arch/ive/ief (2000 - 2005)

Communiqué des Piments Rouges: pour la libération de Pierre Carette
by Les Piments Rouges Friday October 11, 2002 at 02:02 PM

Rappel : Demain, samedi 12 octobre, rassemblement sur les marches du Palais de Justice de 10h (précises) à 11h pour la libération de Pierre Carette.

Emprisonné depuis 1985 et condamné à perpétuité suite aux actions menées par les Cellules Communistes Combattantes, Pierre Carette est libérable depuis sept ans (en Belgique, les détenus à perpétuité sont libérables après 10 ans pour les non-récidivistes et 14 ans pour les récidivistes ; Carette n'est pas récidiviste). Il passera pour la troisième fois devant la commission de libération d¹ici le mois prochain. Il est fort à craindre que sans une large mobilisation, la décision de cette commission soit à nouveau arbitrairement négative. En effet, Carette satisfait à toutes les conditions légales d'une libération (il se conduit comme un prisonnier modèle, il dispose déjà d'un logement, un employeur est prêt à l'engager à sa sortie, etc.). Il refuse juste ­ à l'instar de ses camarades libérés deux ans plus tôt ­ les conditions politiques qu'on lui impose : renier ses convictions communistes et renoncer à fréquenter des réunions politiques.

La prolongation de son incarcération tout comme les conditions exceptionnelles de sa détention (privé de visite, courriers ouverts et photocopiés,...) ont un caractère ostensiblement politique. Il semblerait que dans nos démocraties libérales, le caractère politique d'un délit soit une circonstance aggravante. Tout démocrate devrait s'en indigner indépendamment de ce qu'il pense du combat de Pierre Carette pour lequel il a déjà purgé sa peine depuis longtemps.

Si la justice s'¹acharne sur Pierre Carette, révélant par là sa nature de classe, c¹est parce qu'il a osé tenté de remettre en question le système capitaliste. Cet acharnement s'inscrit dans un contexte actuel de répression accrue des mouvements sociaux et des luttes politiques. Il risque de créér un précédent que nous ne pouvons accepter passivement, dont nous serons peut-être victimes demain. Tout ceux qui refusent et contestent le système capitaliste et les ravages économiques, politiques, culturels et écologiques qu'il impose au monde entier, devraient se sentir concernés et répondre à ces menaces par la solidarité.

Quelles que soient les divergences de sensibilités politiques et stratégiques au sein du mouvement anti-capitaliste, nous devons faire front face à la répression et la criminalisation des luttes qui visent à discréditer ces luttes, dissuader la population de les rejoindre et diviser leurs militants. S'il y a bien un terrain sur lequel nous pouvons mettre nos dissensions entre parenthèse, c'est celui de la solidarité face à la répression. C'est dans cette optique qu¹une campagne unitaire de soutien aux inculpés des manifestations de Laeken avait été entreprise.

S'associer ­ comme ont décidé de le faire Les Piments Rouges - à la campagne menée par le Secours Rouge pour la libération de Pierre Carette, n'implique nullement d'approuver la ligne adoptée par les C.C .C., encore moins de cautionner la regrettable mort de deux pompiers lors de l'attentat contre la FEB.

Les questions de l'illégalité, de l'utilisation de la violence et de la lutte armée peuvent susciter des débats entre forces progressistes et révolutionnaires. Celles-ci ne doivent, selon nous, pas être rejetées a priori, abstraitement, au nom de valeurs bourgeoises appartenant au système que l'on conteste. Elles doivent être réfléchies en fonction de la situation, de leur utilité et de leur efficacité. Outre le fait qu'elles doivent servir une cause émancipatrice, au moins deux conditions nous semblent requises pour recourir à ce type de stratégie :

1) réfléchir une économie de la violence utile, efficace et contrôlée. Le défi consiste à rendre son emploi optimum, c'est-à-dire limité aux seuls effets escomptés ; un minimum de violence, pour un maximum d'émancipation. Il importe donc de prendre toutes les précautions nécessaires afin d'éviter les victimes innocentes et toute forme de dérapage. Les actions effectuées par les C.C.C. nous semblaient aller dans ce sens. Dès leur premier attentat, elles ont signalé qu'elles s¹attaquaient au système capitaliste et impérialiste et feraient tout pour éviter de blesser ou tuer le peuple et les travailleurs. Elles avaient également pris ces précautions lors du regrettable accident de la rue des Sols (entre autre dû à un dysfonctionnement de la police) : attentat à 5h du matin, appels téléphoniques et jet de tracts annonçant l'explosion et demandant l'évacuation des lieux. Le jour même, un communiqué des C.C.C. déplorait le décès de ces deux travailleurs et adressait des condoléances à leurs proches.

2) bénéficier d¹un large soutien populaire et inscrire ces actions dans un mouvement plus large de contestation qu¹elles viendraient renforcer, attiser ou crédibiliser. Nous sommes nettement moins convaincus que les C.C.C. répondaient à cette condition.

Ceci peut faire l¹objet de discussions en vue d¹enrichir et renforcer le mouvement mais non en vue de nous diviser et affaiblir. Face à " l'ennemi ", nous devons choisir notre camps. S'opposant clairement à l'¹exploitation et luttant en faveur d'un système émancipateur, Pierre Carette est dans le nôtre. C¹est pourquoi, quoiqu'on pense de ses choix stratégiques, nous devons lui témoigner notre solidarité et exiger ­ ce 12 octobre ­ sa libération.


, Les Piments Rouges ,
Groupe de mobilisation pour une refondation communiste
et la création d¹un front unitaire radicalement anticapitaliste à Bruxelles.


Propriété intellectuelle
by François H Saturday October 12, 2002 at 02:25 PM
frhaidon@ibelgique.com

"1) réfléchir une économie de la violence utile, efficace et contrôlée. Le défi consiste à rendre son emploi optimum, c'est-à-dire limité aux seuls effets escomptés ; un minimum de violence, pour un maximum d'émancipation. Il importe donc de prendre toutes les précautions nécessaires afin d'éviter les victimes innocentes et toute forme de dérapage."
Faites attention, la "guerre propre" il y a peut-être déjà un copyright dessus!
Autrement, la façon dont vous employez les mots "peuple" et "travaileurs" me laisse rêveur. Les CCC ont buté des GENS, point barre. Quant aux condoléances des responsables, j'ai peur que les familles ne s'en branlassent furieusement, si vous me permettez. Prendre le risque de faire d'innocents les martyres de votre cause sans même leur demander leur avis, trouvez-vous cela défendable?
Et surtout, auriez-vous manifesté pour la libération d'un Papon, manifesterez-vous pour Dutroux ou dans un avenir de science-fiction pour les tueurs du Brabant Wallon?

L'illégalité légitime, d'accord! Mais le meurtre légitime, ça n'existe pas.

Qui plus est
by François H Sunday October 13, 2002 at 10:07 AM

Vu le climat actuel, 11 septembre et tout, c'est le meilleur moyen de susciter la répression: la Belgique n'a pas de "tradition terroriste" à proprement parler et la moindre victime ne ferait que resserrer l'étau, voir ce qui se passe en Espagne ces temps-ci. L'action violente, c'est risquer de vous mettre "le peuple" (je ne sais pas duquel vous parlez mais...) à dos...
J'attends toujours le jour ou des activistes envahiront le plateau du JT de RTL-TVI pour appeler les gens à jeter leur poste par la fenêtre, cramer leurs vêtements de marque et à prendre un livre. Là je serai le premier à applaudir. ;)