arch/ive/ief (2000 - 2005)

Amérique latine: Révolution permanente?
by Ataulfo Riera Wednesday October 30, 2002 at 12:15 PM
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Si les Etats-Unis concentrent aujourd'hui l'essentiel de leur projection de puissance militaire au Moyen-Orient et en Asie Centrale, ils n'oublient pas pour autant leur "arrière-cour" que représente l'Amérique latine. Car les sujets d'inquiétude quant au maintien et à l'accentuation de leur hégémonie - à travers la Zone de libre-échange des Ameriques [l'ALCA] - vont croissants.

Si les Etats-Unis concentrent aujourd'hui l'essentiel de leur projection de puissance militaire au Moyen-Orient et en Asie Centrale, ils n'oublient pas pour autant leur "arrière-cour" que représente l'Amérique latine. Car les sujets d'inquiétude quant au maintien et à l'accentuation de leur hégémonie - à travers la Zone de libre-échange des Ameriques [l'ALCA] - vont croissants.

Sur fond d'échec des politiques néolibérales, de crise économique durable et d'approfondissement des inégalités sociales; la perte de légitimité des bourgeoisies nationales latino-américaines atteint des sommets records qui s'exprime par l'effondrement ou l'affaiblissement de ses partis traditionnels et de ses institutions étatiques.

Ces bourgeoisies, plus que jamais à la solde de l'impérialisme, ont consciemment réduit leurs marges de manoeuvres en termes de mesures de redistribution des richesses par leur adhésion sans faille au néolibéralisme. Au cours des dernières années, elles ont été ébranlées par des luttes et des résistances sociales, ouvrières, paysannes et indigènes de grande ampleur. Alors que le mouvement antimondialisaiton capitaliste s'étendait dans les métropoles impérialistes, en Amérique latine, les grèves générales, les blocages de routes et les insurrections populaires urbaines et paysannes à répétition ont ainsi considérablement déstabilisé les classes dominantes en Equateur, en Bolivie, au Pérou, en Argentine et dernièrement au Paraguay et en Uruguay.

Polarisation politique

Cette résistance sociale massive semble aujourd'hui connaître une nouvelle étape puisque, tout en maintenant un taux d'activité important, elle se traduit avec force sur le terrain politico-électoral. Les chiffres sont éloquents: au Brésil, principale puissance latino-américaine, le leader du Parti des Travailleurs, Ignacio "Lula" Da Silva a obtenu près de 50% des votes au premier tour des présidentielles du 6 octobre et ses chances d'obtenir la victoire au second tour le 28 octobre sont pratiquement assurées.

En Bolivie, au mois de juin, le candidat indien Evo Morales, du Mouvement au Socialisme, obtenait 20,94% des suffrages. En Equateur, Lucio Gutierrez, ex-colonel qui avait participé à la direction de l'insurrection militaro-indigène dans ce pays en janvier 2000, a obtenu près de 20% des voix au premier tour des présidentielles du 20 octobre et disputera le second tour face au candidat de la bourgeoisie, Noboa, le 24 novembre prochain. En Uruguay, pour les prochaines élections législatives, le Frente Amplio est crédité de 52%.En Argentine, enfin, le député trotskyste Luis Zamora serait un candidat présidentiel plus que crédible pour les élections présidentielles de 2003.

Rappelons également le cas le plus avancé du Vénézuela où Hugo Chavez a été réélu par 60% des voix en 2000. Depuis la mise en échec du coup d'Etat de l'oligarchie en avril dernier (par la mobilisation dans la rue de 6 à 7 millions de personnes!), le processus de la révolution bolivarienne s'incarne désormais dans l'auto-organisation et la mobilisation permanente des masses vénézueliennes. Le 13 octobre dernier, par exemple, plus de 1,5 millions de vénézuéliens se sont rassemblés à Caracas en soutien à Chavez contre les manoeuvres de l'opposition.

Cette auto-activité des masses exerce une pression forte en faveur d'une radicalisation des mesures anti-néolibérales et anti-impérialistes du gouvernement Chavez. Le Vénézuela peut ainsi devenir à court terme un cas d'école d'un processus de révolution permanente spécifique dans le contexte de l'après-chute du Mur et de la mondialisation capitaliste néolibérale.

L'Etat, toujours lui

En Amerique latine, le pouvoir du capital est de plus plus remis en question, non seulement sur le terrain économique (occupation et autogestion d'entreprises en Argentine et au Vénézuela, occupation des terres un peu partout sur le modèle du MST brésilien) mais désormais également au niveau politique. Mais le triomphalisme ou l'optimisme débridés ne sont pas de mise: nous ne sommes pas - encore? - dans des situations de "double pouvoir révolutionnaire", même si des embryons de dualité de pouvoir pointent au travers des assemblées de "vecinos" en Argentine et des Cercles bolivariens ou des organes de démocratie participative au Vénézuela et au Brésil.

De plus, si le camp populaire peut gagner des gouvernements, l'Etat central bourgeois, même déstabilisé, reste un obstacle décisif qui ne peut être contourné par des discours ou des pratiques de collaboration de classe et/ou qui ne peut être neutralisé éternellement par la seule moblisation des masses.

L'histoire des révolutions a démontré deux choses. Premièrement, de par sa nature de classe, l'Etat ne peut être réformé ni utilisé comme instrument pour des réformes anticapitalistes radicales (le cas du Chili d'Allende). Deuxièmement, si l'on peut "ignorer" l'Etat bourgeois pendant un temps du fait de son affaiblissement (comme ce fut le cas lors de la révolution espagnole), ce dernier, lui, ne s'oublie pas, récupère ses forces et reprend tôt ou tard l'offensive en devenant le centre de la contre-révolution.

Soit dit en passant, ce sont pour ces raisons concrètes et pratiques et non pas par amour de "l'othodoxie marxiste" ou par dogmatisme que nous nous opposons aux théories de Toni Negri ou de John Holloway sur "la révolution sans la prise du pouvoir." Car seul le transfert des pouvoirs économiques et politiques effectifs aux mains de nouveaux organes d'auto-organisation et d'auto-gestion démocratiques et populaires pourra donner à des gouvernements progressistes élus via le suffrage universel la liberté d'agir, d'aller de l'avant - et même plus loin qu'ils ne le voulaient au départ dans certains cas! -, ainsi que la force d'affronter l'impérialisme étasunien.

Bien entendu, nous n'en sommes pas à ce stade là dans l'immediat, les rapports de forces actuels [surtout internationaux] ne le permettant pas. Des étapes intermédiaires telles que la nationalisation des entreprises-clés et l'encouragement a l'extension des expériences d'auto-organisation sont par contre possibles dès aujourd'hui.

Malgré les ambiguïtés ou incohérences de tel ou tel leader politique sur ces questions, c'est à un large front politico-social progressiste, anti-impérialiste, soutenu par des masses mobilisées et ainsi potentiellement révolutionnaire qui se dessine aujourd'hui à l'échelle d'un continent. Notre solidarité internationaliste, même critique, doit activement accompagner ce processus.

Un processus qui est un cauchemard pour l'Oncle Sam, qui ne tardera pas à réagir en force et qui le fait déjà à travers le Plan Colombie et la multiplication des manoeuvres militaires combinées avec les armées latino-américaines.

Est-ce que
by Anonymous Thursday October 31, 2002 at 09:54 AM

Est ce-que on sais pas faire une liste electorale entre le POS et le MAS? Pour le socialisme, contre le Stalinisme!!
à bas les criminels du PTB!

...
by Fred Thursday October 31, 2002 at 12:03 PM
fleveque@brutele.be

S'il-te-plaît, arrête de provoquer! C'est la deuxième fois sous le même article. Tu avais fait de même hier sous la version néerlandophone de cet article.
Cela ne sert à rien de jouer au flic provocateur! Tes commentaires ont très peu d'intérêt car ce sont des slogans stupides qui n'ont rien à voir avec les articles.
Vas regarder la télé!