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Un texte de Uri Avneri contre le meurtre de Arafat
by K Wednesday September 25, 2002 at 02:34 PM

Uri Avneri (Gush Shalom) explique pourquoi le meutre d'Arafat serait un crime de guerre et une erreur qui tuerait toutes les possibilités de paix.

Le meurtre d'Arafat
22 septembre 2002

par Uri Avnery

Pendant que j'écris, Yasser Arafat est encore vivant. Mais sa vie ne tient qu'à un fil.

Quand je lui ai rendu visite la dernière fois dans ses locaux de la Mouqata'a bombardés, je l'ai averti que Sharon était déterminé à le tuer.

Quiconque connaît Sharon sait qu'il ne renonce jamais. Quand il n'atteint pas son but la première fois, il essaie encore, encore et encore. Jamais, jamais il n'abandonne.

Déjà dans Beyrouth assiégé, au paroxysme de la guerre du Liban, Sharon a essayé de mettre la main sur lui. Des dizaines d'agents, la plupart membres des Phalanges, ratissaientles quartiers ouest pour l'attraper. Il leur a échappé, comme il a échappé à des dizaines de tentatives d'assassinat avant et après, par Abou Nidal (qui était, au moins pour une part, un mercenaire du Mossad) et d'autres.

Aujourd'hui, Sharon croit qu'il peut atteindre son but. Il n'a besoin que de l'approbation de Bush. Pas nécessairement une confirmation formelle. Une allusion subtile suffira. Un demi-mot. Un clin d'œil.

Il sera facile d'appliquer la décision. Un incident peut servir d'occasion : des soldats entrent dans le bureau pour capturer des personnes " recherchées ", quelqu'un ouvre le feu, Arafat sera tué " par accident ". Arafat peut sortir son pistolet, les soldats n'auront " pas d'autre alternative " que de répondre en tirant. Un obus peut atteindre son bureau " par erreur ", Arafat sera enterré sous les décombres. Après tout, dans une guerre, des accidents arrivent. Un tas d'accidents.

Sharon n'a jamais voulu " déporter " Arafat à Gaza ou ailleurs en ce monde. Il veut l'envoyer dans l'autre monde. Maintenant c'est possible.

Donc, il faut parler brutalement et sans équivoque :

Moralement, le meurtre d'Arafat, le chef historique et le président élu du peuple palestinien, est condamnable. Comme le meurtre de Rabin.

Juridiquement, le meurtre d'Arafat est un crime de guerre.

Politiquement, on dira à propos du meurtre d'Arafat ce qu'a dit un homme d'État français à propos d'un autre assassinat politique : " C'est pire qu'un crime, c'est une faute ! "

Arafat est l'homme qui a décidé, il y a 28 ans, de s'engager sur la voie d'un accord avec Israël, pour réaliser de cette façon les aspirations nationales du peuple palestinien. A l'époque, c'était une décision incroyablement audacieuse, et il a fallu beaucoup de temps avant que Rabin et Peres puissent même rêver d'Oslo. Je le sais, parce que j'ai été un témoin oculaire des débuts du processus.

Depuis lors, Arafat n'a pas changé d'un iota la décision qu'il a prise à ce moment-là : rechercher la conciliation avec Israël dans le cadre d'une paix qui comprendra un État palestinien indépendant, le retour à la frontière d'avant 1967 avec des ajustements mutuellement acceptés, Jérusalem capitale des deux États, retrait des colons, dispositions appropriées sur la sécurité, une solution mutuellement acceptée du problème des réfugiés.

Sur cette base, la paix est possible dès à présent. Immédiatement. Mais Sharon la refuse de toutes ses forces. Il veut un Grand Israël, l'extension des colonies, et, éventuellement, l'élimination de la présence palestinienne à l'ouest du Jourdain.

L'assertion d'Ehud Barak selon laquelle Arafat a rejeté son plan de paix est un mensonge flagrant qui a été la cause d'un désastre historique. Les " offres généreuses " de Barak étaient loin d'être une solution raisonnable.

Maintenant, comme avant, Arafat est la seule personne capable de signer un accord de paix et de convaincre son peuple de l'accepter et de l'appliquer. Aucun autre dirigeant palestinien en mesure de réaliser cela n'apparaît à l'horizon. La direction du peuple palestinien ne passera pas dans les mains des " modérés ", qui apparaîtront comme des collaborateurs et des complices du meurtre, mais dans les mains des extrémistes, des fanatiques assoiffés de revanche.

Le meurtre d'Arafat est le meurtre de toutes les chances de paix.

C'est un crime contre le peuple israélien. Il nous condamnera à faire la guerre pendant des décennies, peut-être pour des générations, peut-être pour toujours. Le déclin moral, social et économique dont nous faisons l'expérience actuellement partout en Israël enfoncera Israël vers de nouvelles profondeurs et poussera beaucoup de gens à l'émigration.

Arafat mort deviendra un héros de légende pour son peuple et un nouveau Che Guevara pour le monde. Ses erreurs seront oubliées. Pour des générations de Palestiniens, il deviendra un modèle. Des centaines de millions d'Arabes et de musulmans, du Maroc à l'Indonésie, compareront leurs propres dirigeants à Arafat mort, et la comparaison sera fatale.

Aux yeux de ces centaines de millions, Israël et les Juifs deviendront synonyme de trahison, meurtre et mensonge. Le poison de l'antisémitisme refleurira comme jamais. Nous en avons déjà un petit avant-goût.

Si ce désastre se produit, le gouvernement en portera la responsabilité. Aucun ministre n'en sera exonéré. Ni Ben Eliezer, ni Peres, ni aucun de leurs collègues. Ni les officiers de l'armée qui ont coopéré avec la direction politique et l'ont même influencée. Ni les membres de la Knesset, qu'ils appartiennent à la coalition ou à l'opposition, qui se sont tus au cours des derniers mois. Ni les correspondants et les commentateurs des médias, qui se sont transformés en porte-parole du gouvernement et de l'armée. Ni les universitaires et autres intellectuels, qui ont vu et sont restés silencieux. Tous porteront la responsabilité.

C'est la dernière minute pour se lever et crier : NON !

[ Traduit de l'anglais - RM/SW ]

Uri Avnery

P.S. Le texte anglais de cet article, The Murder of Arafat, peut être consulté sur le site de Gush Shalom : http://www.gush-shalom.org/

Uri Avnery est moins désespéré que moi
by R.B Wednesday September 25, 2002 at 02:51 PM

Sharon a déjà obtenu ce qu'il voulait : neutraliser complètement Arafat, tout en expliquant qu'Arafat est le chef des terroristes
Sa haine d'Arafat fait qu'il n'a qu'une envie : une "bavure" au cours de laquelle Arafat serait tué.
Calcul d'un vieux militaire et militariste imbécile, confit dans sa haine de l'autre et son goût de la tuerie (relisez les hauts faits de sa glorieuse carrrière : il n'y a pas que Sabra & chatila, il y a aussi toutes les exactions commises par l'Unité 101, création de Sharon, et autres.
Qui nous expliquera l'âme tortueuse de Sharon, ce vieux buveur de bière, menteur (cf Robert Malley et autres) et empereur des tueurs en série ?
Freud disait d'un de ses patients "Il n'a pas d'inconscient"
De Sharon il pourrait ajouter "Et il n'a pas d'âme non plus".
Personnellement, je pense que le pire est déjà en marche par la grâce de Sharon et de Bush
PS : si vous avez l'occasion de lire "Maudite soit ta source" d'Olivier Da lage et Jean-Paul Riondet, Ed. Michalon, faites-le : vous risquez de comprendre quelque chose