arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le peuple irakien, seul vrai opposant, est oublié
by G. Fabre (posted by protesta) Sunday January 26, 2003 at 03:41 PM

Le peuple irakien est victime de l'embargo impérialiste et de l'oppression d 'un Saddam Hussein. Mais le peuple irakien est un peuple combatif.

Une opposition éclatée et divisée :

Au cours du mois de décembre 2002, s'est tenu à Londres un congrès de l'
opposition irakienne. 300 délégués y ont débattu de l'avenir de l'Irak, sous
la surveillance attentive des USA et de la Grande Bretagne. Cette
opposition, mis à part les partis kurdes, et CSRII (conseil suprême de la
révolution islamique en Irak - soutenu par l'Iran) ne représentait qu'une
multitude de partis sans influence nationale. Deux des principales forces d'
opposition, le PCI (Parti communiste d'Irak) et le parti Chiite Da'wa
avaient refusé d'y participer. En effet, ces deux mouvements dénoncent l'
embargo et refuse une solution imposée de l'extérieur par les USA. Pour eux
le renversement du régime ne peut venir que du soulèvement armé de tout le
peuple irakien.
Ce n'est pas de ce congrès que sortira la solution politique que désirent
les USA. Il n'est que l'alibi d'une politique qui table sur un renversement
de Saddam par un coup d'État militaire. En effet, seule l'armée peut assurer
une relative stabilité de l'Irak. Les USA ont donc affirmé que ne seraient
poursuivis pour crimes de guerre que les proches de Saddam, assurant ainsi l
'impunité aux officiers ayant utilisé des armes chimiques. Le général Nizar
al Khazraji, qui a quitté l'Irak en 1996, a les faveurs de la CIA. En 1988,
il commandait l'armée au moment du gazage des kurdes à Halabja, et en 1991,
il dirigeait la répression de l'insurrection chiite. L'alternative à Saddam
ne sera en rien « démocratique ».
Voila, la conception que les impérialistes ont de la défense de la liberté
pour les peuples. La démocratie n'est qu'un argument de propagande, car de
toutes les menaces, les luttes des peuples sont celles qui les inquiètent le
plus. Et le peuple irakien a depuis longtemps lutté : d'abord contre le
colonialisme anglais, ensuite contre l'impérialisme, enfin contre son
régime, pour l'indépendance nationale et pour sa liberté politique et
sociale.

Un peuple combatif.

Après 10 ans de guerre contre l'Iran, après les destructions de la deuxième
guerre du Golfe, et l'embargo, l'Irak est revenu un demi-siècle en arrière.
Les industries créées avec les revenus du pétrole nationalisé, industries d'
abord militaires, ont été détruites. La société est déstructurée, les
solidarités claniques réactionnaires sont réactivées et le sort des femmes
s'est profondément dégradé. L'embargo a renforcé le rôle du régime dans la
redistribution des richesses. Les mafias liées à l'UPK et au PDK jouent un
rôle équivalent au Kurdistan autonome où elles prélèvent leur part sur le
pétrole de contrebande. Si le peuple se paupérise, quelques-uns accumulent d
'immenses fortunes.
Les trois principales communautés irakiennes sont les arabes chiites, les
Kurdes et les arabes sunnites. Les premiers représentent plus de la moitié
de la population, les deux autres en gros un quart chacune. Le pouvoir a
toujours été exercé par les arabes sunnites parmi lesquels se recrutaient
les cadres de l'armée mise en place et formée par les Anglais.
Les arabes chiites exploités dans les grandes exploitations de type semi
féodal créées au XIX siècle et développées par les anglais, forment l'
essentiel du prolétariat irakien. Fuyant les conditions serviles des grandes
fermes, ils ont émigré à Bagdad, où ils représentent la majorité des
ouvriers.


Des luttes patriotiques et sociales anciennes

Exploités et opprimés, les arabes chiites se sont retrouvés à l'avant-garde
de la lutte patriotique d'abord puis sociale ensuite. Dès 1914, les
provinces du sud se sont soulevées contre le débarquement des anglais. Elles
ont fait de même, en 1918, et 1920, contre l'imposition du mandat
britannique et pour l'indépendance de l'Irak.
Après l'indépendance de l'Irak, en 1932, les luttes du peuple n'ont pas
cessé. En 1934 est créé le PCI, parti communiste d'Irak, qui devient
rapidement le principal parti communiste des pays arabes. Il recrute alors
parmi les arabes chiites et les kurdes. En 1945 et 46, le Kurdistan irakien
se soulève. A l'occasion de cette révolte est créée le PDK (parti
démocratique du Kurdistan). Depuis, l'état de guerre a été quasiment
permanent entre le pouvoir central et les provinces kurdes.
En 1948 et 1952, deux insurrections éclatent dans le sud du pays. Le PDK et
le PCI étaient alors les deux principales forces d'opposition. Mais à partir
de 1960, avec la répression qui le frappe et l'activité des religieux, le
PCI régresse parmi les chiites du sud. Lors de l'« intifada » de mars 1991,
contre le régime de Saddam, ce sont les religieux qui dirigent le mouvement.

Soutenir le peuple irakien ! Oui, mais qui ?

Nous ne pouvons soutenir les mouvements qui misent sur l'impérialisme, soit
pour arriver au pouvoir, soit pour s'y maintenir. Parmi ceux-ci, les partis
kurdes méritent quelques commentaires, car ils ont une réelle influence.
Lorsque le PDK (parti démocratique du Kurdistan) s'est créé, il s'est dit
inspiré par le marxisme léninisme. En fait il n'a été qu'un parti
nationaliste contrôlé par le clan des Barzani. Au début des années 1970, l'
UPK (union du peule kurde) est fondé en réaction au conservatisme du PDK. Il
se définissait aussi comme marxiste léniniste. Très vite il a fonctionné sur
le même mode clanique que le PDK. Ces deux partis, en rivalité constante
pour le contrôle du Kurdistan, nouèrent des alliances équivoques. Le PDK
avec la Turquie, l'UPK avec l'Iran et le PKK. En 1996, pour l'emporter sur l
'UPK, le PDK a passé une alliance avec Saddam. Ses partisans alliés aux
troupes de Saddam reprirent Ebril à l'UPK. L'armée y a massacré les
opposants communistes et démocrates qui avaient crû trouver refuge dans le
Kurdistan autonome. Aujourd'hui, l'UPK et le PDK se partagent le Kurdistan.
Le PCI est le plus ancien parti d'opposition. Il refuse toute solution
imposée de l'extérieur et prône la lutte armée pour renverser Saddam et
instaurer un régime démocratique. Mais il n'appelle plus à une rupture avec
le capitalisme et soutien l'initiative privée encadrée par un état
interventionniste. Bref, c'est devenu un parti réformiste. Depuis 1993, il s
'est scindé en deux organisations : un PCI d'Irak, un PCI du Kurdistan.
A la gauche du PCI, refusant son évolution « démocratique », existent des
organisations marxistes léninistes. Nous n'avons pas connaissance de leurs
politiques : le PCI - Mouvement de base a fait scission du PCI en 1984, le
parti communiste ouvrier Irakien (présent au Kurdistan), et d'autres groupes
ML, qui ont en commun de refuser toute négociation avec le pouvoir de
Saddam, sans accepter le dictât impérialiste. C'est sans aucun doute parmi
ces groupes que sont ceux qui représentent de la manière la plus authentique
la défense du peuple irakien.

Non à la guerre impérialiste
Solidarité avec le peuple irakien, contre l'impérialisme et contre ses
oppresseurs
Pour une issue populaire et indépendante, soutien aux organisations
progressistes et révolutionnaires irakiennes