et de la pétro-chimie pour prendre le contrôle des states. Aprés cela, ils ont déclencher une guerre absurde contre "l'axe du mal". Nous revoilà en pleine téologie de domination, nous touchons là même les racines mêmes de telles téologies, le fameux concept de l'imuabilité du conflit du bien et du mal. Choisi ton con, camarade!
Pour mettre le maximum de chance de leur coté, cette élite s'est empressée de mettre sur pied aux états-unis, une police intérieure qui surpasse tout ce qui s'était fait à ce jour. Même la Russie de Staline n'avait pas connu cela.
Celà montre bien que ces gens veulent simplement s'accaparer les ressources restantes de pétrole pour leur usage personnel car ils n'auront pas plus de scrupules à faire la guerre contre leurs propres citoyens que contre d'autres pays.
Ces gens là n'on peur que d'une chose: ce ne sont pas eux qui appuient sur la gachette. Alors, qu'allons nous laisser arriver?