arch/ive/ief (2000 - 2005)

un état au dessus des lois

by Jo Thursday, Nov. 07, 2002 at 5:45 PM

Hier, mercredi, un nouvel incident désagréable est venu émailler le déjà lourd contentieux des relations franco-israéliennes.

Tout était pourtant parti d'un bon sentiment, puisque l'ambassadeur de France à Tel Aviv avait invité les familles des soldats kidnappés par le Hezbollah dans la région de Har Dov à l'automne 2000, Omar Saouad et Béni Avraham, à le rencontrer dans son bureau.



L'entrevue allait toutefois rapidement tourner court, lorsque Haïm Avraham, le père de Béni, interpella son Excellence Jacques Huntzinger, lançant : "Je comprends que vous avez désormais de nouveaux amis à Beyrouth !" Avraham faisait allusion aux festivités du sommet de la Francophonie, durant lesquelles le Président Jacques Chirac avait côtoyé le chef du Hezbollah, le Cheikh Nasrallah et que ce dernier avait été convié à s'asseoir au premier rang des invités pour écouter le discours prononcé par le chef de l'Etat français en l'occasion.



L'ambassadeur, considérant vraisemblablement que ses hôtes avaient mis en cause l'Etat qu'il représente, quitta, visiblement courroucé, son propre bureau, y laissant ses visiteurs au comble de leur étonnement. Des assesseurs les prièrent ensuite de bien vouloir quitter les lieux, alors que les esprits s'échauffaient, ce à quoi les familles des victimes de Nasrallah se refusèrent d'obtempérer.



On frôlait l'incident diplomatique et il fallut attendre qu'Huntziger réintègre ses quartiers et reprenne la conversation, afin qu'à la suite de l'entretien, les familles daignent quitter le territoire de l'ambassade.



Il s'agit bien entendu d'un incident secondaire, dont il ne faudrait pas exagérer la portée, mais qui illustre pourtant, à la fois le différend fondamental qui sépare la vision politique de Paris dans la région et les préoccupations existentialistes des Israéliens ainsi que les inconséquences de ladite politique.



Nous devons à cet effet – et pour saisir dans sa complexité la remarque de monsieur Avraham – rappeler que Jacques Chirac a publiquement considéré l'organisation du Hezbollah comme une composante importante de la vie sociale libanaise, se refusant de considérer le mouvement chiite armé libanais comme un groupement terroriste.



Nous d'ajouter, que le Hezbollah, agissant au Sud Liban comme le supplétif du gouvernement de Monsieur Hariri, a refusé jusqu'à maintenant de fournir à la Croix-Rouge ou à l'ONU des indications relatives à l'état de santé de ses prisonniers israéliens. Au regard de la loi internationale et des conventions de Genève sur le traitement des prisonniers, c'est l'Etat souverain sur le territoire duquel ils sont détenus, qui est responsable du sort des soldats israéliens et qui est responsable de leur fournir des conditions de détention décentes, ainsi que d'aménager des visites régulières des représentants de la Croix-Rouge et de permettre des échanges épistolaires entre les détenus et leurs familles.



Dans la réalité des faits, aucune de ces dispositions n'a été respectée par le gouvernement de Beyrouth et les proches des prisonniers ignorent, depuis deux ans, tout de leur sort, jusqu'au fait de savoir s'ils sont encore en vie ou s'ils ont été tués par les supplétifs du gouvernement libanais durant l'opération de kidnapping, soit encore, à la suite de leur capture.



Il est bien évident que cette forme de traitement n'est pas seulement contradictoire de la légalité internationale, elle est en plus inhumaine, tant pour les prisonniers eux-mêmes, que pour leurs familles. Plus encore, on peut ici parler de barbarie de la part du gouvernement Libanais dans le comportement qu'il réserve aux Israéliens appréhendés sur son sol ou par ses supplétifs, que ce soient les kidnappés d'Har Dov, mais aussi l'homme d'affaire Yohanan Tannenbaum et encore le Capitaine Ron Arad, qui s'était éjecté vivant de son avion sur le sol libanais en octobre 1986 et dont on est sans nouvelles, 16 ans plus tard !



Les dirigeants politiques empreints d'une esquisse de civilisation font, à la limite, la guerre à d'autres régimes mais jamais à des individus. Il faut ici parler de l'usage d'une forme pernicieuse de torture, appliquée contre des soldats du rang et cette attitude justifierait à elle seule qu'un gouvernement européen limite ses échanges avec pareille engeance au minimum nécessaire !



Dans ce contexte, le cas de Monsieur Chirac est tout à fait intéressant : Non seulement ne limite-t-il pas ses rapports avec le gouvernement libanais à ce strict minimum mais il fait exactement le contraire, multipliant ses rencontres avec Rafic Hariri à une fréquence qui surpasse toutes celles qu'il peut avoir avec d'autres chefs d'Etats. Non content de ces amitiés extraordinaires, Jacques Chirac organise le sommet de la Francophonie dans ce Liban, occupé par une dictature étrangère, irrespectueux des conventions, tout autant qu'il l'est de l'usage du français et des droits fondamentaux de ses propres citoyens.



Et si ça ne suffisait pas à justifier l'ire de Haïm Avraham, si on pouvait se dire que Rafic Hariri était gêné par la présence sur son sol du mouvement terroriste chiite – s'agissant indubitablement d'un mouvement armé qui s'attaque systématiquement à des civils et dans la région de Métula, on sait de quoi on parle ! – voilà qu'Hariri et Chirac transforment le chef du Hezbollah en hôte de marque de leur Francophonie…



Et si la coupe n'était pas encore pleine, si certains chiraquiens convaincus auraient pu arguer que le traitement des prisonniers israéliens était dicté par l'occupant syrien (de même que celui des prisonniers de l'armée libanaise en Syrie, soumis à un sort similaire, voir le site http://www.solida.org/ à ce propos, il est éloquent), Jacques Chirac gratifiait le parrain de Damas d'une visite officielle, la première du genre, de le part du chef d'une démocratie européenne !



De tout ce périple, Chirac ne s'est pas fendu de la plus ténue déclaration publique, au passif de cette clique de truands, dont il s'est fait des amis. Pas un mot des militants des droits de l'homme syriens, pas une parole pour les prisonniers libanais et pas le moindre rappel du sort des martyrs israéliens ! Comment s'étonner alors de la remarque, tout à fait civile au demeurant, d'un père crucifié de douleur devant l'incurie du locataire de l'Elysée, qui salonne avec le chef des kidnappeurs et des tortionnaires de sa progéniture ?



De relever, pour finir, la tâche ingrate d'Huntziger en Israël, vouée à représenter la politique d'un pays qui a choisi d'être l'adversaire de celui dont il est l'hôte et dont certaines des actions symboliques ressemblent de plus en plus à celles d'un pays carrément ennemi…



A Métula, je suis certain qu'au Quai on se frotte même les mains de ce genre de mini-incidents diplomatiques. Ils viennent rappeler aux amis du Président, que les relations entre la France et Israël ne sont pas amicales et tant pis, si pour cette démonstration, il faut envoyer Huntziger au charbon et lui faire subir des situations ingérables.



Et de ne jamais oublier deux choses : Que ni Israël, ni la Metula News Agency n'ont jamais rien entrepris pour que les relations israélo-françaises ne soient pas celles qui seyent à deux peuples qui partagent, en principe, les mêmes valeurs humaines et un immense héritage commun mais que l'état de ces relations est la résultante exclusive, des choix et des actes de la France et de ses présidents. Qu'Israël, pour la diplomatie française est un petit Etat merdeux. C'est si vrai, que celui qui le prétend est AUSSI ambassadeur de France et qu'il vient d'être conforté à ce rang !

Copains...

by R.B. Thursday, Nov. 07, 2002 at 10:08 PM

La France est bien copine avec un état qui dirigé par un militaire fasciste ne respecte pas, et depuis toujours, les moindres règles : ni les directives de l'ONU, ni les droits de l'Homme, ni les règles de la guerre, bref, aucune des règles qui, théoriquement, signent les démocraties.

Israël a tous les droits

by do Friday, Nov. 08, 2002 at 3:59 AM

Depuis que l'ONU a autorisé (Le 29 novembre 1947) les sionistes à voler les meilleures terres des palestiniens, Israël a implicitement obtenu le droit de ne respecter que les règles internationales qui l'arrangent.

A+
do
http://mai68.org