arch/ive/ief (2000 - 2005)

Apologie de crime contre l'humanité au Struthof
by P. R. Friday January 31, 2003 at 02:38 PM

CONDAMNATION DE CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ (en Allemagne) PAR LES SUPPORTERS DES CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ (en Palestine occupée).

Stéphane Bizot, 32 ans, et Jérôme Laurent, 23 ans, répondaient, hier devant le tribunal correctionnel de Saverne, du délit d'apologie de crime contre l'humanité. A l'occasion de la journée du patrimoine, lors d'une visite en Alsace, ils s'étaient rendus au camp de concentration du Struthof...
Jeans, blousons, et cheveux ras. La présidente s'adresse aux prévenus: «Vous reconnaissez les citations inscrites sur le livre d'or du Struthof ?», questionne la présidente. Le «oui» ne souffre aucune hésitation. A la barre, Stéphane Bizot se dit ouvertement anti-communiste. Le 21 septembre dernier, la lecture du contenu du livre d'or l'a visiblement excédé. Les propos antisémites écrits par Jérôme Laurent sont accablants. Déjà condamné pour des faits identiques par la juridiction parisienne, le prévenu invoque pour sa défense la «pure provocation» et la «bêtise» des faits. La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme, partie civile dans ce dossier, a exprimé par la voix deMe Raphaël Nisand «l'horreur et l'indignation que peuvent provoquer les écrits de ces messieurs». Le ministère public refuse de jouer sur les mots. Et Jean-Luc Jaeg de souligner «la forme d'apologie indirecte, plus insidieuse», usitée par Stéphane Bizot. Le substitut du procureur s'adresse ensuite à Jérôme Laurent: «De la provocation? Oui! L'apologie est de la provocation indirecte». Le parquet cherche à matérialiser le lien entre les prévenus et la mouvance d'extrême-droite parisienne. «Ancien militant du FN jusqu'aux dérives du président», Stéphane Bizot aurait alors quitté ces rangs-là. Pour en rejoindre d'autres? «Vous connaissez Maxime Brunerie, c'est un de vos copains?», insiste Jean-Luc Jaeg. Stéphane Bizot reconnaît avoir «déjà vu dans des meetings» le tireur du 14 juillet. «Mais ça fait très longtemps que je ne l'ai pas vu», ajoute-t-il.
«Des fanatiques»
Le ministère public conclut: «Ces messieurs ne comprennent pas ce qu'on leur dit, ce sont des fanatiques. (...) Dans leur for intérieur, ils ne reconnaissent pas la légitimité d'un tribunal tel que le vôtre». Le procureur a achevé en requérant un an de prison avec sursis à l'encontre de Stéphane Bizot, et six mois d'emprisonnement ferme pour Jérôme Laurent. L'avocat de la défense, Me Eric Delcroix a, pour sa part, introduit sa plaidoirie en invoquant Montesquieu, Voltaire et... Milan Kundera, la «persécution des libertins», la censure, l'«ironie qui n'est jamais comprise», une «plaisanterie de mauvais goût»... Les sympathies de ses clients pour les mouvements d'extrême-droite? «Ce qu'ils sont au tréfonds d'eux-mêmes ne regarde pas la justice», décide-t-il. Sur la qualification d'apologie de crime contre l'humanité: «Il ne peut y avoir crime contre l'humanité», argumente le juriste en ce qui concerne l'inscription de Stéphane Bizot, «car le goulag, l'Union soviétique, ne faisaient pas partie des pays de l'Axe!» Pour le défenseur, les propos tenus relèvent «d'un petit blasphème ordinaire, du gâchis d'une page du livre d'or du Struthof». Le tribunal a condamné chacun des deux prévenus à 50 euros d'amende par jour pendant 100 jours, à 1 euro symbolique à la Licra au titre du préjudice moral, 600 euros au titre des frais de justice. Les deux prévenus ont d'ores et déjà fait appel de cette décision.