La terre n'est pas à tout le monde.

Le 13 novembre le pétrolier « Prestige » chargé d' un fuel de haute toxicité destiné au tiers-monde s'ouvre au large de la Galice, iniciant une marée noire que les experts hésitent encore par pudeur à appeler la plus grande jamais arrivée ( déjà plus de 550 kms de côtes touchées sans compter tout ce qui reste à venir).
Catastrophe, fatalité d'un système, résignation…
Il faut oublier ces termes-là. Car il faut savoir que cette marée a été provoquée : dès les premières heures de l'accident, alors que le déversement était encore controlable, et au lieu d'appliquer les mesures d'urgence adéquates (on a vu par la suite qu'il n'y avait aucune mesure prévue), le gouvernement espagnol est entré en négociation avec l'armateur et l'entreprise de sauvetage sur les avantages qu'il pourrait en tirer. On a promené le bateau pendant 7 jours, du N au S, du S au N, pendant qu'il déversait 20.000 tonnes de pétrole sur les côtes, on le mena jusqu'à la limite des eaux portugaises dans une vaine tentative de responsabiliser d'autres, tout en minimisant monstrueusement les faits (selon la version gouvernementale, il n'y a « pas eu de marée noire, seulement quelques déversements »).
Le gouvernement espagnol non seulement a fait preuve d'incompétence, sinon qu'il a démontré sa malveillance, en choisissant de « gérer » la catastrophe de manière spéculative : comment tirer profit d'un désastre écologique mondial (la mer ne connaît pas de frontière) et donc provoquer l'amplification de la marée noire (plus de kms de côte noirs, plus de subsides).
Non seulement le gouvernement freine les travaux de nettoyage, mais il empêche la population de se mettre à l'ouvrage. 600 hommes, entre militaires et protection civile furent disposés sur 400 kms de côte affectée le gouvernement prétextant que ce sont les seuls compétents. Des volontaires venant de Madrid se sont fait rejeter aux frontières de Galice. Une bonne partie de la population galicienne s'est enfin mise en désobéissance civile pour sauver sa terre. Poursuivant sa logique commerciale et destructrice, le gouvernement autorise maintenant la population à aller nettoyer, mais uniquement sous contrat, avec sécurité sociale… ( les marins qui refuseraient le contrat seraient privés de subsides).
Opération commerciale dans une grossière tentative de racheter la conscience et la mémoire des gens, et dont l'Etat-entreprise est le seul bénéficiaire. Cette logique destructive n'est qu' un serpent se mordant la queue si on ne lui laisse pas prise. La désobéissance civile croît. Cela ne fait que commencer. Une grande manifestation est prévue ce dimanche à Compostelle.
Pendant ce temps le seul souci du gouvernement semble être le contrôle des médias : ce 26 novembre a été votée une « loi d'incompatibilité » visant à interdire les télévisions locales dépendantes des 2 grandes chaînes « indépendantes » :TELE5 et CANAL+ , argumentant que l'information locale est incompatible avec l'information nationale…

La Terre n'est pas à tout le monde. Elle n'appartient pas à ces sous- merdes qu'on appelle « dirigeants », ni à ceux qui leur lèchent le cul.
On leur fera bouffer jusqu'à la dernière cuiller.
Pour la Galice, dernière terre d'Europe, que si vous ne l'avez pas connue vous ne connaîtrez jamais.

arch/ive/ief (2000 - 2005)