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Tribunal Populaire Sabena - Discours d'ouverture de Maria Vindevoghel

by Julien Saturday, Nov. 09, 2002 at 10:06 PM

Nous ne nous laisserons pas faire et nous battrons jusqu'au bout.

De tout cœur, bienvenue !
Un an après la plus grosse faillite de l'histoire de la Belgique, nous nous retrouvons tous ensemble ici.
Non pas pour nous lamenter, mais pour nous faire justice.
Non pas pour pleurer sur notre sort, mais pour dénoncer et accuser.
Aujourd'hui, nous, anciens travailleurs de la Sabena, nous citons à comparaître les politiciens qui, consciemment, ont préparé cette faillite : les Van Miert et Dehaene, les Di Rupo, les Daems et autres Durant.
La commission parlementaire a été une farce au cours de laquelle ces messieurs et dames ont pu à loisir se justifier sans se soucier le moins du monde du sort des 17.000 travailleurs jetés à la rue comme des malpropres.

Aujourd'hui, nous, les travailleurs, les victimes de leur politique, nous les citons à comparaître. Nous avons le droit de parler. Nous avons le droit de les dénoncer. Car c'est nous qui avons fait la grandeur de la Sabena, nous y avons été les véritables investisseurs.
Et non pas les membres du Conseil d'Administration, qui gagnaient gros sur notre sueur et qui ont sciemment sabordé l'entreprise.
Un bref extrait de vidéo montre Verhofstadt que nous avons cité en personne hier à comparaître devant notre tribunal populaire.
Non, Verhofstadt, nous, les anciens travailleurs de la Sabena, nous n'en resterons pas là. Ce n'est pas une question de pouvoir ou de ne pas pouvoir.
Car vous et vos prédécesseurs, vous avez consciemment préparé le déclin et la faillite de cette entreprise.
Car vous et vos prédécesseurs, vous vouliez cette privatisation et vous l'avez appliquée.
Car vous et vos prédécesseurs, vous vouliez confier la dérégulation et la déréglementation de tout le secteur aérien européen aux mains des trois plus grosses compagnies européennes : la Lufthansa, British Airways et Air France.
Car vous et vos prédécesseurs, vous nous avez jetés à la rue afin de servir les intérêts de ces multinationales européennes.
Van Miert a commencé le travail au sein de la commission européenne.
Dehaene et Di Rupo ont poursuivi la tâche.
Verhofstadt, Daems et Durant ont terminé le boulot.
Ces messieurs et dames du Conseil d'Administration étaient leurs serviles larbins.
Tous, vous être coupables d'un homicide avec préméditation.
Je suis en colère lorsque je vois le mépris qu'ils ont affiché à notre égard au sein de la commission parlementaire.
Lorsque je constate comment ils tentent de sauver leur propre peau.
Tout comme vous tous, ici présents, je suis écœurée par tous leurs mensonges dégoûtants.
Une femme m'a dit à quel point elle avait été outrée lorsque Dehaene avait déclaré à la TV.
Et avec le sourire, qu'il ne savait rien de l'achat des Airbus et que la commission n'avait pas posé de questions embarrassantes.

" Quel micmac politique ", m'avait-elle dit, " ils font précisément comme si rien ne s'était passé ! " De colère, elle avait presque mis sa TV en pièces : en tant que chômeuse, toutefois, elle ne pouvait pas se le permettre.
Je suis en colère quand je vois comment Di Rupo essaie de faire boire le bouillon à Daems alors que lui, prétendument, Di Rupo, aurait sauvé la Sabena. Mais c'est quand même Di Rupo qui a conclu l'accord avec la Swissair.
Et a ainsi permis à cette dernière de saigner la Sabena à blanc.
Ces messieurs jouent au ping-pong alors que tant de travailleurs de la Sabena se retrouvent dans la misère la plus noire.
Je pense aux nombreuses personnes qui me téléphonent chaque jour et qui sont confrontées à des choix déchirants.
Je pense à Patrick, qui peut choisir entre un boulot hyperflexible dans lequel il risque de ne plus avoir de vie sociale et familiale et le chômage avec lequel, à la fin du mois, il ne lui restera plus rien pour nourrir ses gosses.
Je pense aux pilotes qui doivent aller travailler à l'étranger et qui, tout un mois durant, ne pourront plus voir leur femme et leurs enfants.
Je pense à tous ces autres pilotes qui sont sans travail et qui sont découragés. Je pense à XXX qui, de désespoir, a mis fin à ses jours.
Je pense à tous ces stewards et hôtesses qui se sont vu proposer des boulots temporaires et qui perdent de 40 à 50% de leur salaire.
Je pense à tous ces gens du catering, de la manutention… qui ont dû choisir entre la peste et le choléra.
Je pense à Martine, du cleaning, qui, après avoir bossé dur pendant trente ans, s'en est allée les larmes aux yeux. Car, quand on a plus de 45 ans et qu'on a travaillé toute sa vie en équipe, il est presque impossible de tenir le coup dans la nouvelle société BGS.
La productivité et la flexibilité sont si élevées qu'on ne peut y résister sur le plan physique.
Je pense à tous ces milliers de personnes qui n'ont même pas eu le choix.
Car cela a été décidé arbitrairement : vous ne revenez plus à l'aéroport, car vous êtes trop vieux, trop jeune, trop souvent malade ou tout simplement parce que vous défendez vos droits.
Ils sont encore nombreux aujourd'hui ceux qui se demandent pourquoi untel peut bien et pourquoi pas moi…
Je pense à toutes ces lettres douloureuses que j'ai reçues de personnes qui me disent à quel point c'est terrible de se voir mis sur la touche.
Des gens de 50 ans sont tout simplement jetés à la casse. Vingt ou trente années d'engagement très dur et même pas le droit à un plan social.
Aux membres volants du personnel de cabine, il est même interdit de travailler car, autrement, ils perdent leurs droits à la pension.
Nous n'acceptons plus ces humiliations.
Nous sommes tous sacrément convaincus que les choses auraient pu se dérouler autrement.
Nous n'avons pas de leçons de morale à recevoir de gens comme la ministre Laurette Onkelinx, qui empoche 600.000 francs par mois pour nous envoyer sur les roses. Je voudrais l'y voir, elle, tenter de nouer les deux bouts avec 30.000 francs par mois !
Nous considérons ceux qui nous ont fait subir tout cela comme des criminels et des terroristes.
Nous réclamons justice. Pour nous-mêmes et pour nos enfants, qui sont également des victimes. Car où pourront-ils aller travailler demain ?
La tête droite, nous lutterons. Tout comme nos parents et nos grands-parents l'ont fait.
Nous rendrons la justice nous-mêmes.
Les coupables doivent payer et ils paieront.
Avec vous tous, je relève ce défi.
Nous irons de l'avant et nous gagnerons.

Avez vous peur de l'état

by adrénaline Sunday, Nov. 10, 2002 at 12:27 AM

waw

Dites le lui !

by ne vous privez pas Sunday, Nov. 10, 2002 at 12:38 AM

Dites le lui !...
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il vous écoute