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Les sidérurgistes de Charleroi solidaires avec ceux d'Ougrée
by david pestieau Wednesday October 23, 2002 at 09:10 PM

A tous les visiteurs du site Indymedia, je voulais transmettre ces infos sur la réaction des sidérurgistes de Charleroi: des accidents comme ceux d'Ougrée peuvent se passer partout en sidérurgie et le responsable, c'est le capitalisme. Et la colère est immense . De 11h à midi, les ouvriers carolos se sont croisés les bras : « Cela peut arriver partout ici aussi » disent-ils se souvenant du dernier mort tombé dans l'usine carolo de Fafer.


La colère est immense dans le bassin sidérurgique carolo après le grave accident de Seraing. De 11h à midi, les ouvriers se sont croisés les bras : « Cela peut arriver partout ici aussi » disent-ils se souvenant du dernier mort tombé dans l'usine carolo de Fafer. A ceux qui affirment que tout est fait pour la sécurité, d'autres répondent qu'il faut remettre en cause la course à la rentabilité.

Témoignages

A la porte de Duferco-Charleroi ce mercredi midi: « « Cela peut arriver ici » m'ont dit les sidérurgistes « Le haut fourneau est troué, il y a danger, on a fait grève mais ils ne répareront qu'en novembre ; il y a un mois il y a eu encore une explosion à l'aciérie. »


« Oui cela peut se produire à Charleroi également. » dit Claude Baria, délégué principal de la CSC. « Il y a déjà 18 accidents mortels dans le groupe européen de Arcelor depuis le début de cette année-ci, dont 11 dans le groupe même et 7 chez les extérieurs. Il y a eu le plan 2000, le plan Delta et le plan chez Industeel (ancienne Fafer) où il y a 600 départs au niveau salariés avant la fin de 2003. Cela accroît fortement l'entrée de sous-traitants. »

« Il y a des statistiques qui montrent que Cockerill-Sambre a le record d'intérimaires en Belgique. Il y en a en 262 par jour. Il faut y ajouter les quelques centaines de sous-traitants qui travaillent sur le site. Or il y a en tout 2500 ouvriers sur Carsid et Carlam et 1000 à Industeel. » révèle un délégué.

Les ouvriers de la sous-traitance rencontrés à Duferco confirment leur statut de sans-droits: « Les chefs nous ont interdit d'arrêter le travail. »

Mais quelle est l'origine de cette insécurité ? Pour Alain, délégué d'Industeel (ex-Fafer), a son idée sur la question: « Le problème c'est l'approche économique, dégager du profit, qui détermine tout. Il y a un nombre de personnes qui disparaît et cela donne une charge supplémentaire pour ceux qui restent. C'est évident que les dangers augmentent. La charge sur chaque travailleur augmente de jour en jour. En plus on a recours à des sociétés d'intérim avec qui on négocie un prix. Cela permet de réduire le prix parce que entre ces sous-traitants il y a aussi une concurrence et c'est au plus offrant qu'on attribue. On reçoit donc un personnel moins qualifié. Ces gens arrivent dans un environnement dangereux qu'ils ne connaissent pas et ils sont livrés à eux-mêmes. On ne remplace pas sans risques les gens qui ont 20 ans d'expérience par des gens qui n'en ont pas. Le danger est là! »


Mais à la porte de Duuferco, les réactions fusent et sont critiques: « Cet accident est très grave. Ici, c'est la même chose, Duferco n'est intéressé qu'à utiliser les machines au maximum. Ce qui est en cause c'est la hausse de productivité : on le sait et les syndicats ne font rien contre cette logique de la productivité. »


Certains responsables syndicaux invoquent que des efforts ont été faits pour la sécurité : on oblige les ouvriers à porter des casques, des lunettes.

« En soi c'est positif » nous confie Antoine, un sidérurgiste d'Arcelor-Charleroi « mais le problème est que ces vêtements ne sont pas adaptés : les tissus sont trop rigides et on y transpire mal. On ne tient pas compte des remarques des ouvriers là-dessus. Mais ce n'est l'essentiel, car ce n'est pas la vraie sécurité, car que faire avec un casque quand un haut-fourneau explose? Le problème, ce sont les endroits super-dangereux dans lesquelles on doit travailler. Le problème est que la sécurité est mise à danger par la polyvalence qu'on exige de nous, les heures supplémentaires, le manque d'hommes. On ne peut pas parler de sécurité si on ne remet pas en cause tous les plans de restructuration comme le plan Delta »


Et les ouvriers de Charleroi veulent pouvoir soutenir leurs collègues de Liège suite à l'accident : « Nous voulons aller à Liège le jour de l'enterrement. Si le roi a été pourquoi nous n'y irions pas nous. »

Mais, pour l'instant, les responsables syndicaux n'ont pas annoncé de grève et de cars pour ce jour-là.

Des ex-ouvriers de Clabecq, habitués au syndicalisme à la D'Orazio, disent: « On ne comprend pas comment fonctionne le syndicat ici, il n'y a pas d'assemblée où on ne te ferme pas la bouche. »

La productivité vient avant la vie des gens. La sécurité devrait être respectée même si cela met à mal la productivité. Si nous vivons dans un système qui ne respecte pas la vie des gens, il faut le changer. Et avoir des revendications précises qui s'attaquent aux causes de l'insécurité.

Vous pouvez apporte votre témoignage sur les accidents de travail sur http://www.solidaire.org