arch/ive/ief (2000 - 2005)

Contre la guerre qui vient
by David Dessers Friday September 27, 2002 at 03:55 PM
29 rue plantin 1070 Bruxelles

Tout qui a entendu le discours de Bush devant les Nations Unies le 12 septembre a compris la seule conclusion qui en découle : la guerre vient. Bush emploie un vieux truc : in extremis, formuler encore quelques revendications... dont il sait qu'elles ne seront pas satisfaites. Quelle attitude prendra le gouvernement belge?

Sous la houlette de G.W. Bush, fils de son père, le budget militaire des Etats-Unis atteindra l'an prochain le montant astronomique de... 379 milliards de dollars. C'est-à-dire à peu près autant qu'au plus fort de la guerre du Vietnam, en 1967. Une comparaison qui en dit long...

Ce budget militaire a commencé à croître déjà sous la présidence de Clinton, mais il a fait un bond en avant spectaculaire après les attentats du 11 septembre. Il est clair que les Etats Unis tirent prétexte de ceux-ci pour avancer sans entraves. Tous les « Etats voyous », ces régimes avec lesquels Washington veut en découdre, sont dans le collimateur de Bush, sous le même prétexte : la « lutte contre le terrorisme ».

L'argumentation de Bush mérite qu'on s'y attarde un peu. Il prétend, entre autres, que Saddam doit être renversé parce qu'il refuse de se conformer aux résolutions des Nations Unies. Or, les Etats Unis ne font rien d'autre que boycotter les Nations Unies, ces dernières années. La guerre au Kosovo a été décidée sans mandat de l'ONU, sans respect du droit international. L'idée d'une cour internationale de justice est combattue vigoureusement par les Etats Unis. Bush est resté spectaculairement absent du récent sommet de l'environnement à Johannesburg, etc. En disant cela, nous ne justifions en rien les Nations Unies et leur action : nous mettons seulement en évidence l'hypocrisie du président américain.

Les mensonges et l'hypocrisie sont clairs comme de l'eau de roche dans cette affaire. Cela fait des années et des années qu'Israël, grand allié des Etats Unis dans la région, ignore délibérément les multiples résolutions des Nations Unies, notamment sur l'évacuation des territoires occupés en 1967. Ce mépris pour l'ONU n'empêche nullement les Etats Unis de porter à bout de bras les dépenses militaires de l'Etat sioniste.

Saddam est un « dictateur » est un autre argument des responsables américains. Mais le même qualificatif s'applique tout aussi bien au régime saoudien... Seulement, la monarchie saoudienne est un autre grand allié de Washington.

« Le peuple irakien doit être libéré », disent aussi Bush et ses lieutenants. Vous avez dit : libération des peuples ? Pourquoi ne pas commencer par le peuple palestinien qui endure une oppression insupportable depuis si longtemps ? Ou par le peuple kurde, opprimé par l'allié turc des Etats Unis ?

Bref, tous ces « arguments » sont de pure circonstance. Ils font partie d'une gigantesque offensive de propagande dont le but est de préparer les esprits à l'idée que la guerre contre l'Irak est « nécessaire ».

Pas de soutien à Saddam, pas de soutien à Bush

Nous ne soutenons en rien le régime de Saddam Hussein. Oui, Saddam est un dictateur, qui exploite et opprime son peuple. Dans les prisons irakiennes les opposants politiques sont torturés. Des militants de gauche, syndicalistes et révolutionnaires, des communistes, sont poursuivis impitoyablement. Le ministère de l'information est digne de « Big Brother ». Saddam a épuisé son pays à travers une longue guerre contre l'Iran, son rival (guerre menée à l'époque avec le soutien des... Etats Unis). Il a bombardé la ville kurde de Halabja au gaz de combat, tuant quantité de civils de son propre pays. Certes, l'Irak pratique aussi l'enseignement et la médecine gratuits, mais cela ne suffit pas à en faire un régime présentable, et encore moins un régime « socialiste » : l'Irak est un pays capitaliste, et Saddam est le représentant d'une partie de la classe dominante.

Pour les Etats Unis, toute l'affaire tourne autour du pétrole, car l'Irak dispose de 60% des réserves mondiales de pétrole pour les cent prochaines années. Ils veulent se débarrasser de leur ex-allié Saddam parce que celui -ci, depuis la fin de la guerre Iran-Irak, ne danse plus comme ils sifflent et n'offre plus « son » pétrole en cadeau aux multinationales. Saddam est entré en conflit avec la CIA après que celle-ci l'ait « trahi ». Un ex- conseiller du président Carter a résumé les choses de la façon suivante : « Le véritable enjeu pour les Etats Unis consiste à faire du Golfe une région stable d'approvisionnement en pétrole, pétrole qui doit pouvoir être vendu à des prix raisonnables aux pays industrialisés d'Occident ». Plus clair que cela, tu meurs.

La guerre contre l'Irak n'est donc rien de plus qu'une aventure coloniale, une opération de pillage par la superpuissance capitaliste la plus forte au monde, avec le soutien de quelques alliés. Il va de soi que les organisations de gauche s'insurgent contre ce projet, car celui-ci implique en fait que tout gouvernement qui ne rampe pas devant l'impérialisme recevra un tapis de bombes sur la tête. Cette opposition n'a rien à voir avec un soutien à la politique de Saddam. Nous nous mobilisons contre cette guerre qui vient, parce qu'elle tuera une fois encore des milliers de civils innocents. D'ailleurs, la politique de Bush a renforcé la dictature de Saddam.

« To end the job"

En janvier 1991, Bush père avait lancé une première guerre contre l'Irak, après l'invasion du Koweit par les troupes de Saddam. Outre la poursuite d'objectifs matériels évidents, cette guerre avait aussi une fonction idéologique importante : il s'agissait de montrer la toute-puissance des Etats-Unis dans le « nouvel ordre mondial » créé par la chute du Mur de Berlin.

En 46 jours, 88.000 tonnes de bombes ont été déversées sur l'Irak, autant que sur l'Allemagne nazie au cours de la deuxième guerre mondiale. Les bombardements furent particulièrement violents, touchant aussi bien des objectifs militaires que des cibles industrielles et civiles. Les sources divergent quant au nombre de victimes : de 100.000 à 250.000.

Cette guerre du Golfe signifia aussi l'entrée en scène d'un nouveau type de conflit, avec un rôle majeur de l'aviation, très peu de victimes du côté des « alliés », une propagande énorme via les médias et l'emploi de termes nouveaux tels que « dégâts collatéraux » ou « bombardements chirurgicaux ».

Le « régime diabolique » de Saddam, avec sa soi-disant puissance militaire « redoutable », fut mis à genou en un mois. Mais la guerre a été suivie d'un embargo brutal, décrété par les Nations Unies. Cet embargo, qui est toujours d'application, a provoqué de très nombreuses victimes civiles, beaucoup plus que la guerre proprement dite. Un responsable onusien a démissionné de ses fonctions en accusant l'embargo d'être responsable de la mort de centaines de milliers d'enfants irakiens, privés de médicaments ou d'aliments en suffisance.

Mais Bush junior ne se contente pas de tout cela, de cet embargo terrible, de ces innocents assassinés. Il veut liquider le régime de Saddam Hussein, « to end the job » (finir le travail). Il se saisit pour cela du prétexte de la lutte anti-terroriste. Bush ne dissimule nullement qu'il souhaite installer à Bagdad un régime de marionnettes à sa solde, et il a déjà invité à Washington quelques « opposants » afin de discuter avec eux de l'après-Saddam.

Résistance anti-guerre

Dans combien de temps la guerre sera-t-elle déclenchée ? La réponse à cette question n'est pas évidente. Il est possible que les Nations Unies entrent encore une fois en piste pour un petit numéro préparatoire. Ce qui est certain, c'est que les revendications de Bush sont si élevées qu'elles ne peuvent pas être satisfaites. En résumé : si les Nations Unies ne parviennent pas à forcer un changement de régime par des moyens non-militaires, alors les USA useront de la force. Saddam doit tomber, rien d'autre ne satisfera Washington.

Face à cela, il s'agit, en Belgique comme ailleurs, de créer les conditions pour remettre sur pied un vaste mouvement anti-guerre., capable de planifier des actions et des manifestations contre la guerre... et contre le possible soutien du gouvernement belge à celle-ci. C'est pourquoi l'action « bomspotting » du 5 octobre à Kleine Brogel est un premier rendez-vous important. Une fois de plus, des centaines d'activistes franchiront les fils de la base militaire, pour mener une inspection civile. Le site abrite une dizaine de bombes atomiques B61, avec la bénédiction du gouvernement arc-en-ciel. Le POS appelle à participer à cette action. Mais il est clair que nous devons nous préparer à créer un mouvement anti-guerre plus vaste, pour réagir immédiatement en cas de guerre contre l'Irak.

Arc-en-ciel

Bush n'arrête pas de marquer des points auprès de ses « alliés ». Tony Blair est son partenaire fidèle chaque fois qu'il s'agit de s'en prendre à l'Irak. Le nouveau gouvernement de droite aux Pays-Bas a embrayé. Berlusconi et Aznar sont gagnés à la guerre également. Le vent de droite réactionnaire qui souffle en Europe pour le moment est tel que les autres pays pourraient bien rallier le camp des boute-feu. Officiellement, le point de vue du gouvernement belge est de tenter d'éviter la guerre. Mais, une fois placé devant les échéances, il est à craindre que la Belgique se range sagement parmi les alliés, comme d'habitude.

En 1991, les Verts s'étaient opposés à la guerre du Golfe. Mais beaucoup de choses ont changé en dix ans. Quel sera le discours d'Ecolo et Agalev? Diront-ils que la guerre contre l'Irak ne «mérite pas une crise gouvernementale » ? On peut le craindre, au vu de leur attitude face à la livraison d'armes au Népal.

Le 29 mai dernier, Olivier Deleuze, secrétaire d'Etat Ecolo, disait ceci au micro de Radio-campus (ULB), au sujet de la guerre en Afghanistan : « En Afghanistan s'était installé un régime composé de terroristes anti-démocrates, moyen-âgeux, extrêmement dangereux, et je n'ai pas de problèmes à chasser ces gens avec des bombardements. La raison pourquoi il s'agit de bombardements américains a à voir avec le fait que l'Europe n'a pas de capacité militaire. Je suis partisan du fait que l'Europe augmente rapidement sa capacité militaire, parce que je pense que cela nous rapprochera de la paix. Cela diminuera d'ailleurs aussi l'influence américaine ».

Avec de telles déclarations, les Verts sont déjà très avancés sur la voie d'un soutien de fait à la guerre contre l'Irak. N'en déplaise à Franz Lozie, qui, au cours de la même émission, déclarait qu'une attaque contre l'Irak se ferait « sans les Verts ».

Les "preuves" de l'implication de l'Irak dans 9-11
by yannindy Friday September 27, 2002 at 06:00 PM
yannindy@yahoo.fr

Ce cher Dubya (http://www.bush.con) nous en a encore trouvé une bonne.
Des prisonniers talibans de Guantanamo (tiens, on en est où, au niveau légal, là??) lui ont assuré avoir suivi des stages d'entraînement à la manipulation d'armes chimiques ... en Irak.
Quand cessera-t-il de nous prendre pour des cons??
Pourquoi essaie-t-il de sauver la face avec des mensonges aussi grossiers (et bien entendu invérifiables)?
De façon assez amusante, j'ai vu hier au journal un ex-responsable européen pour l'Irak. Il confirme que, lors d'un voyage en juillet passé à Bagdad, il a pu voir deux des sites mentionnés dans le rapport de Blair comme produisant des armes de destruction massive. Ca devait être des armes très efficaces, puisque les deux sites en question sont massivement détruits. je cite: "Quand une usine est détruite, elle ne peut plus rien produire".
Marrant qu'on en aie pas entendu plus parler..