« Il n'y a pas d'autre choix que la résistance, aucun autre choix. » explique Jayyab. Il fait partie avec Fadi et Salah d'une délégation de trois jeunes Palestiniens qui sont en Belgique pour un mois (novembre) à l'invitation des Brigades de Jeunes Che-Leila. Interview.
« Il n’y a pas d’autre choix que la résistance,
aucun autre choix. » explique Jayyab. Il fait partie
avec Fadi et Salah d’une délégation
de trois jeunes Palestiniens qui sont en Belgique pour un mois (novembre) à
l’invitation des Brigades de
Jeunes Che-Leila. Ils vont faire le tour du pays pour témoigner de
la situation de la jeunesse palestinienne et de sa lutte. Benjamin Pestieau Pouvez-vous nous faire ressentir le quotidien des
jeunes palestiniens sous l’occupation ? > Fadi : Nous sommes des jeunes comme les autres dans le
monde mais nous n’avons rien. Nous n’avons aucune activité
culturelle ou festive. Il n’y a quasi aucune occasion de rire pour un
jeune palestinien. Nous avons une des jeunesses les plus déprimées
du monde à cause de la situation économique désastreuse,
de l’occupation et l’oppression de l’armée israélienne.
A Bethléem, nous connaissons régulièrement des périodes
de couvre-feux où l’armée israélienne nous laisse
sortir 4 heures tous les 4 jours pour aller chercher à manger. A Jénine,
ça fait 100 jours qu’ils sont sous ce régime ! Est-ce que
tu peux imaginer la mentalité et le désespoir des jeunes dans
de telles conditions ? > Jayyab : Comme étudiant palestinien, c’est
relativement facile d’aller étudier à l’étranger
mais c’est très difficile d’y revenir une fois les études
terminées et impossible si tu as fait des études scientifiques
comme la physique. Pour beaucoup de jeunes palestiniens l’école
leur est impossible aussi à cause de la situation économique désastreuse.
Les jeunes n’ont pas d’argent pour payer les études ou une
chambre près de l’université ou plus simplement, ils doivent
travailler pour aider leur famille à survivre, à manger. La jeunesse palestinienne est déprimée
? Pourtant elle ne cesse de résister, d’où tire-t-elle sa
détermination ? > Jayyab : Beaucoup de jeunes ont perdu leurs frères,
leurs amis, leur famille. Tu peux être déprimé mais il n’y
a pas d’autre choix que la résistance, aucun autre choix. Dès
l’age de 6 ans je me suis fait battre par l’armée israélienne
pendant la 1ère Intifada car je portais un t-shirt avec le drapeau palestinien.
J’étais à peine né que mon père a été
jeté en prison. Il y est resté 10 ans. Toute mon enfance, j’ai
vu mon père en prison. Pendant la deuxième Intifada, lors d’une
manifestation, j’ai été touché par une balle ‘doumdoum’
qui explose à l’intérieur du corps. Je peux te montrer mon
dos et les dégâts de cette balle. Tu peux être déprimé
mais dans une telle situation, seule la résistance est possible. > Fadi : L’usage des balles ‘doumdoum’
est pourtant interdit par toutes les lois internationales ! J’ai dit que
la jeunesse palestinienne est déprimée mais elle résiste
pour pouvoir vivre normalement. Les jeunes se battent pour des choses simples
comme la liberté et la paix. Nous sommes des jeunes normaux qui voudrions
avoir une vie normale : étudier, participer à des activités
culturelles, rire,… On ne veut pas de sang, de morts et de guerre. Mais
l’occupation nous prive de cette vie normale. 24 heures sur 24, tu entends
les tirs, les bombes, les missiles. C’est la musique avec laquelle on
s’endort et avec laquelle on se réveille. Quand on rentrera en
Palestine, il est possible qu’on se fasse arrêter pour une raison
ou l’autre. A tout moment, tu peux te faire tuer ou voir tes amis tués.
Dans ces conditions, tu ne peux que résister. Tu n’as pas le choix.
Quand j’avais 17 ans, j’étais en face de ma maison avec mes
amis. A ce moment une jeep de l’armée israélienne passe
devant alors que j’étais en train de rire. La jeep s’arrête
brusquement et les soldats en sorte : « Pourquoi riais-tu ? ». Après
ils ont continué à parler mais je ne comprenais pas ce qu’il
disait. Ils m’ont saisi et frappé dans la jeep avant de me laisser.
Comment réagirais—tu si c’était ton quotidien ce genre
de choses ? Comment les menaces de guerre contre l’Irak
sont perçues en Palestine ? > F : Les jeunes palestiniens comprennent très bien
le lien entre l’Irak et la Palestine. Bush voudrait stopper l’Intifada
pour avoir les mains libres pour attaquer librement l’Irak. Bush promet
des plans vides qui envisagent des négociations dans 3 ans ou plus tard
encore. Tout cela pour stopper l’Intifada. Mais les Palestiniens continueront
à verser leur sang pour empêcher les plans de Bush. Est-ce que des figures révolutionnaires
sont populaires en Palestine ? > F : Che Guevarra est le logo de notre résistance.
C’est la personne à qui on pense toujours quand on pense à
la résistance… et aussi au communisme. Est-ce qu’il y a un message que vous voudriez
donner à la jeunesse en Europe ? > F : Les médias dans le monde sont pro-israéliens.
On vient ici pour donner une autre image de la jeunesse que celle livrée
par les grands médias. Nous sommes des jeunes normaux. Nous ne sommes
pas des fanatiques, nous n’aimons pas le sang et la mort. La seule chose
que nous faisons c’est résister à une occupation. Soutenez-nous
! Manifestez, pour changer la politique internationale vis-à-vis d’Israël.
Manifestez pour nous aider à récupérer nos terres, notre
Capital Jérusalem et permettre le retour de nos frères réfugiés
dans les pays voisins.
> La jeunesse palestinienne est déprimée ?
Pourtant elle ne cesse de résister, d’où tire-t-elle sa
détermination ?
>
> Est-ce qu’il y a un message que vous voudriez donner
à la jeunesse en Europe ?
Aller à l’université, c’est risquer sa vie. La Cisjordanie
est divisée en 64 cantons et la route qui mène à l’unif
est truffée de colons et ou de soldats qui n’hésitent pas
à nous tirer dessus ou à nous empêcher d’aller aux
cours.
> J : Nous vivons sous l’occupation et la guerre.
Nous sommes très bien placés pour comprendre ce que ça
veut dire la guerre et les bombardements. On ne veut ça pour aucun peuple
du monde. On connaît notre douleur ce qui nous permet de bien comprendre
la douleur du peuple irakien. En 1998, quand les USA ont repris les bombardements
sur l’Irak, j’ai manifesté avec 5000 jeunes de Gaza Nord
avec le drapeau palestinien et irakien. Arrivé près d’un
« check point » on s’est tout de suite fait tirer dessus.
> J : Mon père m’a appelé Jayyab en
hommage au Général Giap qui a dirigé l’armée
de libération du vietnam. Sinon le Che est très populaire en Palestine.
>
J : A tous les jeunes qui vivent avec une certaine liberté,
je voudrais que vous n’oubliez jamais les milliers de jeunes palestiniens
qui sont privés de liberté. Pensez à ces milliers de jeunes
qui ne sont pas libres, qui vivent sous l’oppression et l’occupation
et soutenez-les dans leur résistance.
Age : 19 ans
Organisation : Palestinian Progressive Youth Union (PPYU)
Famille : il est l’ainé d’une famille de 7 enfants. Il a
4 frères et 2 sœurs.
Résidence : nord de la bande de Gaza
Page Web perso: www.jayyab.8m.com
E-mail: jaiab100@hotmail.com
Age : 24 ans
Profession : informaticien à l’Institut de recherche appliqué
Famille : Il est le deuxième d’une famille de 4 enfants, 2 frères
et 1 sœur.
Résidence : Bethléem
E-mail: fadi@arij.org