arch/ive/ief (2000 - 2005)

chouette, la vie en Palestine et à Hébron
by R.B. Saturday October 12, 2002 at 10:57 AM

La chouette vie des Palestiniens...

Jadis, on avait des repères !

De 67 à 91, il y avait

- les territoires occupés (y compris Jérusalem)

- au milieu desquels les colonies,

- et Israël.

En 1991 il y a eu les barrages autour de Jérusalem, on comptait donc

- Jérusalem

- le reste des territoires occupés,

- toujours plus de colonies,

- et Israël.

Après 1993, et jusqu‚en mars 2002, il y a eu

- Jérusalem s‚agrandissant sans cesse,

- les zones A

- les zones B

- les zones C

- et, à Hébron H1 et H2

- puis encore plus de colonies,

- et Israël.

Depuis, il y a eu la réoccupation des zones A -de ce fait effacées- les B et C servant de parkings, casernements, terrains d‚entraînement etc. aux forces israéliennes qui allaient ou avaient déjà réoccupé les zones A et n‚avaient pas vraiment quitté les B et C...

Finalement, on arrive donc à s‚y reconnaître presque plus facilement puisque, tout compte fait, on en revient au point de départ : les territoires (re)occupés (y compris Jérusalem et ses faubourgs), les colonies, qui continuent de prospérer, et Israël.

Pour Hébron, c‚est un tout petit peu plus compliqué. On a vu qu‚il y avait donc H1 (zone autonome) et H2 (occupée par l‚armée du fait de la présence de colonies dans la vieille ville). Depuis l‚été 2001 il y a une zone que l‚on pourrait appeler H4 (ou H2 puissance 2) à l‚intérieur de H2<sum> C‚est tout simplement une zone militaire fermée à l‚intérieur de la zone occupée. Et puis, depuis la réoccupation en avril dernier, il y a ce que je nomme H3, c‚est à dire la zone qui se trouve à la jonction de H1 et H2, en débordant quand même un peu sur H1, faut pas exagérer<sum>. Vous me suivez ? Cette zone a la particularité d‚être la plus active d‚Hébron, là où les petits marchands de H2 viennent désormais s‚installer, là où il y a les stations de taxis, bref le centre commercial, le poumon de la ville. Imaginez-vous que cette zone peut se trouver sous couvre-feu sans que les autres ne le soient<sum> Une sorte de zone tampon, de zone sandwich<sum>

Ce matin par exemple, H1 et H2 n‚étaient pas soumises au couvre-feu mais cette H3 le fut à partir de onze heures et demie, les boutiques ont donc fermé, les taxis sont remontés vers H1, les gens qui voulaient rentrer dans H2 se sont dépêchés d‚y aller parce qu‚ils se doutaient bien qu‚eux aussi allaient encore entendre les soldats leur dire de rentrer chez eux !

Vous voyez ce que cela peut donner si vous habitez H4, que votre magasin est dans H2, vos enfants à l‚école dans H1 et votre femme à l‚hôpital dans H3.

Dans votre emploi du temps aussi vous pouvez goûter à la diversité: vous vous couchez sans couvre-feu, vous vous réveillez avec<sum> ou l‚inverse ! Peut-être, rationnel que vous êtes, allez-vous penser (mais nous est-il permis de penser ?) qu‚il est encore en vigueur puisque vous avez vu une jeep passer, eh bien non, il ne l‚est plus<sum>

Il faut donc se mettre bien en tête qu‚ici les choses peuvent n‚être ni tout à fait blanches ni tout à fait noires, elles peuvent varier du gris perle au gris anthracite en passant par le gris souris, le gris ardoise, le gris fer et le gris pommelé (pas d‚autre nuance dans le Robert). La preuve, on entend maintenant l‚expression « un peu de couvre-feu »<sum> D‚ailleurs, cette semaine fut « un peu » celle des quatre jeudis<sum> Lundi : grève générale, pas d‚école, mardi : école jusqu‚à midi puis couvre-feu, mercredi : école jusqu‚à 11h puis couvre-feu, jeudi : école aux horaires normaux puis couvre-feu , vendredi :couvre-feu, samedi : couvre-feu<sum>

La Palestine n‚est pas vraiment une île (quoique<sum>), pourtant l‚expression « naviguer à vue » s‚y applique fort bien. D‚ailleurs le soir on voit souvent des fusées éclairantes comme celles que lancent les marins en perdition. Mais ce sont les soldats qui les lancent, pas les Palestiniens<sum>

Chantal Abu Eisheh

Et maintenant : où tourner la tête ?

Vendredi matin 11 octobre.

Depuis mon retour de France il y a une dizaine de jours, j‚avais envie d‚écrire d‚abord à ceux que je n‚ai pas pu voir pour leur dire combien j‚ai été frustré (il n‚y a pas qu‚en Palestine qu‚on peut l‚être !) de ne pas les rencontrer, mais aussi à ceux que j‚ai vus pour leur dire combien j‚ai été touché par leurs actions de solidarité avec mon peuple.

Mais la visite de la vieille ville le lendemain de mon retour m‚a rendu tellement perplexe que je n‚ai plus eu envie d‚écrire<sum>Et puis ce matin les haut- parleurs de l‚armée qui sont en train de crier autour de la maison « mamnou al tajawal » (couvre-feu illimité 24h sur 24) m‚énervent tellement que finalement je m‚y mets ! Dire que le vendredi matin est le seul moment où nous débranchons le téléphone dans l‚espoir d‚une grasse matinée !

Hier après-midi jeudi nous avons entendu parler d‚un couvre-feu à partir de 14h. Il y en a tellement marre que j‚ai décidé d‚emmener quand même les enfants à l‚atelier de calligraphie prévu à 15h à l‚association. Le tout est de ne pas tomber sur une patrouille de l‚armée<sum> On y va donc. L‚atelier se déroule sans problème bien que l‚animateur ne soit pas très à l‚aise et il demande qu‚on arrête à 16h au lieu de 16h30 car il habite loin. OK ! A la fin de l‚atelier, les enfants demandent l‚autorisation de sortir sur le haut des marches. OK ! Ils veulent voir ce qui se passe dehors. Au bout de quelques minutes, ils sont rentrés en criant, effrayés : ils ont vu passer une patrouille de l‚armée (jeeps et petits camions blindés de transports de troupe à l‚intérieur desquels on ne peut même pas voir une tête), lorsque celle-ci est arrivée à leur hauteur un officier de l‚armée (on sait qu‚il s‚agit d‚un officier parce qu‚il est assis à côté du chauffeur) a subitement ouvert la portière de la jeep et leur a crié « rentrez, mamnou al tajawal ». Un des enfants qui était avec les miens m‚a dit que le soldat avait un bâton, ma fille croit que c‚était un fusil. Brahim (sans papier, mais comme ses parents et sa femme n‚arrêtent pas de prier pour lui, il a la baraka, il n‚a pas encore été contrôlé par l‚armée ! Il faut dire que les seuls déplacements qu‚il fait depuis deux ans se limitent aux trajets de chez lui à l‚association),notre prof de français, vient alors me voir en me demandant si on continue le cours<sum> Je réponds sans hésiter : OUI ! Et l‚adorable Brahim retourne à son cours avec un sourire qui signifie pour moi « s‚il arrive quoi que ce soit, c‚est toi le responsable<sum>

[pause : les enfants viennent me voir pendant que j‚écris ces lignes et me disent « tu entends le haut parleur : mamnou al tajawal ! Et c‚est quoi l‚explosion ? « Je n‚en sais rien, j‚ai déjà entendu ce bruit tout à l‚heure, je n‚y ai pas prêté attention. Il est 7h30. La radio d‚Israel en arabe diffuse : « la police israélienne va permettre aux plus de 40 ans de faire la prière du vendredi à la Mosquée Al Aqsa ». Pourquoi ne pas dire que le seul état démocratique du Proche-Orient interdit au moins de 40 ans d‚aller prier à Al Aqsa, dan la capitale unifiée et éternelle <sum> Ah <sum> Les médias israéliens maitrisent bien l‚art des bulletins d‚infos<sum>]

Vers 18h, toujours hier, alors qu‚il fait déjà nuit, je passe avec les enfants chez mon père. Je trouve un de mes frères en colère contre l‚un de ses chauffeurs de taxis dont il exigeait qu‚il retourne auprès de son véhicule pour attendre la patrouille de l‚armée qui lui avait confisqué ses clés parce qu‚il roulait pendant couvre-feu<sum> Le chauffeur avait abandonné le taxi et était rentré chez lui<sum> Que peut-il faire d‚autre ? Au moment où j‚écris, cela fait une vingtaine d‚heures que le taxi est au même endroit et mon frère à la recherche d‚un nouveau Neimann<sum>

Retour à la maison, coup d‚?il sur les infos à la télé locale et je comprends alors ce qu‚étaient les bruits entendus dans la matinée : 4 maisons détruites dans un rayon de 200 à 300 mètres de chez moi. Il semble qu‚elle ait été détruite parce qu‚habitée par un « terroriste » condamné à perpétuité<sum> Les trois autres avaient été construites sans permis de l‚état major de l‚armée de défense d‚Israel<sum> Au cours de la même journée 10 autres maisons ont été détruites dans le sud de la ville dont une qui abritait un petit élevage de vaches<sum> Je ne connais pas le prétexte<sum>

A propos de maisons : le lendemain de mon retour ici j‚étais super content qu‚il n‚y ait pas de couvre-feu. Je suis donc descendu dans la vieille ville et j‚ai alors été interpellé par tous les commerçants (enfin, ceux qui restent<sum>) à propos

- des maisons nouvellement occupées par des colons depuis trois semaines

- la fermeture de plusieurs passages entre les ruelles de la vieille ville

- enfin, l‚interdiction faite aux commerçants du « souk al laban » d‚ouvrir leurs magasins même quand il n‚y a pas de couvre-feu<sum>

Parfois ces commerçants s‚adressent à moi soit en tant qu‚avocat : « qu‚est ce qu‚on peut faire ? » soit en tant qu‚accompagnateur de visiteurs ou journalistes : « Où sont tes journalistes ? Pourquoi les media ne parlent pas de ce qui se passe ici ? Où est l‚opinion publique mondiale ? » soit, enfin, parce que j‚appartiens à l‚Autorité Palestinienne : « Que fait l‚Autorité pour nous protéger ? » Et les plus désespérés me lancent cyniquement : « où est-elle ta France ? <sum> ». En général ces derniers accompagnent leurs paroles de regards pleins de haine pour tout ce qui est étranger. Tout le monde est responsable de leurs malheurs<sum>

J‚avoue qu‚au bout d‚une demi-journée passée dans la vieille ville de mon enfance, je ressors habité d‚un sentiment d‚impuissance totale face au rouleau compresseur israélien<sum>

Anwar ABU EISHEH

Et ce n‚est pas tout<sum>

Samedi 12 octobre

Il y a encore des choses qu‚on ne vous a pas dites :

- les petits marchands de fruits et légumes en sont à leur quatrième déménagement : du souk de la vieille ville ils étaient remontés vers le nouveau centre ville (Bab El Zawyeh) , puis redescendus à la limite de H1 et H2 puis a nouveau à Bab El Zawyeh puis, à cause des tirs, à la Place des Morts (jadis Place de la Santé parce que proche du ministère de la santé et de la croix rouge <sum>qui a aussi déménagé<sum>). De ce fait la vieille ville est quasiment totalement maitrisée par les colons et presque vidée de ses habitants.

- l‚eau, dans certains quartiers, n‚arrive toujours qu‚une fois par mois au robinet . Heureusement que l‚hiver arrive !

- la dernière fois que nous avons eu du courrier, c‚était début août. Il semble q‚une grande partie du courrier en attente à Ramallah ait brulé pendant les derniers événements de la Muqataa

- plus personne ne croit à des élections, hors sujet !

- la permanente de l‚association dans le local de la vieille ville, une jeune femme francophone (sans papier<sum>) a baissé les bras et démissionné : trop de barrages à passer pour venir travailler

- les crises financières ne se comptent plus, y compris à l‚Université Al Quds (celle d‚Anwar) L‚administration n‚a pas pu tenir ses promesses, il y aura des grèves<sum>

- les déplacements entre villes et villages sont toujours impossibles en voiture et épiques en taxi collectif

- les gens qui ont faim sont de plus en plus nombreux : notre association va faire une distribution de bons alimentaires au début du Ramadan. C‚est à la demande de notre assistante sociale que j‚aborde ce point : elle m‚a conjuré de lancer un appel pour aider « ceux qui ont faim ». Elle a une liste de 500 familles et réclame au moins 100 shekels pour chacune d‚elles pendant Ramadan (1 • = 4,6 shekels environ)

Et malgré tout çà, nous continuons les activités pour les enfants et comptons faire des compte-rendus d‚activités mensuels qu‚on essayera de communiquer .

Pour finir sur un point positif : Nayla, l‚assistante sociale, veut vous faire savoir qu‚elle a réussi à placer, dans un centre pour enfants handicapés, deux handicapés mentaux qui étaient maintenus attachés au mur par leur père depuis presque deux ans<sum> C‚est grâce à l‚argent reçu par le système de parrainage de l‚Association France-Palestine Solidarité que cette solution a pu être trouvée. Nayla ira ce matin au centre spécialisé rendre visite aux enfants et distribuer à tous les pensionnaires quelques friandises de la part de l‚Association.

Chantal

R.B tu travailles pour quelle agence palestinienne??
by un vieil ami Saturday October 12, 2002 at 02:28 PM

R.B. pourquoi tu ne parles que du probleme palestinien et pas d'autre probleme comme le Tibet, la montée de l'antisémitisme en France ou encore plein d'autre sujet ( bien que le probleme au proche orient soit intéressant)????
La seule fois ou je t'es vu parler de l'antisémitisme c'étais pour dire qu'il n'y en avait pas et lorsque tu parle du judaisme ou tu traites les Juifs de Massada (ohh combien sacré chez les juifs) de terroriste.
De plus tu passes tes longues journées devant ton PC à nous bourrer le crane de propagande.
Il y a deux possibilitées:
1)soit tu es chomeur et que le peu d'argent que tu ais tu le dépence avec l'électricité de ton PC
2)soit tu es milliardaire et tu n'as que ça à faire
3)soit tu travails à PLEIN TEMPS pour une organisation palestinienne

Et alors?
by Ben Sunday October 13, 2002 at 12:05 PM

En quoi est-ce c'est pire d'appartenir à une organisation Palestinienne qu'à une secte Juive extremiste?

ouaaaaaaaaah Ben
by un vieil ami Sunday October 13, 2002 at 12:20 PM

On dérape là Ben, tu introduis la religion dans le débat.......surtout que quand je parle d'"agence palestinienne", je pense au "secte" négationniste, raciste et révisionniste. Le genre agence qui n'hésite pas à bourrer le crane de jeune palestinien pour qu'il aille se faire se faire sauter dans un resto, un arret de bus ou un centre commercial pour tuer le MAXIMUM d'enfants et d'enfant.