arch/ive/ief (2000 - 2005)

Après quelques détours et le contrôle d'un des véhicules à l'approche de la base, les Liégeois(es) ont abandonné leurs véhicules pour rejoindre le centre à pied. Pour 99% d'entre eux, c'était la première fois qu'ils/elles se rendaient à Kleine Brogel et pour une grande majorité, c'était la première fois qu'ils/elles allaient se faire arrêter.

La direction était assez simple. Après le meeting, il fut décidé par une grande partie du groupement de se constituer en un groupe d'affinités. Malheureusement, ce groupe devait cependant respecter certaines restrictions. En effet, les autorités avaient imposé une interdiction de rassemblement sur un périmètre entourant la base. Dès lors, il fallait, pour rejoindre la base, former des groupes de quatre personnes maximum séparés par un minimum de cinquante mètres. En cas de non-respect, les inspecteurs pouvaient être contraint à payer une amende de plus de mille euros. C'est ainsi que le groupe, au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la base, commençait à s'allonger sur des centaines de mètres malgré le nombre assez restreint de citoyens qui composaient la colonne liégeoise d'inspection.

Le groupe avait décidé de se rapprocher de la base en traversant bois, champs de maïs et prairies, bravant ainsi de nombreux obstacles allant des barbelés aux forces de l'ordre en passant par certains passages inondés. Au loin, on pouvait apercevoir parmi les vaches d'autres groupes d'affinités qui suivaient une voie parallèle à la nôtre et deux hélicoptères : un de la police fédérale et un autre de l'armée qui survolaient inlassablement les environs. Au hasard d'un chemin, nous avons même rencontré un journaliste du journal « de Morgen » qui sillonnait les environs sur des chemins de terre à la recherche d'allumés dans notre genre.

Après ce bivouac, nous nous sommes retrouvés au bord de la base (gardée par des militaires gentiment rangés tous les 5 mètres) sur une route où la police fédérale allait et venait et où de nombreux passants cherchaient un moyen de rentrer sur la base. Au loin, on pouvait apercevoir un groupe d'inspecteurs assis dans l'herbe bien entourés par l'armée.

Un peu plus loin, la police fédérale empêchait des manifestants qui se trouvaient hors de la base de partir. C'est à cet endroit que nous avons décidé de rentrer pour nous faire arrêter. Le nombre de militaire ne nous laissait pas beaucoup de chance de visite mais on n'était pas là pour faire du tourisme. Rapidement, quatre d'entre-nous ont passé la clôture pour se faire directement sauter dessus par quatre molosses. Les autres inspecteurs du groupe liégeois ont dû essayer plusieurs fois de sauter l'obstacle avant que la police fédérale ne s'agite et les empêche ainsi de rentrer. Pendant ce temps, les quatre premiers arrêtés ont eu l'immense joie de se faire lacérer les poignets avec des lanières colson et trois d'entre eux ont violemment été jetés à terre puis dans des ronces. Ils ont ensuite été encastrés dans une jeep pour rejoindre un bus. Hors de la base, un média-activiste de Liège, qui suivait avec un peu trop d'insistance l'attitude de la police fédérale avec sa caméra, s'est fait pourchasser par les « fédéraux » pour finalement se faire confisquer ses cassettes vidéos. Par la suite, c'est l'ensemble des inspecteurs qui se trouvaient aux abords de la base à cet endroit qui ont été rassemblés pour se faire arrêter (rejoignant, ainsi, les quatre autres qui étaient déjà dans le bus).

Après un petit tour en bus dans la base, les inspecteurs ont été amenés dans un des centres de détention. Ce centre était mis sur pied sur d'anciens terrains de tennis, il était à ciel ouvert et ne connaissait comme abri qu'une vulgaire et trop petite tente. Du moment de l'arrivée jusqu'au moment du départ, les inspecteurs sont restés près de six heures enfermés, tantôt sous la pluie, tantôt sous un ciel plus clément. Pour s'occuper, les prisonniers discutaient, jouaient aux cartes, à des jeux non compétitifs, au frisbee, ils chantaient… A chaque arrivée de nouveaux compagnons de cellule, le campement lançait une forte poussée d'acclamations. Les six heures passant, le grillage a même été ouvert de l'intérieur et, ensuite, refermé avec des lanières par les soldats. Le vent et la pluie faisant, le moment était loin d'être confortable mais c'est avec beaucoup d'imagination que les près de 500 prisonniers ont pris leur mal en patience. A partir de huit heure, les prisonniers ont commencé à quitter la base au compte-gouttes.

C'est scandaleux que la loi ne soit pas respectée en Belgique par ceux qui la font. L'ONU veut aller contrôler l'Irak pour des armes illégales alors qu'ici des armes illégales sont stoquées et qu'au lieu de punir les responsables, les autorités briment les citoyens honnêtes qui ne demandent qu'une chose: faire respecter la loi.
Je suis de tout coeur avec vous.