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Accident à Cockerill-Sambre: une catastrophe annoncée
by ptb-liège Tuesday October 22, 2002 at 09:52 PM

Ce mardi 22 octobre, à 8h50, une explosion a ravagé le four à coke de Cockerill (Arcelor), à Ougrée. Les preuves existent que l'accident était parfaitement prévisible et que des ouvriers en avaient averti la direction...

Accident à Cockerill...
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Déclaration du PTB de Liège sur l'accident à la cockerie de Cockerill-Sambre Liège

Une catastrophe annoncée


Ce mardi 22 octobre, à 8h50, une explosion a ravagé le four à coke de Cockerill (Arcelor), à Ougrée. Lors d'un arrêt programmé, de grands volumes de gaz extrêmement explosifs (80% d'hydrogène) doivent être purgés et remplacés par de l'azote inerte. Il fallait en plus remplacer une batterie électrique au cours de cet arrêt. Pendant toute cette procédure, le danger d'explosion est très grand.

Cette opération (appelée consignation), qui demande en principe un délai de dix jours pour être réalisée en toute sécurité, la direction a voulu la faire réaliser en deux jours, selon des témoignages d'ouvriers de la cockerie. Ensuite, on a permis a des firmes sous-traitantes de commencer les travaux. Pendant ces travaux, une explosion est survenue et plusieurs murs ont été soufflés. Les victimes ont été atteintes par gravats et par choc thermique.


Deux ouvriers ont trouvé la mort sur place. L'un d'eux avait 22 ans et s'était marié il y a un an à peine. Vingt-six autres ouvriers ont été blessés dont treize grièvement. Les jours de plusieurs d'entre eux sont encore en danger.


Le PTB partage le deuil des familles, dont le père ou l'enfant est parti travailler avec l'espoir de revenir vivant. Le PTB partage l'inquiétude mais aussi la colère légitime dont les travailleurs nous ont fait part quand nous les avons rencontrés ce matin sur le lieu de la catastrophe. Ils sont unanimes: il s'agit d'une catastrophe annoncée. Comme l'a dit un travailleur et militant syndical de la cockerie: «Je ne suis pas venu travailler aujourd'hui parce que je craignais des accidents. J'ai pris un jour de congé ce qui m'a peut-être sauvé la vie. Nous demandons depuis belle lurette des réparations de sécurité. On nous répond toujours «oui, oui», mais il n'y a jamais rien de concret». Un jeune travailleur explique: «Depuis le plan Delta il n'y a plus assez de personnel. Des accidents étaient inévitables».


Tous réclament depuis deux ans des réparations de sécurité. Il faudrait remplacer les collecteurs plutôt que de faire des soudures de rafistolage. Les procédures de sécurité ne sont plus appliquées. La direction veut tirer une rentabilité maximale d'un outil vétuste et refuse d'investir dans de nouveaux outils et dans la sécurité. On fait de plus en plus appel à des jeunes intérimaires avec une formation tout à fait insuffisante. B. Gagliardi, divisionnaire sécurité générale, ne mâche pas ses mots: «Il y a des morts chaque année à Cockerill-Sambre à cause du manque de sécurité. La direction ne fait pas d'effort, contrairement à ce qu'elle prétend. Elle en fait seulement sur papier. Actuellement, il y a environ 40 personnes blessées en travaux adaptés, ce qui fausse les statistiques de victimes d'accident du travail. Il faut prendre la sécurité à bras le corps!». Curto, CNE, responsable sécurité: «Une des premières questions à poser est le nombre de travailleurs intérimaires et sous-traitants qui participent à cette opération dangereuse.» Jean Claude Smets, secrétaire général de la FGTB Liège, n'a pas hésité à mettre en cause les conditions de travail dans l'entreprise et ses conséquences pour la sécurité: «Les différentes restructurations font qu'aujourd'hui, on est trop peu nombreux. On fait de plus en plus appel à des firmes extérieures. Un certain laxisme s'installe dans les entretiens à faire… Bref, on ne respecte plus les normes de sécurité. … Les accidents graves se sont multipliés dans l'entreprise ces derniers temps. En l'espace de quelques mois, il y a eu deux électrocutés et chaque fois par manque de sécurité.»


Pour le PTB, il ne s'agit pas d'un accident mais d'une catastrophe prévisible et annoncée. Depuis plusieurs années, les sidérurgistes du PTB et les médecins de Médecine pour le Peuple ne cessent de dénoncer les conditions de travail de plus en plus pénibles dans l'entreprise. Depuis sa création il y a à peine un an et demi, dix-huit ouvriers ont trouvé la mort dans la multinationale Arcelor, sans compter les morts dans les firmes sous-traitantes. Dans les secteurs belges (Sidmar, Cockerill-Sambre Liège et Charleroi), douze ouvriers de Cockerill et de la sous-traitance ont trouvé la mort sur leur lieu de travail. Le PTB, MPLP et le centre C-Dast ont systématiquement organisé des ventes de fleurs et des commémorations. A chaque commémoration, ils ont dénoncé les conditions de travail inacceptables et revendiqué le respect de la sécurité au sein de l'entreprise, notamment en diffusant la charte de sécurité rédigée par les sidérurgistes du PTB. Si ces conseils avaient été suivis, la catastrophe survenue aujourd'hui n'aurait pas eu lieu!


Le PTB dénonce l'hypocrisie de la direction, qui est directement responsable de cette catastrophe. Afin de garantir une rentabilité de 15% aux actionnaires, la direction impose le plan Delta qui veut réduire les coûts compressibles de 40%. Ce qui implique une augmentation énorme de la productivité, une diminution du personnel de l'ordre de 2.600 travailleurs, une externalisation en transférant de plus en plus de travaux à des firmes sous-traitantes et à des intérimaires. C'est là que se trouve l'unique cause de l'accident d'aujourd'hui. Pour imposer ce plan, la direction fait du chantage à l'emploi et mène campagne pour la fermeture d'une des quatre lignes à chaud d'Arcelor en Europe. Et elle refuse d'entamer les investissements pour renouveler l'outil. Elle invoque la concurrence entre les multinationales de l'acier pour imposer à tous les travailleurs l'inacceptable. Cette concurrence - la catastrophe le prouve avec beaucoup de douleur pour les familles - est une guerre qui mène les ouvriers à la mort et à l'invalidité à vie.


Le PTB partage le dégoût exprimé par plusieurs travailleurs lors de la visite de la ministre Laurette Onkelinx sur le site. En tant que parti au pouvoir dans l'Etat fédéral et la Région wallonne, le PS porte une responsabilité écrasante dans ce qui arrive aujourd'hui aux travailleurs. C'est le PS qui a imposé le plan Horizon 2000 en 1998, lequel a liquidé 2.000 emplois tout en augmentant la productivité de 15%. C'est le PS qui a vendu Cockerill-Sambre à Usinor. C'est encore le PS qui, dans le cadre de la Région wallonne, défenf bec et ongles le maudit plan Delta, cause directe de la catastrophe.


Le PTB appelle tous les travailleurs et syndicalistes à prendre leur sort en main. Ce qui est arrivé aujourd'hui ne peut plus jamais arriver. Rejetez la loi de la concurrence qui vous tue, combattez ce plan Delta. N'acceptez plus cette guerre que mène le capital contre vous. Ripostez. L'ouvrier a le droit de travailler dignement et en toute sécurité. Sa femme et ses enfants veulent le voir revenir tous les jours, vivant et en bonne santé.


Le PTB mettra tout en œuvre pour réaliser l'unité nationale et internationale de tous les sidérurgistes autour des revendications suivantes:

1. Les directeurs responsables de cet accident doivent être poursuivis en justice et doivent payer pour ce qu'ils ont fait. Lors des assemblées, des ouvriers ont proposé de constituer un fonds dans ce but.

2. Un audit réalisé par secteur par les travailleurs et les syndicalistes concernés doit définir le nombre de travailleurs indispensables pour pouvoir travailler en sécurité. Les conclusions de cet audit doivent obligatoirement être appliquées. Ce sont les travailleurs qui meurent et non les directeurs.

3. Un statut Arcelor pour tout travailleur qui travaille sur le site d'Arcelor. Reprise immédiate et définitive de tous les services externalisés depuis les restructurations Horizon 2000 et Delta. Réintégration immédiate et définitive des travailleurs intérimaires. C'est la seule façon de les former convenablement et de leur éviter de mourir à 22 ans.

4. Des délégués de la sécurité, à la demande des travailleurs, devront avoir le droit d'arrêter à tout moment la production ou les travaux quand les conditions de sécurité ne sont pas remplies. Le travailleur a le droit de refuser un travail quand il ne se sent pas en sécurité.

5. Tous les investissements promis par Arcelor doivent être réalisés dans les plus brefs délais. Les investissements dans la sécurité - jugés indispensables par des assemblées de travailleurs - doivent être réalisés immédiatement et payés par le patronat.

6. Remise en état des cockeries, y compris la batterie endommagée, aux frais d'Arcelor et selon les normes les plus récentes en matière d'environnement et de sécurité.

Doodsklokken
by jpe Tuesday October 22, 2002 at 10:18 PM

Terzake VRT bracht vanavond een redelijk kritisch verslag over de ramp. De schuld werd duidelijk bij de bedrijfsleiding gelegd. En vermits er nog afdankingen komen bij Cockerill, werd al gesproken van de doodsklokken die luiden voor Cockerill Sambre.