stopusa: une grande marche multiculturelle...

Dimanche 19 janvier 03, nous partons avec un petit groupe d'africains d'Anvers pour crier notre désaccord avec l'attitude américaine contre l'Irak. Fait rare (pour nous africains), nous arrivons sur les lieux peu avant le début de la manifestation ‘Stopusa'. Puis c'est la marche et les discussions de fonds dans le groupe sur les raisons de notre présence en ce temps de chien à Bruxelles, ce qui pour certains d'entre nous, il faut bien le reconnaître, est une grande première. Il faut dire que les discussions sur le bien fondé de notre participation à la manif du dimanche dernier ont commencé au Coninckplein (à Anvers) depuis l'apparition des affiches de ‘Stopusa' dans la cité portuaire. Certains amis estiment que cette histoire du Golf est une affaire entre pétrole et dollar, et que nous autres (du Sud) n'y pourrons rien changer. Et ces partisans de la passivité d'ajouter : « quand deux couteaux se battent, le coq se met à l'écart ! ».
Nous sommes revenus de Bruxelles avec la conviction que nous n'avions pas tord de faire le déplacement malgré le mauvais temps, bravant ainsi les regards vides et passifs de ceux de nos frères qui essayaient de nous dissuader de prendre part à ce grand meeting, à cette messe internationale de la liberté.
Scandées par environs 10.000 manifestants, les revendications étaient simples et claires ;
-pas de guerre en Irak,
-la libération de la Palestine,
-le vrai axe du mal ; l'impérialisme.
Cette manif qui a réuni des gens de différents horizons, nous a aussi donné l'occasion de constater que de plus en plus d'immigrés font usage de leur liberté d'expression en Belgique.
Au cours de la marche, nous avons par exemple aperçu une banderole portée par des immigrés qui affichent dans la foulée leur soutien à Chavez. C'est leur droit !
On peut donc être immigré et militer démocratiquement en affichant fièrement ses convictions.
Notre petit groupe continu à avancer lorsque nous sommes rejoins par un ami journaliste avec qui nous faisons le bilan de la mobilisation à l'échelle européenne contre cette sale guerre du pétrole. Un d'entre nous lui fait remarquer qu'il a le sentiment que le Belge moyen est sagement resté à la maison. Si la situation est identique ailleurs en Europe, alors il y a lieu de se poser des questions sur le rôle réel qu'entend jouer le vieux continent sur la scène internationale. L'Europe se décide difficilement face à une Amérique toute puissante, belliqueuse et têtue qui ne fait que se chercher de nouveaux ennemis depuis la fin de la guerre froide. L'Europe qui ne cesse de s'agrandir pourra-t-elle un jour tenir tête à cette arrogante Amérique ? qui vivra, verra.

arch/ive/ief (2000 - 2005)