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Vers plus de démocratie dans les médias: motivation de DIOGENE(S)-média-zine
by jpe/sacha kullberg Tuesday October 22, 2002 at 04:27 PM
mediadoc.diva@skynet.be

Deuxième texte concernant DIOGENE(S); cette fois la motivation pour l'e-zine hebdomadaire (et gratuite) + quelques FAQ.

Quel est l'impact des médias sur chacun(e) de nous aujourd'hui ? La commercialisation des médias a amené son lot de questions. Le nombre croissant de médias-entreprises cotées en bourse, s'accompagne d'une exploitation émotionnelle de plus en plus grande du média-consommateur. La chasse à l'audimat fait que nombre de questions importantes ne reçoivent plus beaucoup d'attention: des thèmes comme la pollution de l'air, les causes de l'insécurité routière, la criminalité des cols blancs et la fraude fiscale gigantesque, le peu de participation du citoyen (considéré de plus en plus comme un 'client' par les autorités), les excès de la science, ainsi que le fonctionnement des médias ... sont des sujets trop souvent 'oubliés'.

La commercialisation des médias est également responsable du fait que les voix critiques sont mises hors jeu de plus en plus souvent. C'est ainsi qu'apparaît ce que le professeur Daniel Biltereyst (de l'Université de Gand) appelle la 'destruction de l'espace critique'. Cette 'destruction de l'espace critique' se manifeste à partir du milieu des années septante dans tout l'Occident. A partir de ce moment-là - après les crises pétrolières - le pacte social se vide peu à peu de sa substance. Ce pacte qui avait vu le jour après la deuxième guerre mondiale, sous la pression des mouvements ouvriers et la montée des pays communistes, avait produit en Occident un 'capitalisme contrôlé'. A cause de la crise économique à partir des années septante, l'économie de marché, contrôlée socialement, a été mise sous pression. Petit à petit le pacte social fut remplacé par un ultra-libéralisme qui subordonne tout au marché 'libre'.


* Etre bercé d'amusements

Dans son livre 'Het Neoliberalisme', (mieux décrit comme ultra-libéralisme), le critique culturel flamand Jaap Kruithof décrit comment "au niveau mondial il y a actuellement une énorme bataille, dont le but est de contrôler entièrement la manière de penser, d'apprécier et d'agir de tous. Le but recherché est la néo-libéralisation de la planète. Sous influence du business des médias, des millions de spectateurs sont bercés d'amusements de tous bords et comprennent le monde de travers. Si de cette perception erronée découlent des actes inadéquats - et il ne s'agit pas d'une hypothèse improbable - nous pouvons nous attendre au pire."

Ce pire, c'est entre autres une dictature invisible qui empêche un nombre incalculable de personnes de vivre une vie pleine de sens. Ce pire, c'est également la menace que d'énormes parties de notre planète deviennent invivables. Nous consommons actuellement les ressources naturelles à un tel rythme, que cela donne à croire que nous pensons faire parti des dernières générations de cette terre. Si tous les êtres humains consommaient autant que les Belges, nous aurions besoin non pas de deux terres, mais de trois...

* Indépendant, sans parti pris, bilingue

Puisque les enjeux sont si énormes, la résistance à la pensée consommatrice ultra-libérale devrait s'organiser le mieux possible. DIOGENE(S) propose sa participation sous forme d'une analyse indépendante du fonctionnement et du contenu des mass-médias ainsi que leur influence sur la société.

Indépendant, cela veut dire ici: sans sponsors du monde des affaires, sans être lié à l'un ou l'autre parti politique, au gouvernement, ou à un groupe de pression... En tant que projet journalistique, DIOGENE(S) veut interroger l'actualité de la façon la plus impartiale possible.

Cette indépendance politique nous donne la liberté de reconnaître dans chaque tendance politique des notions et objectifs valables. Il est parfois difficile de retrouver dans la pratique politique quotidienne les principes élevés qui sont à la base des partis politique (solidarité, liberté, dignité, écologie,...) . Chez beaucoup de politiciens une mentalité de régent domine dans la pratique: essayer de 'manager' la société à court terme, très souvent au bénéfice des plus puissants. On néglige trop souvent d¹impliquer le citoyen à la gestion par (entre autres) des applications émancipatrices des médias. Ce n'est pas de cette façon que nous trouverons des solutions aux défis - écologiques, économiques, éthiques, sociaux,... - de demain.

Pour relever ces défis, les médias doivent participer. Puisque ce sont eux qui, dans une large mesure, décident de l'agenda de la société. Il existe déjà toute une série de médias non-commerciaux, auxquels - pour des raisons concurrentielles évidentes - les médias commerciaux donnent le moins d'attention possible. DIOGENE(S) vous présente un large éventail de formes alternatives d'utilisation des médias; des formes dont le but premier n'est pas le profit ou l'utilité politique, mais qui recherchent avant tout une émancipation sociale et individuelle. Nous pensons aux publications sociales, syndicales, écologiques, pacifistes, féministes et autres,... ainsi qu'aux films et/ou vidéos de réalisateurs indépendants, aux 'bonnes' chaînes publiques et aux activistes sur le 'World Wide Web'. Notre but c'est que DIOGENE(S) pourra participer à créer des liens entre des personnes qui réfléchissent de façon indépendante, et que par ces rencontres, la coopération se fera de façon plus aisée.

Nous visons le territoire de la Belgique dans son entièreté. Une des raisons à cela est le fait que notre monde devient de plus en plus multiculturel et qu'à ce titre la Belgique pourrait être un modèle d'inspiration. C'est pourquoi DIOGENE(S) vous propose un 'mix' de textes en français et en néerlandais (et plus rarement des textes en anglais).

Pour terminer, nous espérons que la voix critique de DIOGENE(S), qui se bat pour plus de démocratie et de diversité dans les médias, sera entendu par ceux et celles qui tirent les ficelles de ce pays. Car des médias démocratiques et un gouvernement démocratique vont de pair et sont importants pour tous.

Jan-Pieter Everaerts & Sacha Kullberg en remerciant Frans Buyens

*** QUELQUES FAQ (frequently asked questions) ****

Certaines questions et remarques à l'encontre de DIOGENE(S) ne cessent de revenir. C'est pourquoi nous allons tenter ici d'y répondre.

1) Pourquoi ne pas se limiter à la critique des médias?

e-DIOGENE(S) plaide souvent en faveur d'une variante belge du Socialistische Partij hollandais. Dans notre "essai du 11 juillet belge", un socialisme démocratique, réformateur, révolutionnaire et écologique était mis en avant comme alternative tant pour le néolibéralisme que pour les alternatives communistes.

A ce propos, on nous pose souvent cette question: ne serait-il pas mieux pour DIOGENE(S) de se limiter à la critique des médias objective?

Réponse: l'objectivité totale n'existe pas et cacher l'attitude politique que prend chacun d'entre nous ne sert en aucun cas une approche qui recherche la vérité.


2) DIOGENE(S) est-il proche du PTB?

Rarement formulée en tant que question et souvent une accusation… Le fait que nous apportions une critique radicale et que de temps en temps nous citions positivement l'hebdomadaire du PTB, Solidaire (le seul hebdomadaire de gauche en Belgique), fait resurgir ce reproche regulièrement.

Mais, il n'y a aucun lien direct ou indirect, que se soit sur le plan de l'organisation, des finances ou quel qu'il soit entre DIOGENE(S)/Mediadoc et quel parti ou organisation politique que ce soit. Ce lien n'existera jamais. DIOGENE(S) est un projet journalistique indépendant, ce qui nous permet d'écrire librement à propos de tous les courants politiques.

Pour être encore plus clair: ce qui nous sépare du PTB, c'est que nous ne ‘croyons' pas dans de nouvelles expériences communistes, et encore moins des expériences stalinistes. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut apprendre des expériences du passé.

3) En quoi les éditions francophones et néerlandophones diffèrent-elles?

Pour certains numéros, le numéro de l'édition est suivi de la lettre F ou N. Nous fabriquons des numéros séparés (comme c'était le cas pour le numéro 25) lorsque nous avons des textes en deux langues, afin que les lecteurs ne reçoivent pas les mêmes textes deux fois – surtout que notre e-zine a parfois tendance à être fort long!

4) Est-ce que je peux envoyer e-DIOGENE(S) à d'autres personnes?

Bien sûr que vous pouvez faire parvenir e-DIOGENE(S) aux personnes dont vous pensez que ça peut les intéresser. Ce qui serait encore mieux, c'est qu'après en avoir discuté avec ces personnes, vous nous fassiez parvenir leur adresse de courrier électronique afin qu'elles aussi reçoivent le magazine dans leur boîte aux lettres électronique semaine après semaine.


5) Un site internet DIOGENE(S) est-il prévu?

Le "fait bizarre" qu'il n'y ait pas encore de site DIOGENE(S) est un aspect pratique pour lequel de nombreuses personnes nous ont déjà envoyé leurs astuces.

La raison en est très simple: nous n'avons ni l'argent ni le temps pour mettre en place et entretenir un site sur la Toile.

Si l'un d'entre vous connaît un sponsor/mécène qui serait disposé à nous donner l'argent nécessaire pour 1) un site et 2) un collaborateur à mi-temps pour la gestion de ce site, et ce, en n'intervenant d'aucune manière et donc en nous laissant la liberté la plus totale: que ce riche prince ou cette riche princesse contacte l'homme dans le tonneau!

En attendant, on se débrouille en publiant chaque semaine les articles les plus intéressants (dans la mesure où ils sont aussi intéressants pour Indymedia) sur le site http://archive.indymedia.be. On peut donc toujours les y retrouver. (jpe)