arch/ive/ief (2000 - 2005)

Plus raciste, tu meurs !
by Jen Saturday December 14, 2002 at 07:35 PM

Plus raciste, tu meurs !

On avait jusqu'à maintenant à faire à un événement secondaire, avec les quelques six cents légionnaires français déployés en Côte d'Ivoire, sous le prétexte granguignolesque de maintenir la paix dans ce pays. Surtout qu'il s'agit des mêmes forces, sous la même appellation, que celles qui avaient "maintenu la paix" au Rwanda, rendant possible – d'autres ont dit favorisant – le massacre des Tutsi dans cette autre région d'Afrique. Désormais, avec l'envoi supplémentaire depuis Toulouse de 2000 tueurs de nègres aguerris, dotés de blindés légers, de pièces d'artillerie et d'hélicoptères, de quoi massacrer la rébellion sans péril, le gouvernement français est en train de transformer la "Licorne" (c'est le nom donné à l'opération initiale) en crocodile ! Avec ces nouveaux baroudeurs, qui arriveront à Abidjan pour Noël – on pourrait difficilement rêver d'un plus beau symbole de paix pour l'Afrique ; c'était ça ou envoyer trois millions de doses de tri-thérapie – le corps expéditionnaire français change de rôle. Désormais, il se trouvera en nombre suffisant pour supplanter l'armée du Président Laurent Gbagbo, qui s'est montrée plus à même de massacrer les opposants mis en échec par les zouaves français et de piller les populations civiles, que de reprendre le terrain cédé à la rébellion.

Désormais, donc, l'armée du Président ivoirien, consiste principalement en la Légion étrangère française. Plus précisément encore, sans cette ingérence militaire extérieure, le régime actuel se serait déjà disloqué et les opposants seraient au pouvoir à Abidjan.

Outre le fait que le gouvernement de m. Raffarin roule l'opinion publique tricolore et internationale dans la raffarine, en continuant à mettre en avant des tâches de protection des coopérants étrangers, cachant celle, autrement plus significative, de la reconquête de la Côte d'Ivoire, on est conséquemment amené à se poser certaines questions à propos de l'opération Licorne plus. En observant d'abord, que le choix du nom de l'opération, s'agissant d'un animal fabuleux – donc invisible mais doté d'une grosse corne sur le nez – a été particulièrement bien trouvé par l'état major gaulois, à moins que ce dernier n'ait eu l'intention de ne pas tout dévoiler dans l'intitulé même de son incursion.

Bien évidemment, si la Légion avait voulu évacuer les ressortissants étranger du pays, cela ferait longtemps qu'ils seraient de retour en métropole ; alors, et puisqu'il existait une alternative militaire à cette évacuation, Chirac et Raffarin ont choisi d'évacuer, au contraire, ceux qui pourraient, théoriquement – on ne fait pour l'instant état d'aucun Européen inquiété par la rébellion – les menacer.

Quant au Grand Jacques, qui nous bassine les oreilles, depuis qu'Arafat a déclenché son Intifada, nous rappelant à longueurs de journées qu'il n'existe pas de solutions militaires aux différends politiques, il démontre, par l'exemple personnel, le degré de certitude qu'il a lui-même pour les théories qu'il répand. Aussi, s'agissant des appels incessants de la France à respecter les principes du droit international, je m'écarquille les yeux à chercher dans lesdits principes, le droit à choisir, par le recours à l'ingérence militaire, les personnalités qui dirigent les Etats indépendants du vôtre ? Je ne distingue pas non plus la moindre légitimation internationale de l'action française, ni par le Conseil de sécurité de l'ONU, ne par l'Organisation des Etats Africains.

Et pour re-proportionner les termes des comportements internationaux licites aux yeux de Paris et aussi, pour montrer à quel point ils ne s'appuient en fait que sur les principes fluides et opportunistes de ses dirigeants, et non sur une appréhension cohérente et partant constructive des relations entre les peuples et entre les Etats, on est amené à observer encore d'autres contre-indications :

De remarquer, que bien que la France dispose d'intérêts certains en Afrique et en Côte d'Ivoire, s'agissant uniquement d'intérêts économiques, on ne saurait raisonnablement les qualifier d'existentiels. Rien de ce qui aurait pu advenir à Abidjan avec le renversement de Laurent Gbagbo, n'eut été de nature à menacer l'existence paisible des citoyens français de France.
Pour tout dire, même au plan économique, les changements encourus pour la France par l'éviction de Gbagbo auraient été absolument secondaires, n'engendrant aucun dommage tangible pour les finances de la République.
De remarquer, que les rebelles ivoiriens, à l'inverse des organisations palestiniennes armées, par exemple, ne sont mus que par des considérations locales et pragmatiques et qu'ils ne s'inspirent pas – loin s'en faut – d'une dynamique ayant pour ultime objet la conquête et l'asservissement du monde (voir la charte du Hamas, des Tanzim, du Jihad et du Hezbollah). Qu'ils ne pratiquent pas l'assassinat collectif de civils français, ni le terrorisme.
Que les rebelles abattus par la Légion française sont vraiment des militants de l'opposition au régime en place et non des chefs terroristes, ayant sur les mains le sang de centaines de paisibles civils.
Que les rebelles ivoiriens ne disposent pas d'armes de destruction massive, qu'ils ne développent pas l'arme atomique, qu'ils n'ont pas envahi de pays voisins au leur et qu'ils n'ont pas lancé de missiles balistiques sur des agglomérations civiles.

Je crois que la compréhension de ces différences est fondamentale, pour qui veut aller au bout du double langage tenu par Chirac, par de Villepin, par les néo-intellectuels et les néo-journalistes français. Sauf dans leur arrogance sans limite, l'analyse – et surtout l'analyse stratégique – ne souffre pas que l'on fasse usage de doubles standards. Ainsi, ceux qui justifient, ou qui acceptent par leur silence, que des mercenaires d'un autre temps, de véritables machines à tuer, massacrent au nom et pour le compte de la France des militants africains sur leurs terres, ne sont pas qualifiés à critiquer les mesures sécuritaires prises par le gouvernement Barak, et reconduites par celui d'Ariel Sharon.

Ici, en plus, ce sont des appelés du rang, des êtres humains qui ne fuient pas la justice, ni ne sont attirés par l'odeur de l'hémoglobine, qui luttent pour l'existence de leur pays et pour la survivance de leurs proches.

Outre la mention du double langage du gouvernement français, ma comparaison ne veut pas être un apanage et ne servir ainsi qu'à mettre en relief l'inanité, de plus en plus sérieusement, et notamment par la démonstration de ce double langage, entachée de la présomption de judéophobie étatique, du comportement de Paris au Moyen Orient. Il faut aussi ne pas être nombrilistes et s'occuper réellement de dénoncer l'ingérence militaire française en Afrique, pour ce qu'elle rend ridicule le droit des autres peuples à disposer d'eux-mêmes. Le droit international, même s'il est encore infiniment plus nébuleux et problématique que ceux qui le citent à des fins propagandistes se plaisent à le laisser penser, n'en demeure pas moins une nécessité. Et chaque fois qu'un peuple est privé, par la force, de la jouissance de son droit sur sa terre – et je ne parle pas des Palestiniens, trêve de simplisme ! – c'est l'équilibre de la planète toute entière qui est remis en question.

Puisque les journaux de l'Hexagone ne le font pas, puisque les ONG semblent ignorer, et jusqu'à l'existence d'un endroit qui s'appelle la Côte d'Ivoire, bien qu'on y parle français – pas les légionnaires du contingent français, la population ! - puisque toutes les télévisions françaises passent cette agression sous silence, c'est moi qui suis amené à dire à Chirac de préserver l'Afrique de ses bâtards et de nettoyer son jardin !

Cette iniquité des consciences, ce déséquilibres des préoccupations, entre qu'il s'agisse de celle prenant parti pour les Palestiniens et les Iraquiens, qui agressent d'autres peuples ou de celle de noirs ivoiriens qui veulent changer de régime – et je me fous de savoir s'ils ont tort ou raison, là n'étant absolument pas la question ! – révèlent à quel point la France est malade de ses élites et à quel point celles-ci sont corrompues. Et notre observation n'est pas gratuite, puisqu'en conséquence d'icelle – et jusqu'à ce que l'équilibre revienne aux gouvernants français et à leurs porte-plumes prévenants, entre le respect du droit des Israéliens d'organiser leur survivance et l'interdiction qui est à la France d'organiser la mort des autres – il faudra bien ne pas prendre au sérieux tout ce qu'ils pourront nous dire.

C'est, parce que le monde n'entend plus que les discours conséquents, tenus par des personnes conséquentes, jouissant pour le surplus encore d'un a priori de bonne foi ! L'image que ces élites malades projettent sur les observateurs lucides est toute autre, elle est fondamentalement raciste, c'est celle de tartuffions, grossis au Béluga, incapables de se sortir de leurs réflexes antisémites, ni même de les identifier, et qui continuent à comprendre parfaitement, cependant, que leurs déménageurs aillent tuer du nègre en Afrique…

comment accuser chirac de racisme
by jmardik Sunday December 15, 2002 at 02:00 PM
jmardik@yahoo.com

comment accuser chirac de racisme alors qu'il a été élu avec un score de président africain. Tout le monde a pu voir les drapeaux marocains et algériens le jour de son election en france.

faut se renseigner
by Ash Sunday December 15, 2002 at 02:47 PM

je te rappel que Chirac avait un jour dit, en allant visiter une maison d'africain:
"ils viennent avec plusieur femmes et tout leur enfants..... et en plus ce que ça pue chez eux!!!!!!"

Exactitude ...
by red kitten Sunday December 15, 2002 at 11:52 PM
redkitten@indymedia.be

Ash, c'est sans doute ce que pensait Chirac, mais il l'a dit de manière plus déguisée: « ... si on ajoute à ça le bruit et l'odeur ... », phrase qui est devenu un titre de Zebda.