Que faire en cas de vol de matériel vidéo par la police ? by arty Wednesday November 13, 2002 at 04:32 PM |
arty@ARTivisme.net |
Les passages à tabac "à l'aveugle", et la "confiscation" par la police de cassettes vidéo contenant des images d'exactions policières filmées lors de manifestations sont devenues aujourd'hui des pratiques courantes. Il faut également constater que la police ne se prive pas, quant à elle, de filmer de façon systématique les manifestantEs, même pacifiques.
Les vols de cassettes vidéo sont généralement commis par des groupes de deux ou trois policiers en civil sans brassard les identifiant comme policiers. Le vidéaste est vigoureusement maîtrisé, la caméra lui est arrachée des mains, la cassette est sortie, puis les policiers s'en vont très rapidement en emportant la cassette. Tout cela se passe en moins de trois minutes.
Il s'agit là de pratiques illégales extrêmement graves qui suppriment notre liberté d'expression. Ce sont des méthodes qui relèvent du fascisme et non de la démocratie. Il apparaît également que les personnes qui sont victimes de ces méfaits ne se défendent pas efficacement, voire pas du tout. CertainEs se limitent à rapporter les faits auprès des legal teams, mais ce n'est pas suffisant car, en parallèle d'actions groupées, il est nécessaire que les citoyenNEs fassent aussi valoir leurs droits individuellement, notamment en portant plainte.
Voici donc une procédure en 6 points pour les personnes victimes de vols de matériel vidéo par la police :
1. Si des policiers tentent de vous voler vos
cassettes ou votre caméra, tenez fermement votre caméra en criant
de toutes vos forces "au vol, à l'aide !" afin d'attirer
l'attention sur vous, notamment d'autres vidéastes/cameramen. Lorsque
les policiers s'éloignent avec votre matériel suivez-les en les
pointant du doigt et en criant "ils m'ont volé du matériel
vidéo, arrêtez-les !". Cela aura pour effet que d'autres
manifestantEs se joindront à vous; il vous sera alors facile d'obtenir
les coordonnées de quelques témoins.
Si un policier vous
demande de lui remettre votre cassette, refusez car il n'en a pas le droit.
S'il vous menace de vous arrêter parce que vous refusez,
répondez-lui que s'il vous prend du matériel, vous porterez
plainte contre lui personnellement pour vol, ainsi que pour
chantage s'il y a eu menace d'arrestation injustifiée.
Demandez-lui alors qu'il vous décline son nom, matricule et
unité, il est tenu de le faire (ayez toujours un bic et du papier sur
vous). S'il refuse, dites-lui que vous mentionnerez également ce fait
dans votre plainte. Ne résistez pas à une arrestation, restez
toujours calme et poliE, mais soyez très ferme pour défendre vos
droits.
2. Déposez plainte pour vol au commissariat de police de la municipalité/commune où se sont déroulés les faits. Portez également plainte pour chantage s'il y a eu menace d'arrestation injustifiée, ainsi que pour destruction de biens privés si votre cassette vous est rendue après avoir été effacée; dans ce dernier cas, si possible, n'oubliez pas de faire constater la destruction des données par un témoin au moment où l'on vous rend la cassette --> veillez à être accompagnéE). Faites votre déposition au plus tard dans les sept jours. Mentionnez-y les nom, matricule et unité du policier contre qui vous portez plainte. Si ce dernier a refusé de s'identifier, mentionnez également ce fait car cela aggravera son cas s'il est finalement identifié après enquête. Ne vous laissez pas intimider lors de la rédaction de votre déposition par le policier de service. Relisez attentivement votre plainte avant de la signer et veiller à ce que les termes "vol" et éventuellement "chantage" et "destruction de bien privé" soit mentionnés dans la plainte. N'oubliez pas de demander au policier qui a pris votre déposition de vous communiquer son nom, ainsi que le code d'identification de votre plainte. S'il refuse de le faire, menacez-le de déposer plainte contre lui. Restez toujours calme et poliE, mais soyez ferme.
3. Racontez les faits sur le site Indymedia de votre pays, et faites un copier/coller dans votre agenda de l'adresse de la page Web de votre article. Ce sera votre dossier en ligne.
4. Demandez ensuite par eMail à un parlementaire de votre choix qu'il demande au ministre concerné de s'expliquer sur ces faits devant le parlement (procédure courante, appelée "question parlementaire"). C'est à cela que sert aussi le parlement, qui est (censé être) la voix du peuple. Dans le mail que vous enverrez au parlementaire, mentionnez :
- | le code d'identification de votre plainte auprès de la police ; |
- | le nom du policier qui a pris déposition de votre plainte ; |
- | le nom, adresse, numéro de téléphone et adresse eMail de témoins éventuelLEs des faits dont vous avez été victime ; |
- | l'adresse de la page Web de votre article. |
5. Ajoutez en copie du mail que vous envoyez au parlementaire, les adresses eMail :
- | de journalistes d'au moins trois grands journaux de votre pays ; |
- | du maire/bourgmestre (= chef de la police) de la municipalité/commune où se sont déroulés les faits ; |
- | du legal team des organisateurs de la manif ; |
- | du/de la responsable d'Amnesty International, et de la ligue des Droits de l'Homme dans votre pays. |
NB : Vous trouverez les adresses eMail des personnes décrites ci-dessus, sur le site Web de leur organisation. Si ces adresses eMail ne sont pas publiées sur le site Web, téléphonez à ces organisations afin qu'on vous communique les adresses eMail professionnelles de ces personnes. (Evitez les adresses générales du genre contact@xyz.org). Pour trouver les sites Web : http://www.google.com/advanced_search?hl=fr .
6. Publiez une copie de ce mail (avec les noms et adresses eMail des destinataires) en commentaires de votre article sur Indymedia.
Comment piéger la police :
L'idéal est de constituer des équipes de deux vidéastes plus une troisième personne. La vidéaste 2 (une femme) suit le vidéaste 1 (un homme) à distance, sans jamais l'approcher, et cache sa caméra tout en étant prête à filmer en quelques secondes dès que le vidéaste 1 se fait agresser par la police. Dans ce cas, le vidéaste 1 devra crier "à l'aide, au vol !", comme expliqué dans le point 1 ci-dessus. Dès que les images sont tournées, la troisième personne (un homme, qui doit suivre la vidéaste 2 aussi à distance) vient chercher la cassette pour aller la mettre très vite en lieu sûr (de préférence chez unE amiE qui habite tout prêt). Si des flics tombent aussi sur la vidéaste 2, celle-ci devra également crier "au vol, à l'aide !", et la troisième personne devra alors venir lui porter secours.
Solidarité : il faut défendre les manifestants qui sont agressés par la police
De façon générale, n'oubliez pas que la loi vous oblige à porter assistance à toute personne en danger. En particulier, vous êtes autorisé à recourir à la force pour porter assistance à une victime agressée par des personnes qui tentent de lui voler un bien privé, tel que des cassettes vidéos, ou les données qu'elles contiennent. Le fait que ces personnes soient membres des forces de police n'y change rien : la police n'est pas autorisée à voler. N'oubliez pas cependant que la force utilisée pour porter secours à une personne agressée doit être proportionnelle à celle utilisée par l'agresseur : si ce dernier n'est pas armé, un bon coup de poing sur la gueule suffit généralement pour le décourager, il n'est pas nécessaire (ni conseillé) de le paralyser à vie. Petit conseil : veillez à ne faire ce genre de chose que si vous êtes plus nombreux que la police dans votre environnement immédiat. Il est conseillé de constituer plusieurs groupes d'au moins vingt personnes, très mobiles (ça gêne les flics, qui eux sont toujours moins mobiles car ils doivent obéir à leurs chefs) et communiquant entre eux par SMS ou autre moyen de télécom. Ces groupes de défense ne doivent pas avoir de chef, leurs membres viennent et partent volontairement. Nous pensons qu'il est préférable de se concentrer sur la défense des manifestantEs agresséEs par la police, plutôt que de briser des vitrines devant les caméras de TV. C'est une bonne façon d'éviter d'être manipulés par des flics-provocateurs déguisés en manifestants.
Un témoignage de passage à tabac "à
l'aveugle" par la police :
http://dossiers.lesoir.be/UE2001/TousLesArticles/A_01FB4C.asp
Un témoignage de vol de cassette vidéo par la police :
http://archive.indymedia.be/front.php3?article_id=37963&group=webcast
Document intéressant qui résume quelques
droits importants des manifestants :
http://archive.indymedia.be/front.php3?article_id=12197
La démocratie ne sert que si on l'utilise. Et s'il s'avère impossible de faire valoir nos droits, il importe d'acter cette impossibilité par des documents crédibles, vérifiables et publiés sur le Net. C'est très important de constituer des dossiers étoffés pour prouver au reste de la population qu'il se passe des choses graves.
Ce document est mis à jour à cette adresse :
http://artivisme.net/procedure_vol_video.htm
Intéressant ... by red kitten Wednesday November 13, 2002 at 05:02 PM |
redkitten@indymedia.be |
... mais une petite question tout de même:
je pense qu'avant de présenter une telle méthode, elle doit avoir été testée et fait ses preuves.
Est-ce le cas?
Mon experience: d'abord la prévention:
-1- Ne jamais être seul/e pour peu que la situation soit un peu tendue.
-2- Etre visibles: nous portons cartes de presse, veste 'Indymedia / PRESS', etc.
[ les policiers savent qui nous sommes, et les manifestant/e/s aussi: qui va protéger les cameramen de RTL-TVI ? ]
-3- Communiquer: les autres doivent savoir où on est. Avoir le numéro de dispatch et / ou des legal team dans le répertoire du GSM, en première/s place/s [ histoire de ne pas chercher 1/2 heure ]
-4- Avoir le matériel accroché à soi, avec une sangle autour du poignet, ou ce genre de chose [ évite le vol à l'arrache et les chutes ]
-5- Etc...
==========
Générallement, mon premier objectif en cas de problème, c'est de sauver la caméra ou l'appareil photo. Ensuite vient la sauvegarde et / ou la récupération du matériel.
Pas facile dans ce cas de se débattre, crier, etc ...
Mais si tu a des expériences courronnées de succès en la matière, n'hésite pas à nous en faire part.
Ok mais... by turlututu Wednesday November 13, 2002 at 10:19 PM |
Merci Arty j'en prend bonne note. Je viens de recevoir un mail de la police comme quoi ma cassette me sera intégralement rendue, mais je doute fort que les parties compromettantes y soient encore. Pour preuve ils ont employé cette phrase très révélatrice:
Nous avons fait ""une copie"" de la K7 saisie à un dénommé... Ce qui sous-entend qu'ils n'ont rien modifié.
Aussi le fait d'aller la rechercher en mains propres va leur permettre de m'identifier (car ils ne l'ont pas fait au moment même), j'en suis bien conscient mais j'irai tout de même la reprendre sur conseil des légals team.
Comme Redkitten dit, ce n'est pas toujours facile surtout quand tu es entouré de flics en civil dont certains ont des matraques rétractables. Pour plus de détails je me trouvais à proximité d'un groupe de légals team (j'étais donc très bien accompagné), j'avais une carte de presse d'indymedia et la sangle de ma caméra était solidement attachée. Malgré cela ils ne leur pas fallut 1 minute pour me la prendre. En cas de cri c'était soit moi ou soit ma caméra qui allait y passer... Ce qui fait défaut dans ces cas-là c'est l'absence totale d'actes de solidarité entre manifestants et agents de la presse.
J'essayerai de publier les suites de cette histoire.
il s'agit quand même de vol by arty Thursday November 14, 2002 at 12:28 AM |
arty@ARTivisme.net |
Turlututu, Voici ce que tu dois faire :
1. Garde précieusement le mail dans lequel le policier reconnaît avoir copié les données. La copie de données informatiques privées sans l'autorisation d'un juge est un VOL CARACTERISE : tu le tiens par les couilles.
2. Demande au policier qui te remettra la cassette de décliner son nom et matricule.
3. Porte ensuite plainte contre lui personnellement pour vol de données informatiques ainsi que de matériel vidéo (Si je te vole ta voiture et te la rends quelque jours plus tard, il s'agit quand même de vol). Une cassette vidéo n'est pas une arme, il ne peut te la confisquer sans autorisation d'un juge.
4. Sois accompagné et emporte ta caméra avec toi --> vérifie que toutes les données se trouvent encore sur la caméra AU MOMENT où il te rend la cassette. Si des données ont disparues, mentionne également DESTRUCTION DE BIENS PRIVES dans ta plainte.
5. Suis ensuite la procédure indiquée ci-dessus (fais ta demande de question parlementaire par exemple à vincent.decroly@lachambre.be)
PS : Les flics vont tenter de t'intimider, te diront que la procédure ci-dessus est fausse, ou que ça ne sert à rien. S'ils tentent de t'intimider, mentionne-le aussi dans ta plainte.
être pro-actif by arrty Thursday November 14, 2002 at 12:40 AM |
"En cas de cri c'était soit moi ou soit ma caméra qui allait y passer... "
--> pas du tout : si tu vais crié "au vol, à l'aide", ils savent très bien qu'ils sont dans la merde si d'autrent les filme à ce moment
"Ce qui fait défaut dans ces cas-là c'est l'absence totale d'actes de solidarité entre manifestants et agents de la presse."
--> Si tu ne cries pas "au vol, à l'aide" les autres ne peuvent pas savoir de quoi il s'agit, le fait de crier "au vol à l'aide", leur donne implicitement le droit de recourir à la force pour porter assistance à personne en danger;
Les flics marchent toujours à l'intimidation (ils sont dressés pour cela), surtout quand ils commettent des actes illégaux
IL NE FAUT SE LAISSER INTIMIDER !!!
IL FAUT CONTRE-ATTAQUER PAR LA VOIE LEGALE
d'accord, c'est pas facile, mais il faut essayer
Arty ... by red kitten Thursday November 14, 2002 at 01:09 AM |
... je suis d'accord avec toi sur un certain nombre de points. [L'aspect illégal de ce genre de saisie, etc ...]
Mais tu ne répond pas à ma question: est-ce que ton texte se base sur des expériences ou sur des suppositions?
Je considère que « d'accord, c'est pas facile, mais il faut essayer » signifie que c'est plutôt une suggestion qu'une méthode qui a fait ses preuves. Il serait plus honnête de le préciser.
oui tout est du vécu by arty Thursday November 14, 2002 at 01:59 AM |
arty@ARTivisme.net |
Cette procédure ne repose que sur des expérience vécues, mais pas toutes par la même personne. Nous nous sommes notamment inspiréEs de travaux d'activistes-formateurs dont les méthodes ont été publiées (entre autres) sur http://www.guerrillanews.com
Je n'ai pas personnellement été victime d'une tentative de vol de matos, mais la procédure repose sur des commentaires de victimes.
J'ai par contre pu constater perso comment se passe une déposition et les intimidations exercées par la police, ainsi que les fouilles illégales. J'ai également observé avec attention les techniques utilisées par les équipes d'arrestation (ce sont elles qui commettent les vols et passages à tabac à l'aveugle).
Quant aux aspects juridiques, ils ont été relus et validés par deux juristes, dont un avocat pénaliste.