arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les manifestants favorables à des inspections d'armement... aux USA

by Malcolm S & Marco Louvier Sunday, Nov. 10, 2002 at 6:37 PM

Certains regrettent que deux manifestations soient organisées à Bruxelles à une semaine d'intervalle. Comme Eddy, 46 ans, du comité 11.11.11 de Grimbergen. Il dénonce pourtant avec virulence les inspections d'armement (que prônent les organisateurs de la manif du 17 novembre): «Certains de ces inspecteurs sont des informateurs devant désigner des cibles à bombarder. En Belgique, les parlementaires ne peuvent pas savoir si la base de Kleine Brogel abrite des armes nucléaires, mais ces inspecteurs auraient le droit d'aller visiter jusqu'au palais de Saddam Hussein...»

10-11-2002

«Pourquoi on manifeste? C'est le chef qui a décidé...» Ils sont venus à six, trois filles, trois garçons, 16-17 ans, d'une section carolo des scouts catholiques. Le chef, c'est Hermine. Anne de son vrai prénom. Pour elle, «ce n'est pas en bombardant un pays qu'on va arrêter la haine». Un danger, l'Irak? «Pas vrai, répond-elle calmement. Le but, comme en Afghanistan, c'est le pétrole.» Elle est convaincue que les Etats-Unis imposent des inspections d'armement en sachant que Bagdad va refuser. «Ils cherchent un prétexte pour faire la guerre.» L'Irak a-t-il le droit d'avoir des armes? «Oui, intervient brusquement Gregory. Car les Etats-Unis en ont!» Ouf, on pensait que seule la gentille Hermine savait pourquoi elle était là.

Le cri du cœur de Gregory est partagé par la plupart des manifestants. Ainsi, Leila, jeune Bruxelloise de 18 ans, hésite longuement quant à l'opportunité d'envoyer des inspecteurs en Irak. «Mais pourquoi les Etats-Unis auraient le droit d'avoir des armes, tranche-t-elle finalement. Si au moins ils allaient en Irak pour une noble cause...»

Harko, jeune gantois, ne croient pas du reste que l'Irak possède des armes de destruction massive: «Avec l'embargo imposé par Bush père après la guerre du Golfe en 1991, je ne pense que le pays ait les moyens d'en fabriquer. Tout ce que raconte l'administration Bush ne sert que de prétexte pour une attaque de ce pays.» Harko affirme que «Bush fait pire que Hitler. Mais pour les deux, c'est toujours l'envie folle de dominer le monde, de conquérir d'autres pays pour leurs ressources énergétiques.» «Rappelez-vous, ce que Bush fait contre l'Irak, Hitler l'a fait contre la Pologne, rappelle un ouvrier de Caterpillar. C'est ainsi qu'a commencé la deuxième guerre mondiale. La troisième commence contre le monde arabe.»

Certains regrettent que deux manifestations soient organisées à Bruxelles à une semaine d'intervalle. Comme Eddy, 46 ans, du comité 11.11.11 de Grimbergen. Il dénonce pourtant avec virulence les inspections d'armement (que prônent les organisateurs de la manif du 17 novembre): «Certains de ces inspecteurs sont des informateurs devant désigner des cibles à bombarder. En Belgique, les parlementaires ne peuvent pas savoir si la base de Kleine Brogel abrite des armes nucléaires, mais ces inspecteurs auraient le droit d'aller visiter jusqu'au palais de Saddam Hussein...»

«Les USA savent tout de la planète Mars et, pour l'Irak, ils ont besoin d'envoyer des inspecteurs», épingle Mondker, 39 ans, de Tessenderloo. Pour Mohammed, de Charleroi, ces inspecteurs ne sont rien d'autres que les «travailleurs en noir de Bush». Et selon Saïd, de Bruxelles, «l'Onu représente une télécommande des USA. Ils s'en servent comme bon leur semble.»

Les avis sont plus partagés sur l'attitude des gouvernements européens. Pour certains, ils ont une position bien plus responsable que Washington. Pour d'autres, par contre, pas de différence fondamentale. Ainsi, Monique, qui fut une ardente militante contre la guerre du Vietnam, estime que l'Europe suit la voie prise par les Etats-Unis. Elle vient de passer à un stand de solidarité avec le révolutionnaire philippin José Maria Sison: «Vous voyez, Bush déclare que c'est un terroriste et l'Europe le suit.»

Pour elle, le discours des dirigeants US contre le terrorisme correspond au discours anticommuniste de l'époque du Vietnam. «Je me demande même si ce ne sont pas eux qui ont fait sauter les tours. Ca ne m'étonnerait pas: au Vietnam, ils ont fait pire. Les scientifiques américains avaient pourtant prévenu que les armes chimiques auraient des conséquences pendant un siècle. Et Washington ose dénoncer l'Irak...» Monique pense qu'aujourd'hui, le mouvement de masse dans le monde n'a pas encore assez de force face à la puissance de l'impérialisme. «Mais cela pourrait changer. Ce qu'il manque jusqu'ici, c'est un Hô Chi Minh ou un Che Guevara.»

Le lien entre l'Irak et la Palestine est une évidence pour tous les manifestants, en particulier pour Najat, de la Coordination des femmes pour la libération de la Palestine. «Si Bush attaque l'Irak, pronostique-t-elle, Sharon va en profiter pour refaire ce qu'il a fait à Jénine lorsque l'armée US bombardait l'Afghanistan.» Elle dénonce aussi le silence complice de la majorité des gouvernements arabo-musulmans. Adnan, Liégeois d'origine tunisienne, va plus loin: pour lui, «si les gouvernements pro-américains des pays arabes n'y exerçaient pas une répression féroce envers le moindre signe de solidarité avec la Palestine ou l'Irak, des millions d'habitants y seraient déjà descendus dans la rue.»

La perspective d'une attaque met en fureur Mustapha, 17 ans: «Tous les pays du monde arabe doivent se mobiliser pour détruire les bases américaines de par le monde. Les Américains ne vont jamais s'arrêter si on ne les force pas.»