arch/ive/ief (2000 - 2005)

Arnaud : Que se passe-t-il ici aujourd'hui ?

Joe : Ici aujourd'hui, on occupe un bâtiment inoccupé. Donc qui ne sert absolument à rien et donc nous, nous allons prendre possession de ce bien. Tant qu'il ne sert à rien, à nous, il va nous servir.

A : Comment avez-vous préparé cela et comment cela s'est passé ce matin ?

J : On a préparé cela entre potes, cool à l'aise, petites réunions tranquilles autour d'une bière et puis cela s'est bien passé. Jusqu'à présent, nous n'avons aucun problème, la presse est venue, même Indymedia est là (sourire) et donc là on attend le proprio du bâtiment, enfin le directeur de la société à qui appartient le bâtiment. On va voir ce que ça va donner.

A : Peux-tu décrire en deux mots le bâtiment, est-ce que tu sais à quoi il servait et depuis combien de temps il est à l'abandon ?

J : Ca fait 5 ou 6 ans qu'il est à l'abandon. Je crois que c'était une usine qui faisait du matériel électrique. Il y a un projet de reclassement soi-disant qui n'est toujours pas mis en pratique donc pourquoi ne pas profiter de ces espaces magnifiques ?

A : Maintenant, qu'allez-vous faire avec cet espace ?

J : En premier lieu du logement. D'abord parce qu'il y a une dizaine de personnes qui ont besoin de logement rapidement. Ca va être l'hiver donc, d'abord, on va s'occuper de cela. Ensuite, on va pouvoir faire des répètes de musiques, de théâtres et d'autres. Vu l'espace, il y a de la place, il y moyens de loger beaucoup de monde pour ça. Mais avant tout, du logement.

A : Au niveau de la ville de Liège, qu'est-ce qui vous a vraiment poussé à faire un nouveau squat ?

J : D'abord c'est le besoin de logement, des apparts il y en a mais à des prix impossibles et inabordables, sauf pour vivre dans une cage à lapin. Donc on se dit que peut-être c'est bien d'occuper un truc comme ça pour pouvoir vivre avec le reste plus ou moins correctement. Et en même temps, tu as un habitat communautaire où tu ne te retrouves pas tous seul, coincé dans un appart de merde où tu payes 10-15.000 balles par moi juste pour avoir un toit.

A : Par exemple, Demeyer (le bourgmestre de Liège), que fait-il par rapport à cette problématique du logement ?

J : Demeyer, quand il était pas encore Bourgmestre, il nous avait déjà promis du logement. Mais on attend toujours.

A : Ca fait combien de temps qu'il est Bourgmestre plus ou moins ?

J : Je crois que ça fait trois ans maintenant, ou quatre ans.

A : Il n'y a toujours pas de logements ?

J : Non, apparemment, il n'y a pas la place.

A : C'est ça qui vous entraîne à vous servir vous-même en fait ?

Il y a une loi qui s'appelle la loi Onkelinx qui dit que l'Etat peut réquisitionner des logements inhabités afin d'y recasser des gens. Mais la loi est là et personne ne l'applique. Donc, on s'est dis que vu qu'ils sont si occupés ces gens-là, on allait leur donner un coup de main en tant que citoyens que nous sommes. On va faire le travail à leur place. C'est ça qu'on fait. On se réapproprie ce qui nous appartient quelque part.

A : Maintenant, en pratique vous attendez l'arrivée du propriétaire, vous avez des craintes ou des espoirs ?

J : Qu'est-ce qu'on peut craindre ? Se faire jeter dehors, ben oui peut-être. Ca risque, ça peut arriver. Mais on n'a pas envie de partir, on ne se laissera pas faire. Maintenant, ici, on considère que c'est chez nous. Tant que ce n'est chez personne et que ça ne sert à rien, moi je trouve mieux qu'il y ai dix personnes qui soient à l'abri, logées, que dehors dans la rue. Et il y aura peut-être d'autres qui vont s'ajouter à la liste. Ici, il y a la place pour loger bien plus que dix personnes et il y a pas mal de gens dans la rue. Parce qu'on perd ses droits au chômage plus rapidement qu'avant, parce qu'on a pas droit aux allocations sociales aussi facilement qu'avant, parce que désespoir, parce que faillite d'une société. Il y a plein de gens qui se retrouve là-dedans subitement sans rien avoir vu venir.
Donc on espère bien, oui, que ça puisse devenir un grand logement social, ce serait très bien. Puisque les autorités ne le font pas autant le faire nous même.

bruler l'argent, vider les prisons, occuper les maisons...

Bande de .. subversifs?