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Police-armée: pourquoi ces liaisons dangereuses?
by david pestieau Saturday January 11, 2003 at 01:03 PM
dpestieau@wol.be

Le projet de confier à l'armée des tâches de police vise-t-il à améliorer la sécurité de la population? Ou fait-il partie de la guerre contre l'ennemi intérieur?


«Très content de notre travail en commun», ont déclaré en chœur le socialiste Flahaut, ministre de la Défense, et le libéral Duquesne, ministre de l'Intérieur, à propos de la collaboration police-armée dans la gestion des inondations. Pour directement annoncer l'intention de confier à l'armée des tâches de la police.


Pourquoi cette idée soudaine? Améliorer la sécurité des simples gens? On peut en douter à la lecture du coup de main militaire proposé: mise à disposition des hélicoptères, mais surtout surveillance des immeubles de la Commission européenne, des bâtiments de l'Otan, de la base militaire de Kleine-Brögel, des ambassades étrangères, particulièrement celle des Etats-Unis.


Un groupe conjoint des cabinets ministériels, de l'armée et de la police doit présenter diverses pistes de coopération fin février. Parmi celles-ci: «l'appui dans des moments de crainte particulière (menace terroriste latente, dégradation du contexte international)». Une présence massive des forces de l'ordre militaires et policières dans les gares, les aéroports, les métros et certains quartiers ne vise donc pas à lutter efficacement contre l'insécurité de la population. Un tel déploiement permet surtout une répression tous azimuts, permettant toutes les dérives, notamment contre les travailleurs d'origine immigrée, comme on l'a vu après le 11 septembre aux Etats-Unis et (via l'application du plan antiterroriste Vigipirate) en France.


Faut-il s'inquiéter de cette présence militaire dans les rues? Certainement dans le climat actuel de guerre (lire: La théorie antisubversive de Kitson appliquée par Bush et Verhofstadt) et la volonté de faire aboutir quelques autres de lois avant les élections. Comme la proposition Milquet-de Decker, qui veut priver les citoyens du droit de contrôler la police. Ou le nouveau projet de loi «anti-terroriste» du ministre Verwilghen, inquiétant par la définition exceptionnellement dangereuse et extensible qu'il donne au terrorisme. N'importe quelle forme d'action sociale peut en effet tomber sous la terminologie ministérielle (lire: Interview de l'avocat Jan Fermon).


Dans le contexte de la guerre US en préparation contre l'Irak, le gouvernement belge semble en tout cas bien préparer la guerre contre «l'ennemi intérieur». Aux démocrates, aux syndicalistes, à tous ceux qui s'expriment contre la guerre, de barrer la route à ces liaisons dangereuses.