arch/ive/ief (2000 - 2005)

Un député, un ambassadeur, des avocats et des syndicalistes contre la guerre
by Alice Bernard & Herwig Lerouge Sunday January 19, 2003 at 08:07 PM

Parmi les milliers de manifestants, quelques visages connus: le député Vincent Decroly, l'ambassadeur d'Irak, les avocats Jean-Marie Dermagne et Michel Graindorge, des syndicalistes et responsables d'associations sont venus exprimer leur opposition aux plans de guerre de Bush.

Vincent Decroly est venu en famille. «Si l'Irak avait autant d'armements que ce qu'on veut nous faire croire, les inspecteurs les auraient trouvés depuis longtemps. Le gouvernement belge est incroyable dans son refus de la réalité. Le Premier ministre a encore déclaré vendredi qu'il n'y a pas de contribution belge à la guerre. C'est un mensonge évident. La Belgique participe à la guerre comme les USA le lui demandent: en soutenant «passivement» l'envoi de troupes dans le Golfe. Il faut participer à toutes les prochaines actions, comme la manifestation du 15 février.»

René Andersen a mobilisé tout le comité Stop USA de Charleroi. «Il faut arrêter l'hypocrisie des partis politiques belges. Ils font sourire les gens à la veille du 18 mai en se découvrant une vocation anti-guerre en paroles, mais pas en actes. Personne n'est dupe. Il y a en Belgique un million de gens qui vivent dans la misère. C'est pour eux qu'il faut de l'argent, pas pour la guerre. Je dis qu'il faut être prêt tous les jours à réagir contre toutes les attaques, quelles qu'elles soient, du capitalisme contre les travailleurs.»

Quelques manifestantes de l'Aktionsgruppe für den Frieden des cantons de l'Est. «Nous sommes aussi venues le 17 novembre et aujourd'hui, il y avait aussi une action à St Vith contre la guerre. Mais nous avons préféré venir ici. Impossible de ne pas agir contre la guerre aujourd'hui.»

Gust Haverbeke, secrétaire CGSP-Limbourg, marche en tête d'un grand groupe de syndicalistes. «Notre section a décidé que nous devions participer à toutes les actions contre la guerre, d'où qu'elles émanent. Nous continuons aussi à nous battre pour que l'organisation syndicale fasse un peu plus qu'une mobilisation symbolique comme ce fut le cas le 17 novembre. Nous espérons que ce sera le cas pour le 15 février.»

William Caers et Serge Dubois, délégués CGSP à la Stib, seront d'accord avec lui: «Les syndicats doivent prendre leur responsabilité. Nous la base, nous pouvons marcher, défiler, et tout ça, mais les instances ont la possibilité d'interpeller les politiques.» Leur collègue de la Stib, Mohamed Chahid, enchaîne: «L'affaire des inspecteurs, c'est un prétexte, une mascarade, du théâtre. De quoi justifier une guerre décidée depuis longtemps. L'Irak est un point stratégique pour contrôler les autres. Après l'Afghanistan, Bush place ses pions. Et comme il n'y a plus la force des Russes pour faire contrepoids, les USA deviennent les plus forts. Mais il ne faut pas oublier ce qui leur est arrivé au Vietnam.»

André Petithan, vice-président d'Ecole sans Racisme, explique pourquoi l'association participe à la manifestation: «Notre thème de travail cette année s'articule justement autour de la question de la guerre. Le lien entre le racisme et la guerre, nous le constatons tous les jours. On assiste à une montée de l'islamophobie, une crainte du monde arabe savamment orchestrée, qui se reflète dans les relations internationales, mais aussi dans les relations entre les communautés en Belgique. Dans les écoles, après le 11 septembre, on a fait des actions de sensibilisation. On pourrait maintenant proposer aux enseignants d'organiser des débats sur la guerre.»

«J'attends le 27 janvier», dit l'avocat Michel Graindorge, «pour avoir le rapport complet des inspecteurs. Mais les USA préparent la guerre, une fois de plus. La meilleure réponse, historiquement, fut celle du Vietnam. Le transit des armes US au port d'Anvers est inadmissible. Et l'attitude d'Ecolo est déplorable, une fois de plus. Il aurait fallu, mais on ne l'a pas fait, un débat au Parlement, un vrai. Il faut multiplier les manifs, les comités, et surtout chercher le lien avec la population qui dans sa majorité s'oppose à la guerre.»

Comme la plupart des manifestants, Gabriella Pozzobon, secrétaire du Parti communiste italien Rifondazione pour le Benelux et la Grande-Bretagne, s'inquiète aussi de la situation dans le reste du monde. «La guerre n'apporte que la famine et la misère. Bush veut aller chercher toutes les richesses de l'Orient. La Corée du Nord, terrain de gauche, est un obstacle sur son chemin. Mais la Corée du Nord a bien fait de reprendre son programme nucléaire. Ainsi Bush saura qu'il rencontrera des peuples qui veulent se défendre. D'ailleurs, tous les peuples ont le droit de se défendre.»

L'ambassadeur d'Irak se trouve à la Bourse. «Cette manifestation et toutes celles que nous avons vues ce week-end confirment que les peuples du monde entier sont contre cette guerre. J'espère que cela va faire réfléchir les gouvernements.»