Venezuela: lettre de protestation au quotidien 'Libération' by Frédéric Lévêque Wednesday October 16, 2002 at 09:42 AM |
fleveque@brutele.be |
Lettre de protestation envoyée au journal français 'Libération' suite à un article paru sur le Venezuela ce 15 octobre 2002.
Réaction à l’article de Libération sur le Venezuela (15.10.02)
Bonjour, Monsieur Jean-Hebert ARMENGAUD,
Je vous écris pour vous faire part de ma désapprobation et de ma fatigue à lire des articles malhonnêtes à propos de la situation au Venezuela, du régime 'bolivarien' et de son président.
Depuis des mois, depuis le coup d'Etat, nous sommes nombreux ici en Europe et dans le monde à passer notre temps à nous plaindre de l'information publiée par la presse sur le Venezuela.
Manipulations, incompétence, malhonnêteté, retranscription sans vérification de dépêches d'agence, on trouve un peu de tout dans les reportages publiés par vos nombreux collègues.
Je réagis ici plus spécifiquement à votre article publié ce mardi 15 octobre dans Libération "Venezuela: Hugo Chavez, l'impopulaire, prend l'air" à l'occasion de la tournée européenne du président Chavez, élu à deux reprises avec une large majorité au poste de président de la république bolivarienne du Venezuela, et renforcé à son poste par l'adoption de la nouvelle constitution particulièrlment progressiste en 1999.
Ainsi, comme vous le dites, M. Chavez serait "impopulaire", "très contesté". Sur quelle donnée vous basez-vous? Les dépêches tendancieuse d'AP ou d'AFP? Vos contacts avec le "Bloc de la presse" local qui a énergiquement participé au coup d'Etat d'avril dernier? Je vous avoue que quand près de 2 millions de personnes descendent dans la rue à la fin août pour soutenir le président et qu'une telle démonstration se répète un peu plus d'un mois plus tard, j'ai difficile à croire que le président Chavez soit impopulaire et si contesté! M. Chirac et ou M. Bush sont loin de pouvoir se prévaloir d'un tel soutien, mais vous ne prétendez pas qu'ils sont "impopulaires" ou "très contestés". Croyez-vous que 7 millions (estimations officielles) de personnes seraient descendues dans la rue ici en Europe pour remettre un président à son poste?
Pour écrire de telles affirmations, avez-vous été au Venezuela? Avez-vous rencontré cette majorité sociale qui soutient la 'Révolution bolivarienne'? Etes-vous allé dans un club de golfe ou dans un de ces nombreux quartiers populaires (les 'barrios') qui entourent Caracas pour oser écrire de telles contre-vérités?
Comment osez-vous comparer une manif de soutien à Chavez avec une manif de l'opposition? Cela n'a rien à voir! Toutes les manifestations de l'opposition sont organisées la semaine et les contingents de manifestants sont emmenés sur place et nombreux sont ceux qui sont payés pour le faire ou pour se mettre en grève, tout cela, notamment, grâce au financement que reçoit l'opposition de nombreuses fondations (de façade) nord-américaines. Comment osez-vous mettre les deux manifestations sur le même pied? L'une ayant lieu pour appuyer un processus de changement social progressiste et l'autre pour rétablir le vieux système corrompu, clientéliste et raciste, de parti unique à deux têtes qui a régné durant 40 ans au Venezuela. Comment peut-on traiter les leaders de l'opposition de personnes respectables? N'ont-ils pas assez démontrer, lors du coup d'Etat, à quoi ressemblait leur projet? Comment osez parler de "dérives autoritaristes" alors que jamais il n'y eut autant de libertés au Venezuela?
Savez-vous que les seuls prisonniers du coup d'Etat sont des personnes qui soutiennent le processus bolivarien? Eh oui, Chavez a le gouvernement mais pas l'Etat. L'administration de la Quatrième république est toujours, en partie, en place.
Avant d'écrire un autre article sur le Venezuela, je vous conseille de vous y rendre et de rencontrer les gens qui ont été victimes des perquisitions, de la torture, les familles des militants bolivariens assassinés sur le Pont Llaguno et aux alentours du palais de Miraflores le 11 avril. Allez par exemple dans la communauté de Urachiche qui essaie tant bien que mal de récupérer des terres dans l'Etat de Yaracuy, dans la cadre du décret-loi des Terres. La loi leur a reconnu le droit d'occuper des terres en friche occupées illégalement depuis des années par une entreprise pour y développer un projet économique et social. Si le droit est avec eux, les autorités de l'"ancien régime" contrôlent encore cet Etat, ce qui explique les exactions de la police, les tortures, les disparitions, les agression à balles réelles dont ils sont victimes. Dites-moi où sont les "dérives autoritaristes" au Venezuela? Les leaders paysans de l'Etat de Zulia assassinés soutiennent la "Révolution bolivarienne" et c'est eux les victimes, tandis les Ortega (CTV), les médias privés, FEDECAMARAS (l'organisation patronale) continuent leurs manoeuvres de déstabilisation en toute impunité!
Je me rappelle les grands discours des médias français au lendemain du premier tour des présidentielles en avril dernier sur la sauvegarde de la démocratie. Qu'attendez-vous pour vous rendre compte que c'est la démocratie aussi qui est en jeu, en danger au Venezuela aujourd'hui, une démocratie à laquelle des millions de gens essaient de donner un contenu de fond, une démocratie qui ne se construira pas grâce à Chavez, mais grâce aux gens, aux millions de Vénézuéliens qui s'organisent actuellement, qui discutent, qui participent et qui soutiennent de manière critique le président qu'ils ont élu.
Merci de m'avoir lu.
Frédéric Lévêque
Bruxelles
Venezuela -et Libé by pnina Wednesday October 16, 2002 at 06:41 PM |
gobarbe @club-internet .fr |
De la part de Libération on peut s'attendre à tout .
Depuis deux ans ce journal traite la question Palestinienne en donnant à ses articles les titres préconisés par la propagande des forces armées israelienne :ne pas faire de la peine à Sharon . Tout aussi faux-cul avec Bush et sa croisade anti-irakienne :il faut comprendre que Saddam est dangereux .
Libération vaut-il encore que l'on s'addresse à lui :Il a la même conception de la démocratie ,du bien et du mal que Bush . Alors rien d'étonnant dans son traitement du Venezuela et Chavez mal aimés de Bush. Laissez tomber ce journal réactionnaire -plus que le Figaro
Pnina