arch/ive/ief (2000 - 2005)

Pas de cadeau !
by Patrick Thursday October 17, 2002 at 10:49 AM
patrickgillard@skynet.be

Depuis le début de l'affaire Ducarme, la plupart des commentateurs se focalisent sur les propos du président du MR : « L'intégration est un échec ». Mais que faut-il penser du prétendu sursaut citoyen des autres partis dits démocratiques ?

La campagne électorale est donc bien lancée, cela ne fait plus l'ombre d'un doute pour personne. Tous les acteurs politiques belges se positionnent à gauche, aux centres ou à droite et ils s'observent mutuellement. Pendant cette période qui devrait nous conduire en juin 2003, la moindre parole de travers, le moindre faux pas se paye cash et parfois très cher : Daniel Ducarme vient d'en faire les frais.

Qu'il ait soulevé de véritables problèmes rencontrés quotidiennement par notre société, tous les commentaires entendus et lus à ce propos le reconnaissent pourtant unanimement. Que lui reproche-t-on alors exactement ? Le président du Mouvement Réformateur n'aurait ni utilisé la bonne manière (absence de chiffres et de solutions), ni choisi le bon moment (campagne électorale) pour soulever la question de l'intégration. Ce sont surtout ces prétendues erreurs formelles qui lui ont valu cette impressionnante volée de bois vert.

La victime du premier round pré-électoral étant toute désignée, il a suffi aux autres acteurs politiques d'ameuter les copains et copines de circonstance disponibles tout de suite, pour "lapider" celui qui, à leurs yeux, n'avait rien compris. Les auteurs de ce sursaut citoyen beaucoup trop circonstanciel pour être sincère, ont, eux, bien compris que le MR s'était mis dans un drôle de pétrin et qu'il était possible, s'ils s'organisaient rapidement, de l'y enfoncer davantage. Profiter que le président d'un des partis de l'Arc-en-ciel soit en difficulté pour le "désintégrer" constitue un acte relativement lâche, un acte qui va en tous cas à l'encontre des beaux principes défendus par les membres de cette soudaine coalition. Faut-il rappeler que la plupart des coalisés du moment ont laissé passer, il y a seulement quelques mois, une excellente occasion de prouver leur bonne foi et leur volonté politique sur les questions de l'intégration, lorsque le même MR les a contraints à accepter le report sine die du droit de vote des étrangers non européens ?

Comme Luc Delfosse, je pense qu'« au fond, le plus consternant dans cet épisode pourtant fondateur d'un nouveau paysage politique francophone, c'est que la droite et la gauche francophones s'envoient à la tête des vérités révélées et des chiffres incertains ; les dissertations subjectives du front PS-Ecolo-CDH tenant lieu de réponses aux arguments purement sensitifs du MR ». (1)

C'est d'autant plus consternant qu'au lieu de s'envoyer des pavés à la tête, tous ces hommes et ces femmes politiques devraient s'activer concrètement, jusqu'à la fin de la présente législature, sur les terrains politique et social, là où - et, ici aussi, tous les commentateurs s'accordent entre eux - il y a encore tellement de choses à améliorer. Car « s'il faut admettre que les politiques d'intégration ont échoué, n'est-ce pas [justement] parce qu'on n'a pas été suffisamment loin ? Dans les luttes contre les discriminations, dans la représentation de toutes les populations dans les institutions, dans l'octroi du droit de vote... ? » (2)

PG

Notes

(1) Le Soir du mercredi 16 octobre 2002, p. 2
(2) La Libre Belgique du mercredi 16 octobre 2002, p. 11.