arch/ive/ief (2000 - 2005)

A la rédaction "International" du Monde,

Madame, Monsieur,

Je visite régulièrement votre site web où je trouve de la bonne et moins bonne information.

Ce mercredi, je suis tombé sur un article sur la Colombie: "La Colombie secouée par une série d'attentats" (http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3222--296192-,00.html) repris de dépêches AFP & REUTERS.

Cet article, au-delà des faits, n'a guère d'intérêt éducatif sur la situation colombienne comme la plupart des dépêches d'agences de presse. Mais, surtout, ce qui m'a choqué, c'est ce paragraphe:

"Décidé à mater les rebelles, à l'origine d'une guerre civile de 38 ans qui a fait plus de 200 000 morts, le président de droite récemment élu Alvaro Uribe est confronté à une sanglante réaction dans les centres urbains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), principale guérilla avec 17 000 hommes."

Nous sommes ici en face d'un exemple parfait de réécriture de l'histoire par les 'puissants'. Ainsi donc les FARC seraient à l'origine de la guerre qui déchire le pays.
Une telle affirmation est proprement scandaleuse de la part d'un quotidien qui se veut de qualité.

Il est légitime pour toute personne de critiquer éventuellement les pratiques, la stratégie, la politique de la guérilla. Mais cette réécriture de l'histoire est intolérable. C'est faire fi de la terreur d'Etat et des profondes inégalités sociales qui ont toujours existé en Colombie, c'est faire fi de l'assassinat de Jorge Eliécer Gaitán en 1948 et du Bogotazo qui suivit, de La Violencia et des milliers de paysans déplacés par la violence au profit des gros propriétaires terriens, de la naissance des républiques paysannes indépendantes et de l'agression dont elles ont été victimes par l'armée colombienne et ses assesseurs nord-américains (plan LASSO), ce qui donnera naissance aux FARC.

Peut-être que vous ne savez pas de quoi je parle? Peut-être que cela ne vous intéresse pas? Peut-être que vous vouliez seulement comblez un trou dans votre journal?

La presse est un pouvoir, et malheureusement pas un contre-pouvoir,et tout pouvoir doit être responsable et rendre des comptes devant la société. L'information est quelque chose de sérieux et d'essentiel, malheureusement elle est devenue marchandise. Et de fait, peu importe la qualité de l'information, sa véracité, son contenu éducatif, l'important est de la vendre et de désinformer en toute impunité au nom de la "liberté de la presse".

Merci de m'avoir lu.

Frédéric Lévêque
Bruxelles, Belgique

PS: Au cas où tout de même vous auriez tout de même un peu d'intérêt pour l'histoire de la Colombie, je vous recommande ce document en anglais:
http://www.colombiareport.org/fiftyyearsofviolence.htm

Tu devrais publier ca sur le forum du journal en question...