Le WWF et le grand capital by Jeffrey St. Clair Friday December 20, 2002 at 11:40 PM |
Les liens troubles entre le WWF et les grands destructeurs de l'environnement..
Dans des temps anciens, temps bénis, une société qui
entretenait des relations plus que distantes avec la nature aurait cherché à
redorer son blason en attirant dans son directoire ou son service de relations
publiques, un cadre ou un responsable d'un groupe de défense de l'environnement,
grâce auquel on pouvait témoigner de la récente préoccupation de l'entreprise
pour la Planète Terre en matière de déchets toxiques. Mais les temps changent. Aujourd'hui se sont les groupes
environnementalistes qui semblent chasser le cadre d'entreprise. En effet, le dernier exemple de cette association douteuse
nous fait nous tourner vers le World Wildlife Fund. Fin novembre le WWF a
annoncé que Linda Coady, actuellement cadre supérieur chez Weyerhaeuser, sera
bombardée dès janvier vice-présidente du récemment créé bureau régional du WWF
pour la zone Pacifique. Weyerhaeuser est LE géant de l'industrie du bois qui s'est
illustré en ne laissant de son passage à travers les forêts de la zone N.O du
Pacifique que ruine et désolation. Weyerhaeuser a sévi au Canada pendant de
nombreuses années, mais depuis environ 10 ans l'entreprise a accéléré les coupes
en Colombie Britannique de façon alarmante, en partie parce que ses vastes
domaines dans l'Etat de Washington ont été pratiquement tondus à blanc mais
aussi parce qu'elle veut s'éloigner des contraintes américaines en matière de
loi et tribunaux pour ce qui touche l'environnement. Avant d'intégrer Weyerhaeuser, Coady s'est fait les dents
chez Macmillan-Bloedel alias MacBlo. Macmillan-Bloedel a gagné des milliards en
exploitant la quasi totalité de l'Ile de Vancouver avant d'être racheté par
Weyerhaeuser. Une mince parcelle de l'île a pu être sauvegardée que grâce à
l'intervention de 900 personnes qui ont bloqué les routes pour le transport du
bois ; c'était en 1993. Est-il besoin de dire que pas un seul cadre du WWF n'a
sali sa belle veste imperméable en Gore-Tex dans de telles protestations
orageuses. Aucune de ces firmes n'a même daigné poser son regard sur
les droits des membres de la First Nations of Canada qui déposent des
réclamations concernant ce qui reste des forêts côtières de Colombie Britannique.
Le Gouvernement Canadien a même choisi de laisser les industries déforester ces
terres avant que les réclamations ne soient déposées. En effet, Weyerhaeuser est
aujourd'hui poursuivie par la Nation Haida pour abattage illégal sur ses terres
des Iles Queen Charlotte qu'ils appellent Haida Gwaii. "Ils sont venus et ont
exploité chaque ressource naturelle l'une après l'autre", nous dit Guujaaw, chef
de la Nation Haida en Colombie Britannique. Il fait remarquer que Weyerhaeuser débite les anciennes
pousses et les fait parvenir tout près de ses usines dans l'Etat de Washington.
Les Haidas n'en retirent ni argent ni emploi. "Pendant des années, on a regardé
partir les barges à bois et on a pratiquement rien reçu pour nous", ajoute
Guujaaw. Les forêts au sol mousseux de la Colombie Britannique sont
bien plus vulnérables que celles de l'Etat de Washington, d'Oregon ou d'Alaska.
Il n'existe que trop peu de lois sur l'environnement pour freiner les appétits
des compagnies sylvicoles et le mouvement de protection est quant à lui pauvre
en membres et dépassé par la tâche. Dès lors, les défenseurs des forêts
séculaires du Canada bataillent avec un comité de préservation dirigé par un
cadre de l'industrie du bois. Les résultats de ce jeu de dupe se voient hélas de manière
crue sur le terrain, là où les clairières s'étendent à perte de vue, où les
saumons, ours et autres oiseaux de ces forêts disparaissent d'une manière
alarmante. En tête de liste des espèces menacées vient le hibou tacheté, symbole
par excellence des anciennes forêts de la zone NO du Pacifique. Aux Etats Unis on a offert au hibou un niveau maximum de
protection grâce au décret sur les espèces en danger -bien que GW Bush ait
récemment évoqué son désir d'en supprimer les grandes lignes afin de rendre à
l'industrie du bois son terrain favori. Mais au Canada le rapace ne bénéficie
même pas du prétexte d'un havre protégé ; cet environnement de nidation et de
chasse qu'il occupe depuis 200 à 800 ans, composé de pins Douglas et d'épicéas
Sitka, est fortement menacé sans scrupule aucune. D'où il résulte, selon les
scientifiques, une extinction probablement rapide -estimée à moins de 10 ans.
"On dirait qu'on s'inquiète pour le dodo" nous dit Ken Macquisten, vétérinaire
et directeur du Refuge pour les Espèces Menacées des Grouse Mountain. "On est
passé du traitement des populations de hiboux en général à la prise en compte
d'oiseaux spécifiquement identifiés". Avec la tête de pont Weyerhaeuser qui dirige le plus grand
groupe de conservation de la région, les perspectives d'avenir du hibou -et de
pratiquement toute autre créature vivant dans ces forêts profondes- semblent
assez sombres. Bien sûr, c'est difficile d'espérer aller au-delà des bonnes
intentions avec cette récente entente des abatteurs et des défenseurs de la
nature autoproclamés. Après tout, le WWF fonctionne plus comme un conglomérat
d'entreprises que comme un groupe d'intérêts publics. Le WWF fait de
l'environnementalisme à la pièce et a empoché des millions et des millions en
mettant en avant son panda comme logo, une marque de reconnaissance autant mise
en avant que les "Nike Air". Mais, bien sûr, pratiquement rien n'a été fait pour
préserver le panda, parqué de fait à cause de la déforestation rampante et du
braconnage, sauf en distribuant des images à des épouses méritantes ou de
pauvres étudiants en 3ème année. Appelez ça le porno-panda. Mais la machine à billets qu'est le panda n'est pas la
seule ressource financière du groupe. Le WWF amasse aussi des millions venant de
sociétés telles que Alcoa, Citigroup, the Bank of America, Kodak, J.P. Morgan,
the Bank of Tokyo, Philip Morris, Waste Management et DuPont. Ces dernières
proposent même un prix annuel de la conservation abondé et délivré au nom de feu
J. Paul Getty, baron de l'industrie pétrolière. Ce fonds gère ses propres cartes
de crédit et fait fonctionner sa propre boutique en ligne. D'où un budget pour
le WWF qui s'élève à plus de 100 millions de $ par an et qui ne baisse pas au
contraire. Où va l'argent ? La plus grande partie sert à financer des
bureaux somptueux, des salaires conséquents et des opérations de
publi-rédactionnel incessantes pour récolter encore plus d'argent. La Chief
Executive Officer de WWF, la froide Kathryn S. Fuller, engrange quelque 250.000
$ par an bénéfice compris. C'est là la logique implacable de
l'environnementalisme moderne pour lequel le volant non-lucratif est plus tourné
vers la levée de fonds que vers les sociétés contre lesquelles il est supposé
agir. En effet, l'inflexible chasse au fric porte ces organisations pour
l'environnement à participer de manière tout à fait sereine à des conseils
d'administration de sociétés, mais pieds et poings liés. Il faut se souvenir qu'il y a 2 ans environ, le WWF a
choqué plus d'un environnementaliste et activiste des Droits de l'Homme en
attribuant une récompense à Shell, cette même compagnie pétrolière qui, avec ses
associés, restait muette alors que la sanguinaire junte militaire au pouvoir
lynchait Ken Saro-Wiwa et 8 autres défenseurs de l'environnement qui
combattaient les opérations frauduleuses dans la province Ogoni dans le delta du
fleuve Niger. Cette cécité morale auto-imposée fait partie du jeu. Le
WWF est l'une de ces structures qui pensent que le capitalisme est bon pour
l'environnement. Le WWF a fait régresser les choses en la matière concernant à
peu près tous les accords commerciaux de l'ALENA au GATT. Le WWF a aussi
quelquefois glissé sur la même pente que des agences gouvernementales
nauséabondes en avançant la même logique néo-libérale à travers le Tiers Monde,
y compris l'agence pour l'Aide Américaine. Le WWF est atteint d'une telle paranoïa concernant son
image, qu'il a récemment engagé -puis gagné- une procédure contre la World
Wrestling Federation -fédération mondiale du catch- pour que cette dernière
change de nom, afin de na pas altérer l'image de marque déposée "WWF". Ce qui
est certain, c'est que si vous vous souciez vraiment d'environnement, vous
dépenserez mieux votre argent en regardant les superstars du catch mondial sur
des chaînes payantes, qu'en devenant membre du WWF. Au moins, le catch, ça fait
rire. Vos dons au WWF iront gonfler le salaire d'un cadre de la
sylviculture telle Linda Coady qui parade sous la cape de l'environnementalisme.
A vous dégoûter de vous déguiser au carnaval. Quand la Nation Haida a lancé son offensive contre
Weyerhaeuser et sa riche armée de lobbyistes et d'avocats en début d'année,
Guujaaw remarquait : "on ne peut pas acheter notre mode de vie avec de l'argent".
Une leçon que les groupes environnementalistes comme le
WWF feraient bien d'apprendre par coeur s'ils ne veulent pas découvrir qu'ils ne
valent pas beaucoup plus que les zombies surpayés des sociétés avec qui ils ont
couché. Je ne retiens pas ma respiration. (Jeffrey St Clair, CounterPunch, 5 décembre 2002;
traduction de Seb Villepou) Article original (en anglais):
http://www.counterpunch.com/stclair1205.html Article en français:
http://forums.transnationale.org/viewtopic.php?t=793
www.counterpunch.com/stclair1205.html
environnement et mondialisation by François-Xavier Pelletier Saturday December 21, 2002 at 09:57 AM |
homme.nature@wanadoo.fr |
Le drame de l'environnement et de la protection de la nature c'est qu'il fait désormais partie de la mondialisation et que beaucoup d'argent est en jeu. J'ai moi-même été victime au Brésil d'une véritable mafia, dont le siège est aux USA, il s'agit de l'IWC (international wildlife coalition) :
http://www.homme-nature.com/baleiafranca.htm
J'ai contacté le WWF, Rebelle chez Greenpeace France, Reporters sans frontières, personne ne bouge car tout le monde défend sa chapelle. Pire Paul Watson de Sea Shepherd qui m'avait contacté pour récupérer mes images de massacre de globicéphales aux iles féroes pour l'insérer dans un film qui le montre "combattant de l'environnnement", devait en échange m'aider dans cette affaire baleia franca. Une fois les images insérées dans le film, plus de nouvelles...
Tant que la prétendue défense de l'environnement ne sera qu'une affaire de business, beaucoup de forêts seront encore rasées, beaucoup de communautés massacrées..