arch/ive/ief (2000 - 2005)

Assemblée générale des mouvements sociaux européens
Auteur : Marie Thorndahl

Euphorie dans les rangs !

Tout ceux qui ont réussi à s'extraire des sacs de couchages assez tôt après la longue marche de la veille, se pressent vers la gare désaffectée où se tient l' assemblée générale des mouvements sociaux qui clôture ce premier Forum Social Européen. L'ambiance est à l'euphorie chez les organisateurs italiens. Ils se félicitent de la forte mobilisation qui a eut lieu à Florence : 60'000 délégués enregistrés pour suivre les 400 conférences et ateliers et 1 million de manifestants dans le cortège contre la guerre la veille… et tout cela, dans la joie et la convivialité qui ont fortement contribuées à redonner confiance et motivation aux alter-mondialistes refroidis après Gênes : « Les énergies du cosmos sont de nouveau du côté de tout ceux qui se battent pour un monde plus juste et humain ! » affirme sérieusement une italienne de Bologne !

Approches humanistes, historiques, politiques ou cosmiques, qu'importe ! Les 12'000 participants de l'Assemblée se pressent pour écouter la poignée d'orateurs triés sur le volet. Ils sont sensés représenter la diversité des sensibilités, restituer les résultats des discussions du FSE et annoncer les campagnes futures.

Deux mots clefs pour les mouvements sociaux : mobilisations et réseaux

L'assemblée est ouverte par deux femmes dont l'âge et l'expérience contraste avec la plupart d'entre nous : la mère de Carlos Guiliani, décédé à Gênes d'une balle de la police, et une représentantes des Madres de Plaza de Mayo d'Argentine, nous rappellent la continuité des luttes pour la démocratie et la justice et les douleurs et sacrifices que celles-ci engendrent parfois.

Le FSE s'inscrit dans cette histoire tout en se projetant dans le futur. Dans cet esprit, deux mots clefs parsèment le chapelet de déclarations des orateurs représentants les mouvements sociaux : mobilisations et réseaux.

Mobilisations, car les luttes contre la guerre, le racisme, la pauvreté, le néo-libéralisme et les droits des citoyens s'articulent autours d'un nombre impressionnant de campagnes et de manifestations futures eu Europe et à travers le monde. Chaque orateur a présenté des calendriers chargés, que ce soit la campagne permanente contre la guerre, les marches européennes contre la pauvreté et les exclusions, les prochaines campagnes pour l'annulation de la dette des pays du Sud qui se cristalliseront essentiellement autour du G8 d'Evian, les mobilisations contre le néo-libéralisme et le GATS, notamment à Cancun, Washington, Bruxelles, Davos, Copenhague, Salonika et Evian… sans oublier la continuité des Forums Sociaux, à Hyderabad et à Porto Alegre.

Réseaux, car le FSE est d'abord un processus qui permet de se rassembler pour pouvoir travailler ensemble de manière permanente et plus non au coup par coup. C'est sûrement un des apports majeurs du forum, car pour être entendues, les luttes doivent être construites et menées sans interruption, au niveau européen et mondial. C'est pourquoi, chaque orateur (ou presque) a annoncé la création ou l'élargissement de réseaux rassemblant des mouvements sociaux, autour de campagnes ou de thématiques qui lui tiennent à cœur : réseau des forums sociaux, réseaux contre la guerre, réseau des « sans » contre les exclusions, réseau pour l'annulation de la dette, réseau contre le GATS…

Le premier Forum Social Européen se termine donc sur un bilan très positif : une victoire italienne d'abord, contre Berlusconi qui n'a pu empêcher la tenue d'un FSE pacifique, qui a connu une mobilisation inespérée. Une bonne avancée pour l'Europe ensuite, en permettant aux mouvements sociaux de refaire un plein de confiance pour mieux aborder les défis futures. L'année 2003 sera particulièrement riche en évènements et campagnes alter-mondialistes. Gageons que le mouvement s'élargira encore pour pouvoir assurer de fortes mobilisations sur tous les fronts !