arch/ive/ief (2000 - 2005)

Elections législatives de 2003: Il faut une opposition de gauche!
by Comité National MAS/LSP Thursday October 03, 2002 at 11:56 PM

Déclaration du Comité national du MAS/LSP

Elections législatives de 2003: Il faut une opposition de gauche!

Nombreux sont les jeunes, les travailleurs et les gens des quartiers qui ont eu de bonnes raisons de protester depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement arc-en-ciel. Les journaux et la télévision ont alors fait de leur mieux pour cacher le vrai caractère de ce gouvernement; on l'a présenté comme "le gouvernement le plus à gauche possible en Belgique". Et les partis gouvernementaux ont pu, malgré les divergences d'opinion continuelles et les maladresses récurrentes, garder cette image tandis qu'ils continuaient à privatiser, à libéraliser et à couper dans les services essentiels. Même pendant la croissance économique des dernières années, les couches les plus défavorisées de ce pays n'ont pas vu leur sort s'améliorer. Le chômage avait baissé, c'est vrai, mais dans les derniers mois il a à nouveau remonté jusqu'au niveau de janvier 1997. Le gouvernement a distribué quelques miettes, mais ces miettes n'étaient là que pour accompagner des réformes structurelles dans le système de la sécurité sociale, dans les services publics, dans le statut fixe des fonctionnaires, dans les lois sur l'asile,…

Les nombreuses victimes de la politique gouvernementale ont fait entendre leur voix ces dernières années. Une partie d'entre elles l'ont fait par la lutte, par des campagnes,... Mais en Flandre une grande partie l'a fait en votant pour le Vlaams Blok. Dans une situation où les grands partis prônent tous la même politique néolibérale de démantèlement des acquis des travailleurs et des jeunes, le Vlaams Blok est vu comme le seul parti d'opposition. On ignore généralement que le Vlaams Blok est en réalité partisan de la même politique, mais en bien pire encore. Nombreux sont ceux qui ne votent pour le Vlaams Blok que pour "donner une leçon" aux partis établis, corrompus et arrogants. Du côté francophone, les partis soi-disant de gauche – PS et Ecolo – semblent mieux à même de maintenir leur crédibilité (électorale), mais une désillusion est à terme inévitable vu que ces partis sont eux aussi fondamentalement d'accord avec la logique des patrons.

Nombre de jeunes et de travailleurs sont descendus dans la rue l'année passée lors des manifs du mouvement antimondialisation. Les diverses formes du mécontentement présent dans la société – des syndicats, des organisations environnementales, des organisations pour la coopération au développement, des organisations socialistes, du mouvement pacifiste, des jeunes contre le démantèlement de l'enseignement, des organisations anti-racistes,… - y ont trouvé un point de convergence. A côté de ce mouvement large il y a aussi de nombreux comités actifs dans la lutte contre des entreprises ou des institutions locales. La même question se pose à tous: comment progresser? Et quid des élections qui approchent?

Le MAS/LSP en est convaincu: il n'y a qu'un type d'organisation qui puisse indiquer une issue favorable à ces couches larges qui font entendre (ou pas) leur mécontentement envers la situation politique, économique et sociale d'aujourd'hui, à savoir un parti ouvrier large qui puisse unifier et canaliser toutes ces luttes. Un parti ouvrier qui permette la discussion parmi de larges couches sur la stratégie à mettre en oeuvre contre les licenciements, les restructurations et les faillites, contre le démantèlement de la sécurité sociale pour laquelle nos parents et nos grands-parents se sont battus, contre le démantèlement des services publics,… En bref: contre la politique du patronat et de ses relais politiques. Un parti ouvrier large capable de s'engager dans la lutte pour une existence digne pour tous, pour des salaires et des allocations élevées, pour des services de qualité à la population, pour des logements décents, pour des soins de santé et un enseignement de qualité,…

Un tel parti serait un puissant levier pour tous ceux qui veulent lutter contre les effets du système. Il créerait les conditions d'une lutte collective et donc efficace. L'union fait la force – la division nous affaiblit. La seule raison pour laquelle on continue de répandre des idées racistes et sexistes, c'est pour diviser les travailleurs et les jeunes afin qu'ils ne sentent pas le pouvoir que la masse leur confère… et donc qu'ils ne l'utilisent pas.

Entretemps on ne peut pas rester les bras croisés. Un tel parti ne verra le jour qu'après que les larges masses des travailleurs et des jeunes auront mené des luttes importantes et en auront tiré les leçons. Il semble également exclu qu'un tel parti voie le jour tant qu'au moins une partie du mouvement syndical n'en voit pas la nécessité. Les directions des deux grands syndicats font entretemps tout ce qu'elles peuvent pour empêcher un tel processus. Les instances de la FGTB ont démarré une chasse aux sorcières contre ce qu'on appelle "l'extrême-gauche". En réalité ce n'est pas une lutte contre "l'extrême-gauche", mais une lutte contre tout ce qui est combatif et qui contrecarre la stratégie de la direction d'embrasser le pouvoir et de garder des liens avec la social-démocratie dans le gouvernement. Si l'ACV semble vouloir relâcher ses liens avec le CD&V, ce n'est que pour être dans une bonne position de négociation avec le SP.A et Agalev si d'aventure l'arc-en-ciel devait être reconduit. Il est clair que la direction actuelle des deux syndicats ne prendra pas l'initiative de lancer un tel parti.

Seul un parti ouvrier avec une base de masse peut vraiment changer la situation. Ça ne signifie cependant pas qu'on doive se laisser faire et qu'on doive accepter que lors des élections qui viennent on ne puisse voter que pour des partis avec un programme néolibéral assaisonné de "social" (PS), d'"écologie" (Ecolo) ou d' "éthique" (CDH) ou, en Flandre, pour le Vlaams Blok qui ne fait que cacher son programme anti-ouvrier sous une démagogie raciste.

Il n'y a aujourd'hui aucune grande force de gauche qui puisse se présenter comme une alternative aux prochaines élections . Malgré cela il faut que ceux qui sont déjà convaincus aujourd'hui de la nécessité d'une vraie opposition de gauche puissent faire entendre leur voix. C'est pour ça que le MAS/LSP présentera ses propres listes là où il en a la force. Ces listes seront ouvertes à des individus et/ou à des organisations qui soutiennent nos idées de base sur la situation politique en Belgique – sur la nécessité d'un nouveau parti des travailleurs – mais qui ne veulent pas encore rejoindre le MAS/LSP.

Nous pensons que c'est notre devoir de mettre en avant une alternative, non seulement dans les élections, mais aussi dans la rue. Si les conditions ne sont pas encore prêtes pour le faire ensemble avec d'autres, nous allons le faire avec nos propres forces. Notre premier objectif dans ces élections ne sera pas d'avoir un élu, mais bien de répandre nos idées socialistes et de réunir un groupe plus large de gens afin de pouvoir intervenir dans les luttes à venir.

Lors des dernières élections (communales), le MAS/LSP avait lancé un appel à la formation d'une Alliance de Gauche. Nous avions invité toutes les organisations de gauche du pays. Sauf à Gand, où nous avons constitué la liste Leef avec d'autres activistes et organisations de gauche, nous n'avons reçu aucune réaction positive ni sur le plan national ni sur le plan local. Les uns ont signifié une fin de non-recevoir parce qu'ils voulaient y aller seul (PTB), d'autres parce qu'ils n'avaient pas encore rompu avec le SP/PS ou avec Agalev/Ecolo (entre autres le POS, qui a néanmoins participé à la liste Leef à Gand, mais aussi le KP et le PC).

S'il en va différemment aujourd'hui et que les autres envisagent sérieusement une collaboration afin de lancer une vraie liste de gauche, le MAS/LSP est prêt à en discuter. Nous sommes prêts à collaborer avec toutes les organisations socialistes qui ont rompu leurs liens avec la social-démocratie et/ou les Verts (ou qui n'en ont jamais eu), avec tous les individus qui pensent que les travailleurs et les jeunes doivent regagner leur indépendance politique envers les patrons et leurs valets dans les partis établis, avec tous ceux qui pensent que, si on doit certes mener une lutte acharnée contre le Vlaams Blok, on doit en même temps regagner une partie de ses électeurs à une alternative socialiste par une opposition active et vraiment de gauche contre la politique de droite actuelle.

S'il y a aujourd'hui assez d'organisations pour lancer une telle liste avec une base crédible, le MAS/LSP y participera. Le MAS/LSP pense que tous les individus et toutes les organisations de gauche ne peuvent que progresser en rassemblant leurs forces, pour autant que ça se fasse sur base d'un programme clair qui n'ait aucune illusion dans la social-démocratie et les Verts et qui tienne compte de la conscience des masses. La formulation d'un tel programme, de même que le nom que doit prendre cette liste, doivent être ouverts à la discussion.

Si une telle collaboration large - qui devrait rassem-bler au moins les organisations socialistes actuelles - devait s'avérer irréalisable pour les élections de 2003, le MAS/LSP présentera ses propres listes sous son propre nom partout où il sera capable de le faire.

pourquoi voter?
by michel Friday October 04, 2002 at 01:25 PM

et pourquoi pas une oppositions au élections? difficile de "ne pas avoir d'illusions sur la social-démocratie" tout en en acceptant les principes de bases et en y participant...contradiction?

C'est quoi un grand parti ouvrier?
by Janovitch Friday October 04, 2002 at 02:52 PM

C'est vrai ça, finalement, c'est quoi un grand parti ouvrier?

1. Un parti:
C'est clair, un parti, c'est pour se présenter aux élections, briguer des mandats et pourquoi pas, en obtenir... Alors, quand on se prétend révolutionnaire communiste, comme le fait le MAS (qui se veut être un mouvement), est-ce opportun, voire légitime de se présenter aujourd'hui aux élections?
Je l'avoue, je n'ai pas de réponse arrêtée à ce sujet.

Soit on considère la démocratie représentative et gouvernementale, version actuelle, comme un produit du capitalisme, uniquement voué à le servir, et inconciliable avec une société communiste. Et alors on ne rentre pas dans le jeu du pouvoir pour ne pas se brûler les ailes.

Soit, on considère que le système politique offre suffisament d'opportunités pour le transformer de l'intérieur, et on s'y engage.

Ces deux positions ne sont, par ailleurs, pas complètement inconciliable. Avec une position du type "en attendant mieux (ndlr: la révolution), ne laissons pas le terrain libre aux adversaire", on y arrive presque.

Dans tous les cas, les MAS devra clarifier sa position à ce propos.

2. Un (grand) parti ouvrier:

Là, je suis dubitatif. Moi qui ne suis pas ouvrier, de ce fait, je me sens un peu exclu du sujet. Quoi,une révolution sans moi et des milliers d'autres? Merci beaucoup pour l'attention.

Non vraiment, cette qualification ne me paraît pas correspondre à la réalité sociale. Les opprimés, les aliénés ne sont pas seulement les ouvriers
Il faut être attentif aux pouvoirs des mots.

A moins que tout ceci ne soit très clair. Remplacer la domination d'une classe par celle d'une autre. Non merci!


Allez, bon w-e.

Janovitch

Gauche politicienne: le grand bond en arrière
by Anarchie Friday October 04, 2002 at 04:30 PM

Ni capitalisme d'etat ni capitalisme privé.