arch/ive/ief (2000 - 2005)

Objectif à nouveau sur la scène politique
by Marianne Nimmegeers Friday December 13, 2002 at 02:52 PM
objectif@belgacom.net

Le ministre de la Justice, Verwilghen, a donné pour mission au parquet d'Anvers d'examiner s'il est possible de retirer la nationalité belge à Abou Jahjah, président de la Ligue arabe européenne (LAE). Filip De Winter, chef de file du Vlaams Blok, et Hugo Coveliers, chef de groupe VLD à la Chambre, avaient déjà entrepris une tentative similaire via une accusation de mariage blanc. Mais le parquet d'Anvers n'avait pu constater aucune irrégularité.

D'où vient ce zèle sans précédent de notre ministre de la Justice ? Ces six derniers mois, Abou Jahjah s'est profilé comme porte-parole d'une génération de jeunes d'origine arabe qui ont grandi dans notre pays et en ont assez des discriminations sur le plan de l'enseignement, du travail, de la justice. Ils en ont assez du paternalisme étouffant de la politique d'intégration et veulent simplement les mêmes droits que les Belges. En même temps, ils se profilent en tant que musulmans et descendent dans la rue par solidarité envers leurs frères palestiniens et arabes. Abou Jahjah a aussi été l'un des initiateurs de la manifestation contre la guerre en Irak sur base de la plate-forme Stop USA.

Les droits démocratiques sont en danger
Voyons-nous des fantômes quand nous suspectons le ministre Verwilghen de vouloir réduire Abou Jahjah au silence ? La nationalité belge de ce dernier l'immunise-t-elle contre les poursuites judiciaires ? Non, bien sûr ! Mais il est cependant impossible d'expulser le président de la LAE - ou de l'en menacer - tant que l'homme possède la nationalité belge. Par contre, les non-Belges peuvent très facilement être expulsés du pays s'ils constituent " une menace pour l'ordre public ". Et ceci pose problème en un temps où Bush établit des plans pour mettre en ébullition l'ensemble du Moyen-Orient. Dans la lutte contre les plans guerriers des Etats-Unis, les Belges et les personnes d'origine immigrée sont côte à côte. Mais nous n'avons pas les mêmes droits politiques et sociaux. Nous sommes donc moins forts. En outre, les fauteurs de guerre sèment la zizanie comme en témoignent les campagnes de haine raciales après le 11 septembre. La " menace de terrorisme " est utilisée afin de limiter les droits démocratiques des personnes d'origine immigrée : contrôles renforcés, refus de la nationalité belge, problèmes pour obtenir un visa, etc. Depuis le 11 septembre, on observe, partout en Europe, une croissance du racisme et de l'islamophobie.

L'arbitraire règne en maître
Dans ce climat, on constate que les partis traditionnels suivent cette tendance. L'appel au durcissement de la soi-disant loi-vite-Belge fait partie intégrante de cette politique restrictive.
Néanmoins, toutes les organisations qui oeuvrent sur le terrain sont entièrement d'accord avec Objectif : l'arbitraire règne en maître dans cette procédure. Dans la pratique, on est en train de faire marche arrière quant aux acquis limités de la nouvelle loi. En témoigne le nombre décevant de demandes de naturalisation approuvées : 30% en juin 2002 contre 80% dans les années '90 !

Réforme de la loi sur la nationalité
La réponse politique aux déclarations du VLD, du CD&V et du Vlaams Blok sur cette loi a été médiocre.
Nous estimons qu'une évaluation est nécessaire, tant de la question de fond que de la tactique afin de faire progresser la question de 'l'égalité totale des droits pour toute personne qui réside légalement en Belgique'. Vincent Decroly (parlementaire indépendant) estime également que cette problématique est très importante. Il a pris l'initiative, avec Objectif, de mettre sur pied un groupe de travail à propos de l'obtention de la nationalité. Ce groupe de travail organisera un séminaire le 24 janvier 2003 au parlement fédéral. Des personnes de diverses organisations ainsi que des parlementaires en activité, d'anciens ou de futurs parlementaires et des experts y collaborent.

Signal antiraciste
Le texte d'une proposition de loi actualisée pour l'octroi automatique de la nationalité belge après un séjour légal de trois ans (avec la possibilité de refus) figurera à l'ordre du jour de ce séminaire. En effet, au sein du groupe de travail existe la volonté politique de déposer à nouveau cette proposition. De la sorte, nous voulons donner un signal clairement antiraciste et rouvrir le débat. Le point central est l'exigence purement démocratique de l'égalité totale des droits, le changement de la conception nous/eux.

Dix arguments
En avant-goût, nous alignons dans le nouveau magazine d'Objectif les " dix arguments pour l'octroi automatique de la nationalité belge ". Le développement de ces arguments est basée sur des citations du projet de proposition de loi. Si vous souhaitez obtenir ce magazine, ou assister au séminaire, faites-nous signe au secrétariat d'Objectif : 02-512 67 27, objectifébelgacom.net. En tout cas, nous espérons que vous apporterez votre pierre à l'édifice en vue de (ré)ouvrir le débat sur l'égalité totale des droits pour les personnes d'origine immigrée.